L'Aquarium de Géorgie (États-Unis) souhaite toujours importer dix-huit bélugas capturés à l’état sauvage en baie de Sakhaline dans la mer d'Okhotsk, au large de la côte est de la Russie. Aucun béluga (Delphinapterus leucas) né dans la nature n’a, semble-t-il, été importé aux États-Unis depuis plus de vingt ans.
En 2012, cet établissement, situé non loin du centre-ville d'Atlanta, avait demandé un permis d’importation auprès de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), déclenchant une tempête médiatique et une levée de boucliers chez certains militants des droits des animaux. Pendant l’enquête publique, la NOAA avait ainsi reçu 9.000 commentaires, dont beaucoup étaient opposés à l'importation. Par ailleurs, une pétition demandant le refus du permis avait recueilli quelque 76.000 signatures.
Le projet consistait à confier certains spécimens à d’autres parcs américains détenant déjà des bélugas. Ces spécimens ont été photographiés en janvier 2006 à Atlanta (photo Hohum).
En août 2013, l'agence américaine responsable de l'étude de l'océan et de l'atmosphère avait finalement rejeté la demande, arguant de son incapacitéàétablir si l'importation envisagée, à elle seule ou en lien avec d'autres activités, pouvait avoir un impact négatif significatif sur la population des bélugas de la mer d'Okhotsk. Par ailleurs, le refus de la NOAA aurait été motivé par le jeune âge de cinq spécimens. Âgés d’environ dix-huit mois au moment de la capture, ces derniers n’étaient potentiellement pas encore indépendants lors de la demande d’importation.
Le dossier a toutefois rebondi en octobre dernier lorsque l'aquarium a fait appel du jugement, estimant que la NOAA aurait été sur le point d’autoriser l’importation avant de revenir brutalement sur sa décision. L’aquarium souhaite désormais qu’une cour fédérale se prononce et exige la délivrance du permis d’importation.
Ce mercredi 20 août 2014, les responsables de l’aquarium devaient être entendus lors d’une brève audience à la Cour fédérale du district nord de la Géorgie afin d’obtenir vingt documents retenus par le NOAA.
Un béluga dans l’embouchure de la rivière Churchill, à proximité de la baie d’Hudson au Canada. L’aire de répartition de ce cétacé couvre l’ensemble des mers arctiques et subarctiques (photo Ansgar Walk).
Une espèce « quasi menacée »
« Nous souhaitons que les dossiers concernant toutes les réunions et les discussions ayant abouti à ce soudain revirement et à ce refus soient examinés par la justice », a déclaré un porte-parole de l’aquarium dont les dirigeants souhaitent également présenter trois documents qui, selon eux, auraient figuré dans le dossier mais n’auraient pas été examinés par la NOAA. Ces textes démontreraient que la population de bélugas de la baie de Sakhaline est en hausse.
Capturés par des pêcheurs russes -deux en juin 2006, onze en août-septembre 2010 puis cinq en juin 2011, les dix-huit bélugas se trouvent actuellement à la station russe de recherches sur les mammifères marins d’Utrish. L'Aquarium de Géorgie veut importer ces cétacés afin d’accroître la population captive nord-américaine à des fins de reproduction. Si elles étaient transférées en Amérique du Nord, les baleines blanches seraient réparties entre l'Aquarium de Géorgie, les trois parcs de SeaWorld à San Diego (Californie), San Antonio (Texas) et Orlando (Floride), le Shedd Aquarium de Chicago et le Mystic Aquarium du Connecticut.
Les bélugas adultes atteignent une longueur de 3,5 à 5,5 mètres pour les mâles. Leur taille est en moyenne supérieure de 25 % à celle des femelles qui mesurent entre 3 et 4,1 mètres. La masse des mâles oscille entre 1.100 et 1.600 kg, voire exceptionnellement davantage. Ici, en juillet 2005, des individus évoluant dans un bassin de l’Aquarium de Vancouver au Canada (photo Stan Shebs).
Le béluga est considéré comme « quasi menacé » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), statut attribué aux espèces proches de remplir les critères correspondant aux catégories du groupe « menacé » ou qui les rempliront probablement dans un proche avenir.
Selon un rapport du Réseau-Cétacés publié en décembre 2009, 31 bélugas étaient alors maintenus en captivité aux États-Unis et 43 au Canada, pays détenant la plus importante population captive au monde. Cette étude relevait la présence de 162 bélugas captifs dans 40 delphinariums situés dans 12 pays, précisant que 82 % de ces individus avaient été capturés à l'état sauvage, 18 % de la population ayant vu le jour en captivité.
Actuellement, seul un couple de bélugas, d’origine sauvage et provenant d’un parc argentin, vit en captivité en Europe occidentale, à l’Oceanogràfic de Valence en Espagne.
Pour découvrir le courrier du 5 août 2013 adressé par la NOAA à l’Aquarium de Géorgie et motivant le refus d’accorder le permis d’importation, cliquez sur le lien suivant :
http://www.nmfs.noaa.gov/pr/permits/sci_res_pdfs/17324_denial_letter_final.pd
Sources : Atlanta Business Chronicle, Atlanta Journal Constitution, Réseau-Cétacés, Sea Sheperd.