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Un retraité vendéen condamné pour avoir empoisonné des busards

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Jeudi 17 janvier 2013, le tribunal correctionnel des Sables d'Olonne (Vendée) a condamné un agriculteur retraité d’Angles à deux mois de prison avec sursis et 500 € d'amende pour avoir empoisonné des busards des roseaux (Circus aeruginosus). Ce rapace bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981. Il est notamment interdit de le détruire, le mutiler, le capturer et le perturber intentionnellement. De même est-il illégal  de détruire ou prélever ses œufs et ses nids ou encore d’altérer et dégrader son milieu. Pour sa défense, l’homme a expliqué vouloir protéger son élevage de canetons.

Des rats empoisonnés au carbofuran

En juillet 2011, des agents de l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) avaient constaté la présence de rats empoisonnés et de trois milans morts sur un terrain appartenant à cet homme, à Saint-Benoist-sur-Mer (85), dans le Marais poitevin. En mars 2012, le même retraité a de nouveau été contrôlé par les agents de l’ONCFS. Ceux-ci ont découvert sur sa propriété le cadavre d’un rat gris et ceux de deux busards des roseaux. Le prévenu a alors avoué qu’il utilisait des rats empoisonnés en guise d'appâts pour piéger les pies (Pica pica). Lesquelles, d'après lui, s’en prenaient à ses canetons. «Les oiseaux ne respectent pas les interdictions», a ironisé la présidente du tribunal.

BUSARD DES ROSEAUX

Un mâle busard des roseaux adulte en vol dans la région de Halle, dans l’est de l’Allemagne (Photo Wolfram Riech, www.wolframs-naturfotos.de).

Pour parvenir à ses fins, le retraité utilisait du carbofuran, un pesticide très toxique dont l'usage est proscrit en France depuis le 13 décembre 2008. Cet insecticide et nématicide a longtemps été employé par les agriculteurs afin d’éradiquer de nombreux insectes défoliateurs et fouisseurs s'attaquant aux cultures fruitières et maraîchères.

À la barre, l'homme a contesté le constat des agents et n’a reconnu qu'un seul milan détruit.

Une prédilection pour la côte atlantique

Rapace diurne également appelé busard harpaye, le busard des roseaux est la plus grande des trois espèces vivant en Europe occidentale où vivent aussi le busard cendré (Circus pygargus) et le busard Saint-Martin (Circus cyaneus). De taille moyenne avec de longues ailes et une grande queue, cet oiseau est aussi massif que la buse variable (Buteo buteo) dont il se distingue par sa tête et son corps, moins gros. La femelle présente un plumage brun avec une tache crème plus ou moins importante à l'avant de chaque aile. Le mâle arbore un plumage tricolore, brun sombre avec des ailes gris argent aux extrémités noires.

DESSIN BUSARDS DES ROSEAUX

Cette planche extraite de L'histoire naturelle des oiseaux d'Europe centrale de Johann Friedrich Naumann présente un mâle adulte au premier plan, un juvénile juste derrière et une femelle adulte au fond.

En France, son aire de répartition se trouve essentiellement sur la côte atlantique, de la pointe du Morbihan à la Gironde. Nichant généralement dans les grandes roselières, en bordure des lacs, des étangs et des grandes baies, ce rapace est ponctuellement présent dans le Nord, en région Centre et jusqu’en Lorraine et en Alsace, en passant par l’Ile-de-France. Quelques populations ont été recensées sur le cours de la Saône et sur la côte méditerranéenne. Le busard des roseaux peut aussi nicher dans les landes humides, les plantations de jeunes arbres voire les plaines cultivées en céréales. Il se nourrit de petits mammifères, de petits oiseaux, d’œufs, de poissons, de batraciens et d’insectes. Sa longévité est d’environ 8 ans pour les mâles contre 12 ans pour les femelles.

Deux sous-espèces sont aujourd'hui reconnues : celle dite d’Afrique du Nord (Circus aeruginosus harteri) et celle d’Asie orientale (Circus aeruginosus spilonotus) remplaçant la race nominale depuis le lac Baïkal et la Mongolie septentrionale.

La principale cause de destruction de certaines espèces sensibles

Le tribunal a estimé le prévenu coupable de pratiques portant atteinte au système écologique. La peine prononcée doit éviter qu'elles ne se reproduisent. Représentée par l'un de ses bénévoles, André Barzic, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) a obtenu 1000 € de dommages et intérêts et 100 € pour ses frais de justice. Pour préjudice et frais de justice, la Fédération de chasse locale, également partie civile, a obtenu 400 €.

Dans son communiqué, la LPO rappelle que l'empoisonnement constitue la première cause de destruction d'espèces sensibles comme le busard des roseaux.

Source : LPO, Ouest-France.


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