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Nausicaá : une tortue marine rejoint le futur « plus grand aquarium d’Europe »

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Depuis février 2013, Nausicaá, le Centre National de la Mer situéà Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), présente au public une jeune tortue caouanne (Caretta caretta). Née en captivité au Marineland d’Antibes (Var), cette tortue marine fait partie d’un programme de reproduction auquel participent diverses institutions zoologiques. Celles-ci accueillent de jeunes spécimens durant quelques mois, veillant ainsi sur les premières étapes de leur croissance.

CAOUANNE WASHINGTON

Tortue caouanne en captivité au «National Aquarium»de Washington, aux États-Unis (Photo Bachrach44).

Début décembre 2012, deux tortues caouannes ont ainsi rejoint l’Aquarium de La Rochelle. Océanopolis à Brest et le Seaquarium du Grau du Roi participent également à ce projet, baptisé«Mission Caretta» et initié en 2007 par le Marineland.

Retour à la nature au pied du Vésuve

Les jeunes tortues choisies pour ce programme doivent ensuite rejoindre une baie fermée à Naples, en Italie. Là, la Fondation Marineland et la Station zoologique Anton Dohrn de Naples (centre de sauvetage et de réhabilitation pour les tortues marines de Méditerranée) étudieront la possibilité d’une réintroduction de ces juvéniles en milieu naturel.

Selon les résultats de l’étude comportementale et sous réserve de l’obtention des autorisations réglementaires, les tortues  pourraient être relâchées en pleine mer après avoir étééquipées de balises. Ces dernières permettraient de suivre les déplacements, encore mal connus, de ces tortues subadultes en milieu naturel.

SITES DE NIDIFICATION DES TORTUES CAOUANNES

Sites de nidification des tortues caouannes en mer Méditerranée (Document Esculapio).

Parmi les questions suscitées par ce projet figure celle de l’éventuel lieu de ponte de ces tortues nées en captivité et réintroduites en milieu naturel. Se rendront-elles sur les plages du lieu de relâchers ou choisiront-elles d’autres sites et, si oui, pourquoi ?

Méduses et sacs plastiques

Classée «en danger», c'est-à-dire  confrontée à un risque très élevé d’extinction à l’état sauvage, par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), la tortue caouanne, parfois appelée tortue carette ou caret, reste toutefois la tortue marine la plus commune en Méditerranée et dans l’Atlantique ouest. Mesurant au maximum 1,15 m, la caouanne pèse une centaine de kilos, même si certains spécimens atteignent 160 kg. Les mâles se distinguent par leur queue plus longue et leurs grosses griffes. Cette espèce parviendrait à maturité sexuelle relativement tôt (vers 4 ou 5 ans) et peut vivre une cinquantaine d’années.

Peu pélagique, la caouanne est l’unique tortue marine nidifiant au-delà des zones tropicales. Voici quelques dizaines d’années, elle pondait encore sur les plages corses…

CAOUANNE JUVENILE

Tortue couanne tentant de gagner l'océan (Photo National Park Service).

Capable de conserver un température interne plus élevée que le milieu ambiant, la caouanne fréquente aussi des eaux froides. Certaines sources évoquent sa présence au-delà du 70e parallèle nord, dans la région de Mourmansk (Russie) ou vers le rio de la Plata, en Argentine.

Consommant à l’occasion des herbes marines et des algues, la caouanne est surtout carnivore. Elle se nourrit de mollusques, de crustacés, d’échinodermes, de coquillages, de poissons ou encore de méduses. Confondant ces dernières avec des sacs plastiques qu’elle ingère, la tortue caouanne est directement victime de la pollution des mers et des océans.

Lumières trompeuses

Elle souffre aussi des captures accidentelles dans les filets de pêche même si un dispositif d’exclusion des tortues permet désormais de limiter les pertes.

COUANNE FILET
Tortue caouanne échappant à un filet de pêche grâce au dispositif d’exclusion des tortues mis au point aux États-Unis (Photo U.S. National Oceanic and Atmospheric Administration).

Le tourisme constitue également une menace pour l’avenir de la tortue carette avec la destruction des sites de pontes ou la présence à proximité de sources lumineuses perturbant les nouveaux nés fraîchement éclos. Ces derniers se dirigent parfois vers les éclairages artificiels au lieu de rejoindre la mer.

Enfin, au Brésil notamment, les scientifiques ont constaté que la diminution des effectifs de tortues marines engendrait des hybridations de plus en plus fréquentes entre espèces. Ces hybrides étant fertiles, ils pourraient compromettre l’avenir des espèces actuelles de tortues marines.

« Le Louvre de la mer »

Depuis son ouverture le 18 mai 1991, le Centre National de la Mer, établissement public, a accueilli plus de 13 millions de visiteurs. L’an dernier, Nausicaá a de nouveau franchi le cap des 600.000 entrées, dépassant les prévisions fixées à 575.000 visiteurs pour 2012. En 2011, quelque 625.000 entrées avaient déjàété comptabilisées. De bon augure à l’heure où se profile le projet de Nausicaá IV, alias « Le Louvre de la mer » selon les termes de Daniel Percheron, actuel président du conseil régional du Pas-de-Calais.

NAUSICAA 02

(Photo Nausicaá).

Estiméà quelque 100 millions d'euros, ce chantier devrait débuter en 2014, pour une ouverture envisagée au printemps 2017. Selon Frédéric Cuvillier, président de la Communauté d'Agglomération du Boulonnais, Nausicaá deviendrait alors le premier aquarium d’Europe et le troisième au monde derrière Atlanta et Orlando (États-Unis) avec l’objectif d’un million de visiteurs par an.

Des raies aux bancs de sardines

Avant la prochaine ouverture des plis et la présentation des différents projets proposés par les cabinets d’architectes, les grandes lignes de Nausicaá IV ont déjàété dévoilées. L’emprise du site n’empiétera pas sur les jardins tout proches d’où entreront les visiteurs. L’extension se fera sur le parvis et le quai des paquebots (voir l’emplacement sur google map aux coordonnées suivantes : 50.730466,1.594335).

NANDI RAIE MANTA

Seules quatre institutions dans le monde présentent des raies manta géantes. Attrapée accidentellement dans un filet anti-requins au large de l'Afrique du Sud, «Nandi» a été confiée en 2088 le «Georgia Aquarium» d'Atlanta (USA). Depuis, trois autres spécimens l'y ont rejoint (Photo GrandDrake).


Pierre angulaire du projet, un aquarium de 10.000 à 12.000 m3 (soit près de 4 fois le volume minimal d’une piscine olympique) pourrait héberger des raies manta, des requins-marteaux et de plus petits poissons vivant en banc comme la sardine (Sardina pilchardus). Les espèces exactes de raies comme de requins-marteaux n’ont pas été précisées. Concernant les premières, il pourrait donc s’agir de raies manta résidentielles (Manta alfredi) mesurant jusqu’à 5,5 m d’envergure, voire de raies manta géantes (Manta birostris) atteignant jusqu’à 9 m d’envergure pour une masse de 3 tonnes. Quant aux requins-marteaux, la famille des Sphyrnidae compte 9 espèces, du  petit requin-marteau cornu (Sphyrna corona) au grand requin-marteau (Sphyrna mokarran) mesurant jusqu’à 5,5 m de long.

Bébés morses orphelins

L’autre grande nouveauté serait le bassin des morses (Odobenus rosmarus) d’un volume avoisinant 2.500 m3, soit l’équivalent d’une piscine olympique de 50 m. Il abriterait quatre ou cinq individus, des jeunes privés de leur mère, morte naturellement ou victime de la chasse. Le projet prévoit leur capture sur le territoire inuit en partenariat avec les habitants. Là encore, aucune précision n’a été fournie quant à la sous-espèce susceptible de rejoindre Nausicaá.

MALE MORSE DU PACIFIQUE

Jeunes mâles morses appartenant à la sous-espèce du Pacifique en mer de Béring (Photo U.S. Fish and Wildlife Service).

Les spécialistes distinguent en effet le morse de l’Atlantique (Odobenus rosmarusrosmarus) et le morse du Pacifique (Odobenus rosmarusdivergens), dont la taille moyenne est légèrement supérieure, le museau plus allongé et les défenses généralement plus longues. Le morse mâle mesure entre 2,70 et 3,60 m de long pour une masse oscillant entre 800 et 1 800 kg, certains individus de la sous-espèce Pacifique atteignant 2 tonnes. La taille des femelles adultes varie de 2,30 à 3,10 m. À ce jour, aucun morse n’a, semble-t-il, étéélevé en captivité dans un parc zoologique français.
En attendant Nausicaá IV, le Centre National de la Mer a entamé la refonte de l’espace des otaries de Californie ou lions de mer de Californie (Zalophus californianus). D’un montant de 700.000 euros, ces travaux permettront l'aménagement de 450 places de gradins couverts.

Sources : Nausicaá, Aquarium La Rochelle, Marineland, La Voix du Nord, La Semaine dans le Boulonnais.


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