Selon le « Fonds mondial pour la vie sauvage » (WWF), le plus rare dauphin marin du monde, le dauphin de Maui (Cephalorhynchus hectori maui), est menacé d’une extinction imminente si des mesures ne sont pas adoptées de toute urgence pour le protéger.
L’organisation non gouvernementale a lancé cette semaine une campagne baptisée « The Last 55 » pour appeler le gouvernement néo-zélandais à suivre les recommandations des experts internationaux et à interdire totalement la pêche au filet et au chalut le long des côtes de l’île du Nord où vivent ces cétacés.
Sous-espèce du dauphin d’Hector endémique à la Nouvelle-Zélande, le dauphin de Maui est classé en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
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Petits cétacés au corps trapu sans bec distinct, les dauphins d’Hector et de Maui sont notamment identifiables à leur aileron dorsal arrondi en forme de goutte. Ils sont souvent considérés comme les plus petits dauphins au monde. Chez la sous-espèce de l’île du Nord, les femelles atteignent 1,7 mètre de long et pèsent jusqu'à 50 kilos. Les mâles sont un peu moins longs et plus légers (photo Department of Conservation, New Zealand).
« Il est grand temps d’exiger que nos dirigeants politiques prennent les mesures nécessaires pour sauver ces animaux précieux », vient de déclarer Chris Howe, directeur exécutif du WWF pour la Nouvelle-Zélande. Datant de 2012, le dernier recensement du Département de la Conservation du gouvernement néo-zélandais évalue la population de dauphins de Maui adultes à seulement 55 individus. «Au rythme actuel, les musées seront bientôt les seuls endroits où les générations futures pourront admirer ces mammifères marins. »
Rapports d’experts
«Le comité scientifique de la commission baleinière internationale (CBI) dispose désormais d’éléments prouvant que les mesures limitées de protection annoncées l'an dernier par le gouvernement s’avèrent insuffisantes et n’empêcheront pas la disparition du dauphin de Maui », a renchérit M. How .
Intitulée Comblerles lacunes de la politique de protection du dauphin le plus rare au monde, une étude du WWF a ainsi été examinée lors de la 65ème réunion du CBI qui a eu lieu du 12 au 24 mai en Slovénie. D’après ce document, si le gouvernement néo-zélandais a bien élargi la protection du dauphin de Maui, des zones entières de son aire de répartition restent non protégées. Pourtant le rarissime cétacé y est également menacé… Fort de ces informations, le comité scientifique doit rédiger un rapport qui sera officiellement présentéà la CBI lors de sa prochaine rencontre en septembre 2014.
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En bleu, l’aire de répartition du dauphin de Maui et, en rouge, les zones protégées par l’actuelle interdiction (document Wikipedia, Rudolph89).
Les ravages des filets et des chaluts
L’an dernier déjà, le comité avait admis que la mort d’un seul spécimen à cause de l’homme constituait une réelle menace d’extinction pour le dauphin de Maui. En 2012, un groupe d'experts du gouvernement néo-zélandais avait estimé que cinq dauphins étaient tués chaque année à cause de la pêche au filet ou au chalut. La CBI avait alors recommandé une protection intégrale de l’île du Nord pour ces deux pratiques halieutiques. Mais en juin 2012, le gouvernement néo-zélandais avait annoncé la mise en place de mesures de protection, lesquelles se sont donc révélées insuffisantes.
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Les filets de pêche constituent des pièges mortels pour les dauphins (photo Department of Conservation, New Zealand).
Aujourd’hui, la pêche se pratique toujours dans plusieurs secteurs de l’île du Nord, notamment sur la côte ouest et à l’intérieur des différents ports. Or les scientifiques estiment qu’environ 95% des décès accidentels de dauphins du Maui sont provoqués par des filets ou des chaluts dans lesquels les dauphins s’empêtrent et se noient.
Le dauphin de Maui vit généralement en petits groupes près des côtes, dans des eaux ne dépassant pas 20 mètres de profondeur, même s’il évolue aussi plus au large. Auparavant considéré comme le dauphin d’Hector de l’île du Nord, le dauphin de Maui a été reconnu comme sous-espèce en 2002 sur la base d’analyses génétiques et morphologiques. Les chercheurs pensaient alors que les eaux profondes du détroit séparant les deux principales îles de l’archipel néo-zélandais - les îles du Nord et du Sud - constituaient depuis quelque 15.000 ans une barrière entre la sous-espèce septentrionale de Maui et celle méridionale d’Hector (Cephalorhynchus hectori hectori). Or, en 2012, des analyses effectuées sur des échantillons de tissus prélevés sur des spécimens évoluant dans l’aire de répartition du dauphin de Maui ont démenti cette hypothèse. Pour autant, aucun croisement entre les deux sous-espèces n’a été prouvéà ce jour.
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La longévité du dauphin de Maui atteint une vingtaine d’années (photo Department of Conservation, New Zealand).
Souhaitant associer les communautés de pêcheurs à la protection du dauphin par la mise en place de techniques de pêche plus respectueuses du dauphin, le WWF prône donc l’interdiction de la pêche au filet et au chalut sur l’ensemble du territoire de l’île du Nord.
Sources : WWF, WANDREY R., Guide de mammifères marins du monde, Éditions Delachaux et Niestlé, 1999, 284 p., Wikipédia.