Le tigre serait potentiellement éteint au Cambodge, ont annoncé mercredi 6 avril 2016 plusieurs organismes de protection de l’environnement, dévoilant par ailleurs un plan de réintroduction de l’espèce dans le pays.
Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), si les forêts sèches du royaume ont longtemps abrité de nombreux tigres d’Indochine, le braconnage de ces derniers et de leurs proies a presque réduit à néant le nombre de grands félins au Cambodge. La dernière observation remonte à 2007 avec le cliché d’un animal surpris par un piège photographique dans la province de Mondulkiri, frontalière du Vietnam.
« Désormais, le Cambodge n’abrite plus une population capable de se reproduire et les tigres doivent y être considérés comme fonctionnellement éteints », estime le WWF.
Au début des années 2010, les experts évoquaient la présence à l’état sauvage de quelque 350 tigres d’Indochine (Panthera tigris corbetti), dont une vingtaine au Cambodge. Cette sous-espèce est classée « en danger d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
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Spécimens présentés comme des tigres d’Indochine en captivité au jardin zoologique et botanique de Cincinnati, dans l’Ohio, aux États-Unis (photo Kabir Bakie).
Recherche tigres à relâcher
En mars 2016, les autorités cambodgiennes ont approuvé un programme de réintroduction dans la forêt protégée de Mondulkiri, à l’extrémité orientale du royaume. Celle-ci appartient à l’une des plus vastes zones de conservation d’Asie du Sud-Est englobant les sanctuaires de faune de Lumphat, de Phnom Prich et de Phnom Nam Lyr ainsi que le parc national vietnamien de Yok Don.
D’un montant estimé entre 20 et 50 millions de dollars - soit entre 17,5 et 44 millions d’euros, le projet prévoit de placer une partie de la forêt sous une surveillance renforcée contre les braconniers et de mettre en œuvre les mesures nécessaires à la sauvegarde des proies du félin.
« Une application insuffisante de la législation a conduit les tigres à l’extinction mais le gouvernement cambodgien a décidé de réagir », assure Suwanna Gauntlett au nom de l’organisation non gouvernementale Wildlife Alliance impliquée dans la protection de la faune et de la flore cambodgiennes.
« Nous envisageons de relâcher au départ deux mâles et cinq ou six femelles », précise Keo Omaliss, directeur du département de la faune et de la biodiversitéà l’Administration forestière du Cambodge.
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Ancien piège à tigre au Cambodge (coll. personnelle).
Des pourparlers auraient déjàété engagés avec l’Inde, la Thaïlande et la Malaisie pour réintroduire quelques individus originaires du milieu naturel. Toutefois, selon le groupe des spécialistes des félins de l’UICN (IUCN/SSC Cat SpecialistGroup), le tigre d’Indochine serait aujourd’hui présent uniquement en Birmanie, en Thaïlande, au Laos, au Vietnam et peut-être au sud-ouest de la Chine, mais ni en Inde ni en Malaisie…
Actuellement, de 3.200 à 3.600 tigres survivraient dans la nature sur notre planète. En 2010, leur nombre était estimé entre 2.154 et 3.150 individus. En novembre de cette année-là, lors du forum international pour la conservation du tigre organiséà Saint-Pétersbourg (Russie), les États hébergeant encore ces fascinants félins – l’Inde, le Bangladesh, le Népal, le Bhoutan, la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, le Vietnam, la Malaise, l’Indonésie, la Chine et la Russie - avaient lancé un plan pour doubler la population mondiale de tigres à l’horizon 2022.
À mi-chemin de cette échéance, les représentants de ces treize pays se réuniront du mardi 12 au jeudi 14 avril 2016 à New Delhi (Inde) pour débattre de cet objectif.
Sources : The Guardian, AFP, UICN.