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Channel: Biodiversité, faune & conservation
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Le sanctuaire des éléphants ne s’installera pas à Oradour-sur-Vayre

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L’achat du site convoité pour l’installation du premier « sanctuaire » pour éléphants en Europe à Oradour-sur-Vayre (87), dans le Limousin, n’a finalement pas eu lieu, a révélé mardi 1er septembre 2015 la lettre d’information d’Elephant Haven (www.elephanthaven.com).

Toutefois, selon cette source, le projet se poursuit (voir http://biofaune.canalblog.com/archives/2014/11/26/31022821.html). Ses responsables espèrent en effet pouvoir acquérir un autre terrain, toujours en Haute-Vienne mais « à un prix plus raisonnable ». « Il offrira davantage de possibilités dans l’avenir », assurent même les initiateurs d’Elephant Haven.


BIOFAUNE fête son 100.000ème visiteur

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Merci à vous tous ! Le blog BIOFAUNE fête aujourd’hui son 100.000ème visiteur. Afin d’établir des statistiques fiables, tous les accès effectués par une même personne durant une demi-heure sont attribués par l’hébergeur à un unique visiteur.

Aventure passionnante et enrichissante, la rédaction de ce blog - et de sa page Facebook associée - exige un réel investissement personnel. Votre soutien par vos consultations régulières - et par vos tweets, vos « like » et vos suggestions à aimer ce blog et sa page Facebook auprès de vos amis et connaissances - constitue une belle source de motivation. Encore un grand merci donc aux lectrices et lecteurs fidèles.

KOALAS

(Photo Ph. Aquilon)

Si ces 100.000 visites donnent envie de poursuivre l’aventure, d’autres « 100.000 » témoignent aussi de la nécessité d’informer des menaces planant sur l’avenir de la biodiversité et de notre planète à l’heure où la Terre connaît sa sixième extinction de masse, inédite par sa cause - les activités humaines - comme par son rythme effréné. Ces « 100.000 », et bien d’autres, donnent également envie de continuer.

100.000 : nombre de tigres vivant à l’état sauvage en Inde au début du XXème siècle. Ils sont  à peine 2.200 aujourd’hui.

100.000 : le nombre d’espèces animales procurant des services de pollinisation.

100.000 : le nombre d’éléphants massacrés en Afrique entre 2010 et 2012.

100.000 : le nombre de guépards vivant dans la nature en Afrique et en Asie au début du siècle dernier. Ils sont désormais environ 10.000.

100.000 : le nombre de requins piégés accidentellement chaque année dans les filets de pêche.

100.000 : le nombre maximum de koalas encore présents en Australie.

100.000 : le nombre d’espèces (faune et flore confondues) disparaissant désormais chaque année selon les estimations les plus inquiétantes…

Samedi 5 septembre 2015 : une journée pour défendre et protéger les vautours

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Faire (mieux) connaître les vautours et le rôle majeur joué par ces nécrophages dans la chaîne alimentaire, dénoncer les rumeurs sur ces rapaces, sensibiliser le grand public aux menaces planant sur ces oiseaux aux caractéristiques exceptionnelles, l’informer des programmes de réintroduction et des mesures de protection…

Organisée chaque premier samedi de septembre depuis 2009, la « Journée Internationale de sensibilisation aux vautours » revêt une importance toute particulière à l’heure où, en France, la présence des vautours fait l’objet d’une polémique lancée par des informations mensongères. Sorties et observations sur le terrain, conférences ou encore expositions doivent permettre de réhabiliter l’image des quatre espèces présentes dans le ciel français - les vautours fauve (Gyps fulvus) et moine (Aegypius monachus), le percnoptère (Neophron percnopterus) et le gypaète barbu (Gypaetus barbatus) - et de souligner l’intérêt des programmes de réintroduction.

JOURNEE INTERNATIONALE DE SENSIBILISATION AUX VAUTOURS

Deux géants fragiles

Grâce à 38 zoos et à cinq centres d'élevage européens, près de 235 gypaètes barbus ont été relâchés depuis 1986 dans les Alpes françaises, suisses, autrichiennes et italiennes, ainsi qu'en Andalousie et dans les Cévennes. Disparu du massif alpin français depuis les années 1930, le « casseur d’os » y a été réintroduit à partir de 1987, avec un premier relâcher sur la commune du Reposoir, en Haute-Savoie.

En 2014, la population de gypaètes barbus en France s’élevait à 53 couples, dont 39 dans les Pyrénées, 9 dans les Alpes et 5 en Corse. Depuis juin 2012, huit gypaètes ont été relâchés dans les Grands Causses avec l’espoir que ces jeunes oiseaux forment un noyau de population dans le Massif central et permettent des échanges entre les populations alpines et pyrénéennes.

GYPAETE BARBU

Gypaète barbu en captivité (photo Ph. Aquilon).

Avec une envergure atteignant jusqu’à 2,85 mètres, le vautour moine est - avec le gypaète - le plus grand rapace du Vieux Continent. En France, cette espèce a disparu au début du XXème siècle, l’ultime mention historique concernant un adulte tué en 1906 dans les gorges de la Jonte. Les premières réintroductions ont eu lieu en 1992 et, aujourd’hui, le nombre de vautours moines atteint 30 couples dans l’Hexagone. Avec un effectif estimé entre 1.700 et 1.900 couples, ce rapace reste l’un des plus menacés d’Europe. Très fragmentée, sa population s’étend du sud des Balkans à l’Espagne.

Du Maine-et-Loire aux gorges de la Jonte

Jadis présents dans toute la chaîne pyrénéenne, dans les Grands Causses et au sud des Alpes, les vautours fauves ont disparu de France entre 1920 et 1940, à l’exception de quelques spécimens survivant dans les Pyrénées occidentales. Les premières libérations réussies ont eu lieu en décembre 1981 dans les gorges de la Jonte. Grâce aux efforts de réintroduction, l’effectif total de l’espèce s’élève désormais à quelque 1.500 couples nicheurs.

VAUTOUR FAUVE

Vautour fauve à la réserve de la Haute-Touche, dans l’Indre, en avril 2015 (photo Ph. Aquilon).

Le vautour fauve bénéficie d’un studbook européen (ESB), c’est-à-dire le second niveau de programme d'élevage pour les espèces en danger, géré par le zoo espagnol de Jerez de la Frontera.

En 1983, le Bioparc de Doué-la-Fontaine (49) fut le premier établissement zoologique français à confier des oiseaux à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) à des fins de réintroduction. Cette année-là, un poussin né au Bioparc retrouvait  la liberté dans les Cévennes. Une trentaine de vautours fauves nés à Doué-la-Fontaine ont depuis été relâchés dans la nature. Cet automne 2015, un jeune spécimen de cinq mois dénommé Igloo rejoindra les montagnes de Bulgarie.

Le parc du Maine-et-Loire s’implique particulièrement dans la sauvegarde des vautours. En 1993, un premier vautour moine avait été réintroduit par le Bioparc dans les Grands Causses. Et dans quelques semaines, Imer sera le septième représentant de son espèce néà Doué-la-Fontaine à prendre son envol dans la nature.

VAUTOUR MOINE

Vautour moine au Bioparc de Doué-la-Fontaine en août 2015 (photo Ph. Aquilon).

Patrimoine pyrénéen

Parmi ses seize « Projets Nature », le Bioparc soutient également la conservation du percnoptère en France, où la population du plus petit vautour européen a connu un déclin important au siècle dernier, passant d’environ 175 couples en 1935 à moins de 40 en 1995. Depuis le début des années 2000, ses effectifs ont progressé lentement pour remonter à 92 couples en 2011. Néanmoins, sa présence reste faible et morcelée entre les Pyrénées-Atlantiques, abritant 45 % des couples répertoriés, et la région méditerranéenne, de l’Hérault aux Alpes-de-Haute-Provence. Avec une population estimée entre 10.000 et 15.000 individus en Europe, le percnoptère est classé« en danger » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

VAUTOUR PERCNOPTERE

Vautour percnoptère (photo Ph. Aquilon).

Comme l’ours ou l’isard, le percnoptère - ou Maria Blanca en béarnais - appartient au patrimoine pyrénéen. Ce vautour à la face jaune a ainsi donné son nom au célèbre col de Marie-Blanque, devenu un haut lieu du Tour de France.

Informations complémentaires sur cette « Journée Internationale de sensibilisation aux vautours » 2015 :

http://journee-vautours.lpo.fr  (en français)

http://www.vultureday.org/2015/index.php (en anglais).

Nés en captivité aux États-Unis, des crocodiles du Siam pourraient retourner dans la nature

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Fin août 2015, le zoo américain de Detroit a annoncé la prochaine réintroduction dans leur milieu naturel au Cambodge de dix jeunes crocodiles du Siam (Crocodylus siamensis), nés en captivité dans le parc animalier du Michigan. Une première mondiale selon le zoo nord-américain. En juillet 2015, les reptiles ont préalablement été transférés au St. Augustine Alligator Farm Zoological Park, en Floride, où ils devraient grandir durant plusieurs mois aux côtés d’un couple d’adultes avant leur envol pour l’Asie du Sud-Est.

« Nos efforts de conservation portent non seulement sur la reproduction des crocodiles du Siam en captivité mais aussi sur l’accroissement, grâce à des individus nés au zoo, de la faible population sauvage, avec l’espoir de sauver cette espèce de la disparition », a déclaré Scott Carter, directeur des Sciences de la vie à la Société zoologique de Detroit, aux médias locaux.

JEUNES CROCODILES DU SIAM AU ZOO DE ZURICH

Jeunes crocodiles du Siam en août 2005 au zoo de Zurich. Actuellement, le parc suisse n’élève plus cette espèce (photo Ph. Aquilon).

Aussi menacé que mal connu

Après avoir été présumé virtuellement éteint dans la nature en 1992, le crocodile du Siam a été classé depuis 1996 « en danger critique d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Dans l’ordre des crocodiliens, cette espèce est considérée la plus menacée au monde et l’une dont les mœurs restent parmi les moins connues. La disparition et la fragmentation de son habitat constituent, avec le braconnage et le ramassage illégal des œufs, les causes principales de la disparition de l’espèce. En l’espace de 75 ans, c’est-à-dire trois générations, sa population globale aurait chuté d’environ 80 %, essentiellement à cause de la chasse.

ST

Inauguré le 20 mai 1893, le St. Augustine Alligator Farm Zoological Park, établissement  situé sur la côte atlantique de la Floride, héberge les 23 espèces de crocodiliens actuellement reconnues (*) (photo Ebyabe).

Selon l’UICN, le nombre d’individus matures dans la nature serait inférieur à 1.000 spécimens. « Il subsiste environ 250 crocodiles du Siam à l’état sauvage », estime de son côté Patricia Janeway, la porte-parole du zoo de Detroit.

Des hybrides par milliers

En revanche, la situation est - en apparence - très différente en captivité. Certaines études mentionnent ainsi la présence de près d’un million d’individus dans des « fermes » asiatiques, situées en Thaïlande, au Cambodge et au Viêt Nam et, dans une moindre mesure, en Chine.

En Amérique du Nord, l’espèce bénéficie d’un programme d'élevage et de conservation - Species Survival Plan (SSP) - mené sous l’égide de l'association des zoos et des aquariums (AZA). Une quinzaine d’établissements zoologiques européens maintiennent également des crocodiles du Siam. Pour la première fois en France, trois spécimens originaires d'un centre d’élevage vietnamien ont été accueillis le 9 juillet 2015 à la Ferme des Crocodiles de Pierrelatte, dans la vallée du Rhône. Selon France Bleu, ces trois jeunes animaux ont été confiés au parc drômois par l’importateur, La Ferme tropicale.

CROCODILE DU SIAM EN THAILANDE

Spécimen présenté comme un crocodile du Siam dans un établissement zoologique situéà l’ouest de Bangkok, la capitale thaïlandaise (photo Rlevse).

Pourtant, la population captive asiatique est composée d’un très grand nombre d’individus issus de croisements avec les crocodiles marin (Crocodylus porosus) et de Cuba (C. rhombifer). La peau de ces hybrides, à la croissance plus rapide, possède en effet une qualité supérieure. Néanmoins, plus d’un millier de fermes au sud du Viêt Nam détiendraient de purs crocodiles du Siam.

Déjà réintroduit

Chez ce crocodile d’eau douce de taille moyenne, au large museau lisse et possédant une crête osseuse derrière chaque œil, la majorité des adultes n’excède pas 3 mètres de long. Les femelles ne dépassent généralement pas 2,50 mètres même si un spécimen de 3,30 mètres pour une masse de 150 kilos aurait été observé. Les plus grands mâles peuvent atteindre 4 mètres et peser jusqu’à 350 kilos.

En captivité, l’âge de maturité sexuelle se situerait entre 10 et 12 ans. Sans doute essentiellement piscivore, le régime alimentaire du crocodile du Siam se compose aussi de serpents, d’amphibiens, d’oiseaux et de petits mammifères.

CROCODILE DU SIAM AU ZOO DE JERUSALEM

Spécimen en captivité au zoo biblique de Jérusalem en juillet 2006. L’établissement israélien ne présente plus de crocodiles du Siam depuis 2010 (photo SuperJew).

Selon une étude sur la longévité des crocodiliens en captivité effectuée par Richard Weigl et publiée dans la revue International Zoo News, le plus vieux spécimen serait Wild Bill, un mâle achetéà un âge inconnu en 1965 par le Crandon Park Zoo de Key Biscane (Floride) au marchand d’animaux Charles « Bill » P. Chase. Ce crocodile a rejoint le Miama MetroZoo en 1981 lorsque l’établissement déménagea et s’installa sous ce nouveau nom dans le sud de la ville. Le 25 juillet 2001, Wild Bill fut transféré au Utah's Hogle Zoo à Salt Lake City où il vit toujours, après avoir engendré au moins 45 descendants depuis 1978.

À l’état sauvage, l’aire de répartition  de l’espèce se limite désormais au Cambodge, au Laos et à la Thaïlande. Entre décembre 2001 et mars 2004, 60 individus ont été relâchés dans la zone humide de Bau Sau, au sein du parc national vietnamien de Cat Tien. Selon des études menées en 2010-2011, le nombre de crocodiles aurait augmenté dans cette réserve de biosphère mais les reptiles seraient encore victimes des braconniers locaux. Par ailleurs, 20 crocodiles du Siam ont été réintroduits dans la nature en 2005 et 2006 dans le parc national de Pang Sida en Thaïlande. Enfin, une petite population survit dans la province indonésienne du Kalimantan oriental.

PARC NATIONAL DE CAT TIEN

Depuis le 4 août 2005, le parc national de Cát Tiên, où le crocodile du Siam a été réintroduit entre 2001 et 2004, est inscrit sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale (photo Vyacheslav Stepanyuchenko).

Annonce prématurée

À Detroit, les études génétiques ont confirmé la pureté des crocodiles du Siam détenus par le zoo. Début 2015, la femelle a pondu 22 œufs dans un nid qu’elle avait construit avec de la terre et des végétaux. La moitié d’entre eux ont alors été retirés et placés dans des incubateurs au Holden Reptile Conservation Center, l’espace du zoo dédié aux reptiles et abritant 70 espèces dont un cinquième menacé ou en danger dans la nature.

«Nous n’avons pas souhaité mettre tous nos œufs dans le même panier », explique M. Carter. « Artificiellement, nous pouvons maintenir la température, maîtriser le taux d’humidité et recréer les conditions présentes dans le nid durant la période d’incubation. »

TETE DE CROCODILE DU SIAM

Le nom scientifique de l’espèce fait référence au lieu de sa découverte, le royaume du Siam, devenu en 1939 celui de Thaïlande (photo Joxerra Aihartza / Free Art License).

Au-delà de son intérêt pour la conservation de l’espèce dans son milieu originel, le projet cambodgien revêt une dimension politique particulière, le crocodile du Siam étant un animal emblématique de la culture traditionnelle khmère.

Feu vert pour la reproduction

Pour l’heure, la date précise comme la zone du futur relâcher n’ont pas été dévoilées. Et pour cause. Le programme étant géré par le royaume du Cambodge et aucune décision formelle n’ayant été prise à ce jour, il n’est pas certain que les jeunes crocodiles envoyés au St. Augustine Alligator Farm Zoological Park rejoignent un jour ce pays. Ils pourraient être transférés dans d’autres États abritant des crocodiles du Siam sauvages.

CROCODILE DU SIAM AU ZOO DE MOSCOU

Crocodile du Siam au zoo de Moscou, en Russie (Rigelus).

Organisée du 25 au 29 mai 2015 au Cambodge, une réunion internationale du groupe des spécialistes des crocodiles (CSG) de la commission de sauvegarde des espèces de l’UICN a réuni les représentants des pays de l’aire de répartition du crocodile du Siam. « De nombreuses avancées pour la conversation in situ et la coopération entre ses divers acteurs ont été enregistrées, souligne Lonnie McCaskill, membre du conseil d’administration et coprésident du SCG  pour l’Asie du Sud-Est. «Des progrès ont été accomplis concernant la protection de l’espèce, l’étude de ses populations et les efforts de repeuplement », précise cet expert interrogé par Biofaune.

« Grâce à ces initiatives positives, j’ai donc indiqué aux zoos américains hébergeant des individus génétiquement sûrs qu’ils pouvaient se reproduire cette année, leurs petits étant susceptibles de participer à des programmes de réintroduction, ajoute M. McCaskill, également gestionnaire du studbook nord-américain du crocodile du Siam. St. Augustine détenant un couple au comportement parental exemplaire, il a été décidé de transférer les jeunes nés à Detroit en Floride afin qu’ils puissent acquérir le comportement social nécessaire à leur survie dans la nature. »

Sources : zoo de Detroit, UICN, Crocodile Specialist Group, AZA, Oakland Press, International Zoo News, zootierliste.de

(*) Officiellement 23 espèces de crocodiles sont reconnues par l’UICN. Néanmoins, selon le groupe des spécialistes des crocodiles de la commission de sauvegarde des espèces de l’UICN (IUCN/SSC CSG), trois espèces africaines doivent aujourd’hui être divisées en sept espèces :

° le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) avec le crocodile d’Afrique de l’Ouest ou crocodile du désert (Crocodylus suchus).

° le crocodile nain (Osteolaemus tetraspis) avec  le crocodile nain du Congo (O. osborni) et le crocodile nain occidental (Osteolaemus sp. nov).

° le crocodile à nuque cuirassée ou faux gavial d’Afrique centrale (Mecistops cataphractus) avec une espèce d’Afrique centrale et une seconde d’Afrique de l’Ouest.

Guide ornithologique : gros plan(s) sur tous les oiseaux d’Europe

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Connaître et reconnaître les oiseaux relève d’un long apprentissage et nécessite, outre une bonne dose d’humilité et persévérance, des outils précis et didactiques. En cette rentrée 2015, les ornithologues, débutants ou plus expérimentés mais toujours soucieux d’enrichir leurs connaissances et d’exercer leur regard, disposent d’un nouvel ouvrage de terrain publié aux éditions Delachaux et Niestlé.

Tous les oiseaux d’Europe propose une approche originale pour identifier au mieux les espèces susceptibles d’êtres aperçues sur le Vieux Continent. Ici, des photos détourées et légendées remplacent les traditionnels planches et dessins illustrant de nombreux guides ornithologiques. Celui-ci a en effet été conçu par Frédéric Jiguet, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et directeur du Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux, et Aurélien Audevard. Photographe animalier, ce dernier est un pionnier de la digiscopie, une technique consistant à prendre des images en fixant l'objectif d'un appareil photo numérique sur l'oculaire d’une longue-vue ou de jumelles.

TOUS LES OISEAUX D'EUROPE

Nicheuses ou hivernantes, aisément reconnaissables ou sujettes à confusion, communes ou exceptionnelles, faciles à admirer ou d’une rare discrétion, 860 espèces - dont celles aperçues une seule fois en Europe ou susceptibles d’y être vues dans un proche avenir - sont présentées. Du pigeon biset (Columbia livia) à la mouette de Bonaparte (Chroicocephalus philadelphia), de la mésange bleue (Cyanistes caeruleus) à la sterne voyageuse (Sterna bengalensis) en passant par l’outarde canepetière (Tetrax tetrax) ou le corbeau familier (Corvus splendens), toutes sont censées figurer dans ce guide visant à l’exhaustivité. Quelques clichés montrent même des hybrides de fuligules (morillon x milouin, morillon x nyroca) parfois observés sur les lacs et étangs.

Près de 2.200 clichés enrichissent les fiches recensant les principales caractéristiques de chaque oiseau avec son habitat, sa voix et, le cas échéant, son aire de répartition. Ce choix iconographique permet de mieux visualiser les détails nécessaires à une identification sûre, mais aussi de mesurer la difficultééventuelle de l’exercice. Dans certains cas, des photos soulignent d’ailleurs les risques d’erreur comme celui de confondre un bruant des neiges (Plectrophenax nivalis) avec une niverolle alpine (Montifringilla nivalis) ou une alouette des champs (Alauda arvensis). Pour les situations les plus délicates, le recours au Guide expert de l’ornitho reste toutefois conseillé (http://biofaune.canalblog.com/archives/2015/02/02/31447660.html).

Optant pour les noms vernaculaires recommandés par la Commission de l’avifaune française, ce guide bénéficie d’un double index, très pratique, avec les dénominations scientifiques des espèces.

JIGUET Frédéric, AUDEVARD Aurélien, Tous les oiseaux d’Europe, Delachaux et Niestlé, août 2015, 448 p., 29,90 €.

Zoo de Chester : un nouvel éléphant sans doute victime d’un herpèsvirus

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Née au parc zoologique de Chester (Royaume-Uni) le 21 janvier 2013, une jeune éléphante d’Asie est morte durant la nuit du lundi 14 au mardi 15 septembre 2015 dans ce même établissement, malgré les soins prodigués par l’équipe du zoo anglais. Selon le communiqué de l’établissement, l’état de santé de Bala Hi Way s’était subitement dégradé au cours du week-end précédent. Une autopsie doit déterminer les causes exactes de la mort de l’animal. Néanmoins, le zoo de Chester a annoncé que l’éléphante avait été testée positive à l’un des herpèsvirus (elephant endotheliotropic herpesviruses ou EEHV) frappant les éléphants, en captivité comme à l’état sauvage (voir http://biofaune.canalblog.com/archives/2014/10/14/30760624.html et http://biofaune.canalblog.com/archives/2014/11/25/31022487.html).

Le 3 puis le 29 juillet 2013, deux jeunes éléphants asiatiques – la femelle Jamilah née le 22 janvier 2011 et le mâle Nayan venu au monde le 18 juillet 2010 – avaient déjà succombéà cette maladie au zoo du Cheshire.

Voici un lien vers une vidéo de la jeune Bala Hi Way jouant dans le parc des éléphants du zoo de Chester : www.youtube.com/watch?v=aNlPWj5Qhfo

ENCLOS DES ELEPHANTS D'ASIE AU ZOO DE CHESTER

Une partie de l’enclos extérieur des éléphants d’Asie au zoo de Chester, en juin 2012 (photo Mike Peel  - www.mikepeel.net).

Jardin des plantes de Paris : un photographe chez les derniers chasseurs-cueilleurs

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Lauréat en juin 2014 de la bourse professionnelle du prix photo du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), Matthieu Paley a profité du montant alloué - 10.000 € - pour compléter un reportage sur les Hadza. Cette population nomade d’un millier d’âmes habite au nord de la Tanzanie, dans cette vallée du grand rift souvent présentée comme le « berceau de l’humanité ». Au sein d’une communauté seulement préoccupée par sa survie quotidienne grâce à la chasse et à la collecte, le photographe français a participé aux longues marches dans la savane sur le piste des animaux sauvages. L’occasion de croiser dik-diks, zèbres, phacochères et même une girafe. Néanmoins, le régime alimentaire des Hadza repose essentiellement sur la cueillette, laquelle fournit jusqu’à 70 % de leur apport énergétique annuel.

EXPOSITION HADZA - DERNIERS DES PREMIERS HOMMES

Soumis aux pressions d’une administration souhaitant les sédentariser, victimes du développement de l’agriculture et de l’élevage, les Hadza sont « l’un de ces peuples qui témoignent d’une interrelation particulièrement riche avec le milieu naturel et la biodiversité », assure Serge Bahuchet, ethnobiologiste et directeur du département de recherche « Hommes, nature et sociétés » au MNHN.

À partir du mercredi 30 septembre 2015 et durant quatre mois, une soixantaine de photos de Matthieu Paley seront présentées au Jardin des plantes de Paris dans le cadre de l’exposition « Hadza - Derniers des premiers hommes ».

EXPOSITION DERNIERS DES PREMIERS HOMMES

(Photo © Matthieu Paley)

Informations pratiques :

  • Du 30 septembre 2015 au 31 janvier 2016, Muséum national d’Histoire naturelle, Jardin des plantes, 57 rue Cuvier, Paris Vème.
  • Accès gratuit. L’exposition est visible tous les jours aux horaires d’ouverture du Jardin des plantes.
  • Site : www.mnhn.fr

Un oiseau proche de l’extinction filmé pour la première fois au Pérou

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Endémique des forêts tropicales d’altitude, le hocco de Koepcke (Pauxi koepckeae) vit uniquement dans la chaîne montagneuse d’El Sira, au centre du Pérou, à une altitude généralement comprise entre 1.100 et 1450 mètres. Décrit en 1969, il a été considéré comme une sous-espèce du hocco unicorne (Pauxi unicornis) avant d’être érigé au statut d’espèce à part entière en 2011 et aussitôt classé en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Sa très petite population est en effet victime de la chasse pour sa chair et de la destruction de son habitat. Après sa découverte, le hocco de Koepcke, particulièrement discret, n’avait plus été observé par les scientifiques pendant plus de trois décennies jusqu’à ce que sa présence soit confirmée par des témoignages locaux en 2003 puis des observations directes en 2005.

Actuellement, le nombre d’adultes se situerait sous le seuil des 250 individus. Ce cracidé au bec rouge vif et au plumage noir orné d’un mince filet blanc à l’extrémité de la queue mesure entre 85 et 95 cm. Il arbore un casque bleu pâle plus petit et plus rond que celui du hocco unicorne. Le régime alimentaire de ce gallinacé se compose de fruits, de graines, de végétaux tendres, de larves et d’insectes. Son nom scientifique  est un hommage à l’ornithologiste germano-péruvienne Maria Koepcke.

Pour la première fois et grâce à 22 « caméras-pièges », une expédition conduite par des chercheurs des universités de Glasgow (Écosse) et Exeter (Angleterre) a obtenu en 2015 des vidéos de cet oiseau rarissime. Ces images exceptionnelles ont été dévoilées voici quelques jours.

L’ours à lunettes

« Nous avons été stupéfaits par les résultats incroyables que nous avons obtenus », a déclaré le chercheur Andrew Whitworth au site Mongabay.

En effet, les caméras ont également immortalisé plus de 145 autres espèces d’oiseaux, 41 d’amphibiens, 30 de mammifères, dix de lézards et sept de serpents. Trois grenouilles et deux lézards pourraient même être inconnus de la science. Concernant les mammifères, outre des jaguars, des fourmiliers géants, des tapirs terrestres et des pumas, les caméras ont filmé des ours à lunettes (Tremarctos ornatus), obtenant la première preuve de leur présence dans la réserve communale El Sira, créée le 23 juin 2001 et couvrant 616.413 hectares. Selon les biologistes anglo-saxons, cette découverte élargit de quelque 540.000 hectares l’aire de répartition de l’ours andin – inscrit comme vulnérable sur la Liste rouge de l’UICN, la plus proche population jusqu’alors référencée se trouvant à une centaine de kilomètres.

Pour accéder directement aux images du hocco de Koepcke, cliquez sur l’image :

Sources : Mongabay, UICN.


Californie : la mue des éléphants de mer aggrave la pollution des eaux côtières par le mercure !

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Selon une étude publiée lundi 7 septembre 2015 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences par des chercheurs de l’université de Californie à Santa Cruz (USCC), les concentrations en mercure élevées dans les eaux côtières proches du parc d’État d’Año Nuevo, en Californie du Nord (États-Unis), seraient liées à la mue annuelle des éléphants de mer.

Les tissus de ces prédateurs piscivores, situés au sommet de la chaîne alimentaire, contiennent en effet d’importantes doses de mercure. Aujourd’hui, la pollution par ce métal constitue un problème majeur des milieux marins puisque le méthylmercure - la forme organique la plus toxique du mercure - est facilement absorbé par les êtres vivants et s’accumule dans leur organisme. Au fil du réseau trophique, cette substance nocive se concentre alors de plus en plus, suivant un phénomène appelé bioamplification. Les concentrations de méthylmercure chez les grands prédateurs seraient ainsi entre 1 et 10 millions de fois supérieures à celles relevées dans l’eau de mer.

COLONIE D’ÉLÉPHANTS DE MER DU NORD DANS LE PARC D’AŇO NUEVO

Colonie d'éléphants de mer dans le parc d’État dAño Nuevo (photo Dave Pape).

« De nombreuses recherches ont été consacrées à la bioamplification dans les chaînes alimentaires mais nous sommes allés plus loin en étudiant l’étape suivante », estime Jennifer Cossaboon, qui a dirigé ces recherches lors de ses études à Santa Cruz.

Des taux multipliés par 17 !

En 1981 déjà, des travaux également conduits à l’UCSC avaient mis en évidence des concentrations élevées en mercure dans les moules vivant à proximité des colonies de pinnipèdes d’Año Nuevo et de l’île de San Miguel, située dans le parc national des Channel Islands au sud de la Californie. « À cette époque, nous ne disposions d’aucun instrument d’analyse permettant de déterminer les concentrations de mercure dans l’eau de mer et nous avons eu recours aux moules comme espèce sentinelle », précise Russell Flegal, professeur de microbiologie et d’écotoxicologie à l’UCSC et coauteur de cette étude. «Pour ces nouvelles recherches, nous avons pu mesurer les changements saisonniers des concentrations de méthylmercure dans l’eau et constater leur envolée durant la période de mue des éléphants de mer. »

COUPLE D'ÉLÉPHANTS DE MER AVEC UN JUVÉNILE

Moins imposant que l’espèce australe (Mirouga leonina), l’éléphant de mer du nord (M. angustirostris) présente un dimorphisme sexuel très marqué. Les mâles mesurent jusqu’à 5 mètres de long pour une masse d’environ 2.200 kilos. Atteignant 3 mètres de longs, les femelles pèsent entre 400 et 800 kilos. Ici, un couple avec un jeune (photo Brocken Inaglory).

Par rapport à d’autres zones côtières, le site d’Año Nuevo affiche des concentrations deux fois plus élevées pendant la saison de reproduction des éléphants de mer et 17 fois plus importantes lors de la mue de ces gros phoques ! Vivant dans le centre et l’est du Pacifique nord, les éléphants de mer septentrionaux (Mirounga angustirostris) fréquentent les eaux californiennes de décembre à mars pour s’accoupler et mettre bas. La période de mue s’étale ensuite d’avril à la fin du mois d’août. À cette période, le pelage et la couche externe de l’épiderme des animaux se détachent par plaques sur les plages.

Des eaux plus polluées que la baie de San Francisco

Lors de ses investigations, M. Flegal avait mis en évidence de hautes concentrations de mercure dans les excréments des otaries. Outre les éléphants de mer, l’île d’Año Nuevo abrite une importante population de lions de mer de Californie (Zalophus californianus) et de Steller (Eumetopias jubatus), la présence de l'otarie à fourrure du Nord (Callorhinus ursinus) restant occasionnelle. Cependant, durant leur séjour dans cette réserve marine, les éléphants de mer jeûnent la plupart du temps et excrètent donc très peu. Par conséquent, selon Jennifer Cossaboon, la variation des concentrations de méthymercure dans les eaux d’Año Nuevo doit être essentiellement attribuée à la mue des éléphants de mer. Lors des pics enregistrés durant cette saison, les taux de contamination par le mercure seraient d’ailleurs plus élevés que ceux relevés dans l’estuaire de la baie de San Francisco, une zone pourtant très urbanisée.

ÎLE D'AŇO NUEVO

Lors de sa découverte en 1603 par l’explorateur espagnol Sebastián Vizcaíno (1548 - 1615),  Año Nuevo était une presqu’île. Depuis, le bras de mer la séparant du continent ne cesse de s’élargir. Sa côte ouest est remarquable par ses champs de dunes actives, parmi les derniers préservés en Californie. L’île couvre 3,7 hectares (photo Doc Searls).

Pour Russell Flegal, les quantités de mercure dans l’océan ont augmenté entre deux et quatre fois depuis l'ère préindustrielle, notamment à cause de la combustion du charbon. Et malheureusement, ces émissions de mercure devraient augmenter encore durant plusieurs décennies, estime cet expert.

De l’influence des zones de nourrissage

D’après les conclusions - parues le 17 juin 2015 dans le journal britannique Proceedings of the Royal Society - d’une seconde étude effectuée par une autre équipe de chercheurs de l’UCSC, les concentrations de mercure dans le sang et les muscles des éléphants de mer septentrionaux seraient parmi les plus élevées jamais rapportées pour des prédateurs marins. Par ailleurs, ces taux  dépendraient des stratégies de chasse de ces phoques, dont plusieurs spécimens ont été suivis par satellite au cours de leurs déplacements dans les zones d’alimentation du Pacifique nord. Les concentrations les plus importantes ont été trouvées chez les individus se nourrissant en haute mer et aux plus grandes profondeurs tandis que les moins élevées ont été découvertes chez les animaux se nourrissant le long des côtes. En outre, 99 % des éléphants de mer étudiés présentaient des taux de mercure sanguins supérieurs au seuil de toxicité chez l’homme. « Néanmoins, Il faut rester prudent lors de telles comparaisons d’une espèce à l’autre», tempère Sarah Peterson, principale auteure de ces travaux. « Nous ne connaissons pas les conséquences de ces concentrations sur la santé des éléphants de mer. »

MÂLE ÉLÉPHANT DE MER SEPTENTRIONAL

 Bien que plus petits que ceux de l’espèce australe, les éléphants de mer mâles du nord arborent une trompe de plus grande taille comme ce spécimen photographié dans la zone protégée du Point Reyes National Seashore, en Californie (photo Frank Schulenburg).

Cette diplômée en écologie et en biologie évolutionniste a également rédigé un article, paru le 7 juillet 2015 dans le bulletin Environmental Contamination and Toxicology, consacré aux niveaux de mercure sanguin chez quatre espèces de pinnipèdes, l’éléphant de mer du Nord, l’otarie de Californie, le lion de mer de Steller et le phoque commun (Phoca vitulina). Les analyses d’échantillons de poils ont révélé un taux de méthymercure non seulement élevé chez les éléphants de mer mais aussi plus important que chez les otaries de Californie vivant sur les côtes proches de l’île d’Año Nuevo.

Sources : université de Californie (UCSC), California State Parks.

Le regard de Robert Doisneau sur le Muséum national d’histoire naturelle

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Que les archives du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), haut lieu de la conservation, aient recélé des tirages jamais révélés des travaux de Robert Doisneau (1912-1994) sur ce prestigieux établissement public apparaît comme un joli clin d’œil.

En effet, la plupart des clichés de l’exposition proposée du mercredi 7 octobre 2015 au mardi 19 janvier 2016 aux 2ème et 3èmeétages de la Grande Galerie de l’Évolution proviennent de la collection iconographique du Muséum et n’ont jamais été dévoilés. Les visiteurs découvriront ainsi le regard du photographe sur l’univers du Muséum à travers des portraits de femmes et d’hommes -du paléontologue au jardinier en passant par le laborantin ou le soigneur animalier- au travail dans différents sites.

ROBERT DOISNEAU

Sept des huit thématiques retenues pour cette exposition portent sur des lieux emblématiques du MHNH et sur quelques-unes de ses collections les plus fameuses : le musée de l’Homme, les vertébrés, la minéralogie et la paléontologie, le zoo et la ménagerie, les serres et cultures,  l’herbier et la graineterie et enfin l’entomologie. Consacrée aux publics, la dernière évoque le rôle du Muséum dans la diffusion de la culture scientifique naturaliste.

Les deux reportages de Robert Doisneau, dont sont tirées 128 photos et 35 planches-contacts, ont été réalisés à presque un demi-siècle d’écart. Le premier remonte à 1942-1943 lors d’une commande de l’éditeur Maximilien Vox (1894-1974) pour un ouvrage intituléNouveaux destins de l’intelligence française. Le second date de 1990 et fut effectué dans l’optique de l’exposition « La science de Doisneau » organisée entre mars et juin de cette même année à la bibliothèque du Muséum.

Au-delà des décennies, ces photos, exclusivement en noir et blanc, témoignent de l’étrange paradoxe d’un Muséum à la fois quasi intemporel et à la pointe de la recherche scientifique.

UN GORILLE DANS L'ASCENSEUR 1990 (C) ATELIER ROBERT DOISNEAU

(Photo © Atelier Robert Doisneau)

Informations pratiques

  • Du 7 octobre 2015 au 19 janvier 2016, Muséum national d’Histoire naturelle, Jardin des plantes, Grande Galerie de l’Évolution, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire, Paris Vème.
  • Ouverture de 10 à 18 heures, tous les jours, sauf le mardi.
  • Billet d’entrée de la Grande  Galerie de l’Évolution : 9€ plein tarif / 7€ tarif réduit (famille nombreuse munie de la carte SNCF, carte CEZAM, membre SECAS).
  • Informations: 01 40 79 54 79 / 56 01.
  • Sites : www.mnhn.fr et www.robert-doisneau.com

Identifier les félins par leurs empreintes : l’erreur guette le chercheur

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Selon un article publié en septembre 2015 par des chercheurs brésiliens et portugais dans la revue Tropical Conservation Science, la similitude entre les empreintes de plusieurs félins sauvages sud-américains, ainsi que leur ressemblance avec celles des chats domestiques ou harets, pourrait brouiller les travaux menés dans les zones où ces espèces cohabitent.

En effet, pour étudier ces animaux particulièrement discrets, les scientifiques utilisent souvent les traces indirectes laissées par les félins et parfois uniquement leurs empreintes. Or l’équipe lusitano-brésilienne remet aujourd’hui en cause la fiabilité d’une approche exclusive pour certains petits félidés présents dans les forêts tropicales humides du Brésil.

JAGUARDONDI EN CAPTIVITE

Jaguarondi en captivité au zoo de Pont-Scorff, dans le Morbihan, en avril 2015 (photo Ph. Aquilon).

Les auteurs ont analysé les empreintes antérieures et postérieures de spécimens captifs appartenant à quatre espèces, l’ocelot (Leopardus pardalis), le margay (Leopardus wiedii), l’oncille méridional (Leopardus guttulus) et le jaguarondi (Puma yagouaroundi). Les mesures, dont celles des coussinets, ont été prises sur du sable humide. À chaque fois, les empreintes de sept individus par espèce -quatre seulement pour le jaguarondi- ont été relevées.Ces traces ont ensuite été comparées entre elles et à celles provenant de chats domestiques (Felis catus).

Croiser les approches

Les chercheurs ont alors constaté leur ressemblance les unes avec les autres, à l’exception notable de celles des ocelots. En raison de leur taille et de leur masse, ces derniers laissent de plus grandes empreintes avant et arrière. Malgré tout, un risque de confusion existe lorsque les ocelots partagent leur territoire avec des pumas ou des jaguars dont les traces des juvéniles coïncident avec les leurs.

Malgré les données obtenues, les chercheurs n’ont pu identifier les autres félins en s’appuyant sur la longueur et la forme des coussinets ou des empreintes elles-mêmes. En outre, sur le terrain, il deviendrait même impossible de distinguer les empreintes antérieures et postérieures !

OCELOT EN PARC ZOOLOGIQUE

Femelle ocelot au zoo du bassin d’Arcachon, en Gironde, en juin 2015 (photo Ph. Aquilon).

Les similitudes constatées peuvent facilement tromper les biologistes travaillant dans des zones abritant plusieurs de ces espèces et/ou des chats domestiques ou férals. L’étude suggère donc de ne pas se fier aux seules empreintes pour attester la présence de ces félins dans de tels environnements et d’élargir la recherche d’indices et de preuves par des observations visuelles, des pièges photographiques, la collecte d’excréments, les techniques d’écologie moléculaire ou encore les témoignages recueillis auprès des populations locales.

Sources : Tropical Conservation Science, Mongabay.

Réintroduction : des ibis chauves nés au Bioparc de Doué-la-Fontaine s’envolent pour l’Algérie

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Plus de trente années après la disparition de leur dernière colonie en Algérie, trente ibis chauves ont quitté jeudi 8 octobre 2015 le Bioparc de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) à destination de l’Afrique du  Nord. À des fins pédagogiques, dix oiseaux vont être confiés au zoo de Mostaganem, ville portuaire du nord-ouest du pays. Les vingt autres rejoindront une station d’élevage, gérée par la direction générale des forêts, dans le cadre d’un programme de conservation et de réintroduction. Tous ces ibis ont éclos en captivité dans le parc angevin - 2 en 2009, 18 en 2013 et 10 en 2014.

IBIS CHAUVE EN CAPTIVITE AU BIOPARC DE DOUE-LA-FONTAINE

Ibis chauve dans la volière européenne du Bioparc de Doué-la-Fontaine en août 2015 (photo Ph. Aquilon).

Cette première a été initiée par le Bioparc avec le concours de l’agence nationale pour la conservation de la nature (ANN), créée en 1985 pour protéger la faune et la flore algériennes. L’ANN entend favoriser le retour de l’ibis chauve dans le ciel algérien en faisant (re)découvrir cet oiseau, symbole de paix et de sérénité dans la culture locale, au grand public comme aux autorités. Elle s’implique également dans l’élevage de ces échassiers et leurs relâchers en milieu naturel.

Pour cette opération inédite, Air Algérie a offert la gratuité du vol depuis Paris, le Bioparc finançant intégralement le coût du transport des oiseaux jusqu’à l’aéroport.

Nouvelle colonie sauvage en Andalousie

Par ailleurs, fin septembre 2015, dix autres ibis chauves ont été envoyés par le Bioparc en Espagne pour soutenir le projet Proyecto Eremita. Lancé en mars 2004 par le Zoo Botanico de Jerez, celui-ci doit permettre la constitution d’une colonie sauvage d’ibis chauves dans le comté de La Janda (province de Cadix) à partir de spécimens captifs. Ce projet évalue aussi l’efficacité de différentes techniques de réintroduction.

Depuis le début du programme, 312 oiseaux ont été relâchés. Les premiers couples se sont appariés et ont commencéà se reproduire en 2008. En 2013, 27 poussins avaient déjà vu le jour dans la nature.

Les dix ibis « angevins » ont été placés dans des enclos de quarantaine au zoo de Jerez. Vers la mi-octobre 2015, ils seront transférés dans des volières dites « de relâcher » sur le site de réintroduction, avant de retrouver la liberté fin novembre 2015. Depuis 2007, 74 ibis ont déjàété relâchés en Andalousie grâce au Bioparc, plusieurs de ces oiseaux formant depuis des couples reproducteurs.

IBIS CHAUVE AU BIOPARC DE DOUE-LA-FONTAINE

Spécimen en captivité nichant dans une paroi de falun au Bioparc en juillet 2013 (photo Ph. Aquilon).

Victime de la chasse, de la prédation des œufs, de la pression anthropique ou encore de la pollution par les pesticides, l’ibis chauve (Geronticus eremita) est classé depuis 1994 « en danger critique d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Son aire de répartition couvrait jadis le sud de l’Europe, le nord et le nord-est de l’Afrique et le Moyen-Orient. Actuellement, le parc national de Souss-Massa, dans le sud marocain, abrite la dernière colonie sauvage viable. La population sauvage occidentale s’élèverait à environ 500 individus, la population semi-captive turque étant estimée à quelque 150 oiseaux.

Depuis 1991, l’ibis chauve bénéficie d’un programme d'élevage européen en captivité (EEP) géré par l'Alpenzoo d'Innsbruck (Autriche).

28e colloque de la société francophone de primatologie : « Quand les primates communiquent »

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L’Université de Strasbourg (Bas-Rhin) accueillera du mercredi 14 au vendredi 16 octobre 2015 le 28e colloque de la société francophone de primatologie (SFDP) avec, pour thème principal, la communication chez les primates.

Parmi les nombreux sujets abordés figureront, entre autres, « le suivi du comportement sexuel chez trois espèces de primates non-humains du genre Nomascus », « la variation génétique et la connectivité des populations de chimpanzés en Tanzanie et à travers l’Afrique de l’Est », « l’amélioration des conditions de vie de lémuriens issus du commerce illégal et ayant subi différents traumatismes à Madagascar », « les évidences indirectes d'infanticide chez les gorilles de l'Ouest », « la contrebande de spécimens de chimpanzés dans les institutions scientifiques : approche historique de la constitution de la collection du Muséum national d’histoire naturelle (XIXe-XXIe siècles) » ou encore « l’étude du comportement exploratoire chez le microcèbe murin : corrélations entre personnalité et morphologie ».

AFFICHE COLLOQUE PRIMATOLOGIE 2015

Institution savante à vocation d’échange et de partage, la SFDP regroupe aujourd’hui 200 membres issus d’une grande diversité de milieux scientifiques et professionnels. Depuis deux ans, elle est présidée par le vétérinaire Brice Lefaux, membre de l’association depuis 1996 et directeur du parc zoologique et botanique de Mulhouse (Haut-Rhin). Sous son mandat, la société s’est davantage intéressée aux thématiques transdisciplinaires touchant notamment la conservation des primates.

Le zoo de Mulhouse s’implique

Lors de cette édition 2015, l’établissement zoologique alsacien présentera trois communications dont deux concernant une étude récemment lancée par le parc sur la gestion de populations de primates et plus particulièrement des capucins à poitrine jaune (Cebus xanthosternos) et des gibbons à favoris - le gibbon à  favoris roux ou gibbon de Gabrielle (Nomascus gabriellae), le gibbon à favoris blancs du Nord (Nomascus leucogenys) et le gibbon à favoris blancs du Sud (Nomascus siki) - dont les programmes d'élevage européens en captivité (EEP) sont gérés par le zoo de Mulhouse.

FEMELLE GIBBON A FAVORIS BLANCS DU NORD

Femelle gibbon à favoris blancs du Nord en captivité au zoo de Mulhouse en août 2015 (photo Ph. Aquilon).

Celui-ci soutient l’approche intégrée de la planification de la conservation des espèces, prônée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et son groupe de spécialistes de l’élevage pour la conservation (CBSG). Baptisée One plan approach, cette démarche entend développer des stratégies de gestion et de conservation impliquant tous les acteurs impliqués in ou ex situ dans la sauvegarde des différentes populations d’une espèce.

Le zoo de Mulhouse soutient actuellement trois projets de protection concernant des primates dans leur milieu naturel menés par :

- l’organisation non gouvernementale West African Primate Conservation Action (WAPCA). Fondée en1995 et regroupant notamment 11 zoos européens, elle intervient dans forêts tropicales guinéennes. Cette initiative se préoccupe plus particulièrement de la sauvegarde du cercopithèque diane de Roloway (Cercopithecus diana roloway) et du mangabey couronné (Cercocebus atys lunulatus). Endémiques du Ghana et de la Côte-d’Ivoire, ces deux singes sont classés en danger d’extinction par l’UICN.

CERCOPITHEQUE DIANE DE ROLOWAY

Le cercopithèque diane de Roloway figure sur la liste actuelle des 25 primates les plus menacés au monde établie par l’UICN. Ici, un spécimen élevé au zoo de Mulhouse en août 2015 (photo Ph. Aquilon).

- l’association européenne pour l’étude et la conservation des lémuriens (AEECL), organisation dirigée par un consortium européen de zoos et d’universités œuvrant depuis plus de 30 ans au nord-ouest de Madagascar pour la protection et l’étude de lémuriens menacés. Le zoo de Mulhouse a d’ailleurs la responsable des EEP du lémurien aux yeux turquoise (Eulemur flavifrons), du lémurien couronné (Eulemur coronatus) et du lémurien à ventre roux (Eulemur rubriventer).

- l’association Anoulak, créée en 2014 par Camille N.Z Coudrat au Laos et dont l’objectif consiste à développer et  renforcer une approche scientifique et « préservationniste » de la biodiversité de la réserve naturelle de Nakai-Nam Theun, où survit une des plus grandes populations de gibbons à favoris blancs du Nord. Cette espèce est considérée comme en danger critique d’extinction par l’UICN.

Pour découvrir le programme détaillé de ce 28e colloque : www-sfdp.u-strasbg.fr/colloques/pdf/sfdp_2015_programme_final.pdf

« Des savants pour protéger la nature » ou l’histoire remarquable de la Société d’acclimatation

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« La disparition des espèces est, en effet, beaucoup plus rapide qu’on ne se l’imagine ; elle s’accélère avec nos moyens actuels d’action et le nombre des espèces que l’homme a détruites est considérable. » D’une actualité brûlante, cet avertissement d’Edmond Perrier (1844-1921) remonte pourtant au début du siècle dernier et traduit une nouvelle approche de la protection de la nature, dégagée des seuls concepts utilitaristes.

Spécialiste de l’histoire de l’environnement, Rémi Luglia s’est interrogé sur les origines de ce mouvement en France à travers le prisme de la Société d’acclimatation, aujourd’hui devenue la Société nationale de protection de la nature (SNPN).

DES SAVANTS POUR PROTEGER LA NATURE

Publiés récemment aux Presses universitaires de Rennes (PUR) sous le titre Des savants pour protéger la nature. La Société d’acclimatation (1854-1960), ses travaux mettent à mal la thèse selon laquelle le souci de protéger la nature aurait émergé durant les années 1950-1960 avec l’essor de l’écologie politique. Pour l’auteur, ce défi lancéà l’évolution de nos sociétés remonte plus loin dans le temps.

Le castor, « richesse zoologique nationale »

Dès la fin du XIXème, l’érosion de la biodiversité inquiète certains sociétaires de la Société d’acclimatation, fondée le 10 février 1854 par le zoologiste, anatomiste et tératologue Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1805-1861). Les questions de la dégradation des milieux, de la surexploitation des populations et de l’introduction et du développement d’espèces exotiques sont régulièrement débattues au sein de la Société. Par ailleurs, les communications évoquant les extinctions en cours et publiées dans le Bulletin de la Société alarment nombre d’adhérents.

L’objectif de l’acclimatation s’efface alors au profit de préoccupations nouvelles, symbolisées par la figure d’Edmond Perrier, président de 1901 à 1921 et directeur du Muséum national d’histoire naturelle de 1900 à 1919. En outre, le paradigme entre espèces utiles et nuisibles s’estompe - comme en témoignent les prises de position de la Société en faveur de la sauvegarde du castor du Rhône - au profit de la notion « d’équilibre naturel ».

ISIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE ET EDMOND PERRIER

Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Edmond Perrier (photos DR).

Le temps des réserves

En 1912, la création d’une sous-section exclusivement dédiée à protection des oiseaux à l’initiative d’Albert Chappellier (1873-1949) signe l’acte de naissance de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Par ailleurs, si la Société d’acclimatation a longtemps attendu de l’État la mise en œuvre des espaces protégés qu’elle appelait de ses vœux, cette même année 1912 marque un tournant avec la création de la réserve (ornithologique) des Sept-Îles, dans les Côtes-d’Armor. Suivront celles de Camargue dans les Bouches-du-Rhône en 1927 puis de Néouvielle (Hautes-Pyrénées) en 1935 et du Lauzanier (Alpes-de-Haute-Provence) l’année suivante. La période de l’entre-deux-guerres se distingue ainsi par la mise en œuvre d’actions concrètes de protection.

Plus anecdotiques mais essentiels à la vitalité de la Société, les très courus déjeuners amicaux évoqués dans cette somme se poursuivront jusqu’au milieu des années 1960 avec leurs menus résolument exotiques invitant les convives à déguster du crocodile du Nil, du serpent à sonnette, de l’éléphant d’Afrique ou de l’iguane. Autres temps, autres mœurs.

JARDIN D'ACCLIMATATION EN 1860

Fondéà l'initiative de la Société impériale zoologique d'acclimatation, le jardin d’acclimatation du bois de Boulogne fut inauguré le 6 octobre 1860 par l’empereur Napoléon III. Les liens entre cet établissement et la Société se distendront progressivement avant la rupture définitive au début du XXème siècle (photo DR).

Récusant la thèse selon laquelle les États-Unis aurait constitué un modèle pour l’Europe, Rémi Luglia défend l’idée d’une France participant pleinement dans les années 1890-1910 à la « first wave of European environmentalism » selon la formule de son collègue italien Luigi Piccioni.

Défrichant un champ encore peu étudié de l’histoire de l’environnement, cet ouvrage  savant s’adresse aux spécialistes du sujet comme aux profanes soucieux de mieux connaître la chronologie et les acteurs de la protection de la nature en France.

Cette plongée dans l’histoire fait écho à nos préoccupations contemporaines, invitant tout à la fois à la modestie et à la poursuite d’un combat dont l’urgence apparaissait déjàà Edmond Perrier à la veille de la Première Guerre mondiale : « Par toute la terre, dans tous les pays, […] tout ce qui a le malheur de porter de l’écaille brillante, de la corne translucide, de l’ivoire, une souple et chaude fourrure, des plumes vivement colorées ou suffisamment légères pour onduler gracieusement au gré de la brise, est poursuivi, traqué, massacré sans trêve ni merci. »

LUGLIA Rémi, Des savants pour protéger la nature. La Société d’acclimatation (1854-1960), Presses universitaires de Rennes, février 2015, 434 p., 23 €.

31ème festival de Ménigoute : sous le signe du changement climatique

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Des rivages de l’Hexagone à la zone subtropicale humide des Everglades, d’un lac niché sur une île de la mer Blanche à une citééthiopienne où hommes et hyènes tachetées cohabitent en paix, des plaines herbeuses du Canada au parc national pakistanais du Deosai en passant par le voyage de l’eau des cimes alpestres aux tièdes lagunes méditerranéennes, les 32 documentaires à l’affiche du 31ème festival international du film ornithologique de Ménigoute (79) reflètent les nouvelles problématiques environnementales - comme la sauvegarde d’espèces sentinelles tel l’apron du Rhône aux relations entre l’homme et la faune sauvage - à l’heure où se profile la très attendue conférence de Paris sur le climat (COP21).

AFFICHE 31EME FESTIVAL DE MENIGOUTE

Du mardi 27 octobre au dimanche 1er novembre 2015, la petite commune des Deux-Sèvres deviendra, une fois encore, la capitale de la protection de la nature comme chaque année depuis 1985 et une première édition notamment marquée par le lancement de L’Oiseau Magazine, la revue trimestrielle de la Ligue de protection des oiseaux  (LPO).

Parmi les temps forts de cette manifestation revendiquant une approche militante et articulée autour du changement climatique, une conférence sur « l'ours polaire : symbole pour un combat ou combat pour un symbole » sera proposée vendredi 30 octobre à 10 heures, tandis qu’une exposition de l’association Bretagne vivante évoquera le changement climatique et la biodiversité dans le Grand Ouest.

Par ailleurs, Paul Watson, l’emblématique fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society vouée à la protection de la faune marine, présentera son combat samedi  31 octobre à 18 heures.

Pour découvrir le détail de la programmation et des nombreuses activités - rencontres, conférences, sorties et expositions, rendez-vous sur le site du festival : http://www.menigoute-festival.org


Une étude génétique bouleverse la taxonomie du lion d’Afrique

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Selon un article paru mercredi 14 octobre 2015 dans la revue PLoS ONE, l’actuelle taxonomie du lion ne reflèterait pas l’histoire évolutive de l’espèce et doit être révisée en conséquence.

Pour l’heure, seules deux sous-espèces sont reconnues par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : celle d’Afrique (Panthera leo leo) et l’asiatique (P. l.persica), la première étant classée vulnérable et la seconde en danger d’extinction. Toutefois, des analyses morphologiques ont préconisé la répartition des lions africains au sein de trois clades et suggèrent que les individus vivant au nord de l’Afrique sont relativement proches des spécimens de la sous-espèce asiatique.

LIONCEAU ASIATIQUE AU ZOO DE MULHOUSE

Lionceau d’Asie âgé de 11 mois au parc zoologique et botanique de Mulhouse (Haut-Rhin), en août 2015 (photo Ph. Aquilon).

Par ailleurs, des travaux portant sur l’ADN mitochondrial (mtDNA) valideraient l’hypothèse de l’appartenance des lions d’Afrique centrale et occidentale à une lignée évolutive distincte. Jusqu’à présent, la connaissance de la position phylogénétique de ces derniers reposait essentiellement sur les marqueurs mitochondriaux. D’où la nécessité d’une étude autosomale pour valider cette théorie, des recherches sur les marqueurs autosomaux ayant contredit les phylogénies fondées sur l’ADN mitochondrial pour plusieurs autres espèces, comme les lézards du genre Podarcis ou la tarente de Mauritanie, également appelée gecko des murs (Tarentola mauritanica).

Révision taxonomique : tous les éléments réunis

Pour Laura D. Bertola, chercheuse en biologie de la conservation à l'université de Leyde (Pays-Bas), toute proposition de révision taxonomique doit présenter des arguments biogéographiques et morphologiques corroborés par des données sur les ADN mitochondrial et autosomal.

Or la récente étude menée par une équipe internationale sous sa direction confirmerait les précédentes découvertes phylogéographiques.

LIONS DU KALAHARI ET DU TRANSVAAL

.Lions dit du Kalahari (Panthera leo vernayi) au zoo de Bâle (à g.) et du Transvaal (Panthera leo krugeri) au René Strickler's Raubtierpark à Subingen (à d.) en août 2015. Ces deux établissements sont situés en Suisse alémanique (photos Ph. Aquilon).

L’analyse de 20 microsatellites et de 87 séquences de 1.454 paires de bases (bp) concernant 16 populations de lions couvrant l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce soulignerait la congruence entre les deux types de marqueurs et mettrait en évidence quatre groupes, présents respectivement en Afrique de l’Ouest et centrale, en Afrique de l’Est, en Afrique australe et en Inde. Sur la base de 43 sites polymorphiques, 15 haplotypes différents ont été identifiés.

« Le clivage génétique qui distingue les lions d’Afrique de l'Ouest et du Centre des autres populations du continent se retrouve chez d’autres grands mammifères comme le buffle africain (Syncerus caffer), l’antilope rouanne (Hippotragus equinus), la girafe (Giraffa camelopardalis) ou le guépard (Acinonyx jubatus)», souligne Laura D. Bertola.

Des échantillons collectés à travers le continent

Les échantillons collectés par les scientifiques proviennent de félins vivant à l’état sauvage au Bénin (parc national de la Pendjari), au Sénégal (parc national du Niokolo-Koba), au Tchad (Parc national de Zakouma), au Cameroun (parc national de Waza et écosystème de Bénoué), en République démocratique du Congo (parc national de la Garamba), au Kenya (parc national d’Amboseli), en Tanzanie (parc national du Serengeti et aire de conservation du Ngorongoro), en Zambie (vallée de la Luangwa), en Namibie (parc national d'Etosha), en Afrique du Sud (parcs nationaux Kruger et Kalahari Gemsbok) et en Inde (parc national et sanctuaire faunique de Gir).

LIONS MALES DANS LE PARC ETOSHA, EN NAMIBIE

Mâles se disputant une proie en novembre 2005 dans le parc national namibien d'Etosha (photo Leyo).

Des lions captifs des zoos d’Addis-Abeba (Éthiopie) et de Sanaa (Yémen) ont également étéétudiés car originaires d’une zone de contact éventuel entre les deux principales lignées génétiques, celle d’Afrique de l’Ouest et du Centre et celle d’Afrique de l’Est et australe.

L’influence du grand rift africain

Pour les lions éthiopiens, les travaux infirment en partie les conclusions de recherches menées en 2012 par l’Imperial College London (Royaume-Uni) et l’institut Max-Planck d’anthropologie évolutive de Leipzig (Allemagne). Ces dernières estimaient que les lions d’Éthiopie maintenus au zoo d’Addis-Abeba formaient un clade unique (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2012/10/15/25333888.html).

Selon l’étude néerlandaise, l’analyse des microsatellites, confirmée par  celle de l'haplotype mitochondrial, démontre en revanche la proximité de ces animaux avec les individus d’Afrique centrale et occidentale. Même si l’origine précise des félins du zoo de la capitale éthiopienne reste sujette à controverse, ces lions proviendraient de l’ouest de la vallée du Rift, considérée comme une barrière pour la dispersion de l’espèce. De leur côté, les lions hébergés au Yémen présentent un haplotype les rapprochant du groupe est-africain. La situation géographique de l’Éthiopie et les transferts d’individus pratiqués par les zoos seraient à l’origine de cette dissimilitude et de ces brassages génétiques.

LION EN CAPTIVITE AU ZOO D'ADDIS-ABEBA, EN ETHIOPIE

Selon leur origine géographique, les lions éthiopiens dépendraient soit de la lignée est-africaine, soit de celle d’Afrique de l’Ouest et du Centre, comme ce mâle photographié en décembre 2006 au zoo d’Addis-Abeba (photo Jean-François Paumier).

Par ailleurs, en Zambie, la lignée australe se mélangerait soit à celle d’Afrique de l’Est soit à celle d’Afrique centrale et de l’Ouest. Là encore, l’explication la plus plausible tient la nature de la vallée de la Luangwa, fossé d’effondrement prolongeant le grand rift. En outre, l’absence d'haplotype mitochondrial extérieur au groupe est-africain suggère que les mâles sont responsables de ces mélanges génétiques.

Priorité aux lions d’Afrique occidentale et centrale

Divers facteurs anthropiques ont provoqué un fort déclin des populations léonines au centre et à l’ouest du continent où elles semblent aujourd’hui les plus menacées. La fragmentation de leur habitat les expose notamment à une perte de diversité génétique. Forts de ce constat et de leurs recherches, les auteurs de l’article préconisent donc que les programmes de conservation concernent prioritairement l’Afrique de l'Ouest et du Centre.

LION D'AFRIQUE DE L'OUEST DANS LE PARC DE LA PENDJARI, AU BENIN

Lion d’Afrique de l’Ouest dans le parc national de la Pendjari, au Bénin, en avril 2013 (photo Jonas Van de Voorde).

Les conclusions de leur étude pourraient également avoir des conséquences pour la sauvegarde de l’espèce ex situ, certains parcs zoologiques européens souhaitant la mise en place d’un studbook pour les lions africains de « pure souche », les lions d’Asie bénéficiant depuis 1994 d’un programme d'élevage européen en captivité (EEP). Toutefois, ce projet se heurte à de nombreuses difficultés, dont la présence d’un très grand nombre d’hybrides dans les établissements zoologiques. En 2012, selon le système de gestion ZIMS mis en place par l’International Species Information System (ISIS), sur les 820 lions présents dans les zoos européens, seuls 105 étaient référencés comme appartenant à l’une ou l’autre des sept sous-espèces parfois admises. Et encore, la « pureté » d’un grand nombre d’entre eux s’avère douteuse…

LION AU PARC DE L'AUXOIS

Lion d’Afrique au parc de l’Auxois (Côte d’Or) en août 2015. Ce jeune mâle n'est pas considéré comme appartenant à une sous-espèce particulière (photo Ph. Aquilon).

Certains spécialistes défendent ainsi l’idée d’importer des lions génétiquement purs et surnuméraires depuis les réserves ou les fermes d’élevage africaines. Au vu des nouvelles avancées de la science, l’obtention d’un consensus taxonomique semble aujourd’hui nécessaire avant l’hypothétique mise en place d’EEP dévolus aux lions africains.

Sources : PLoS ONE, Zooquaria, UICN.

« Mémoires » d’Allain Bougrain Dubourg : animalement vôtre !

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Au fil des pages, le mémorialiste laisse la place au militant, les souvenirs à l’indignation et à la colère, la satisfaction des succès obtenus à l’inquiétude devant l’inertie des pouvoirs publics ou la trop lente évolution de nos comportements. Dans ses mémoires récemment publiées aux éditions de La Martinière, Allain Bougrain Dubourg reste fidèle au conseil prodigué sur son lit de mort par Théodore Monod (1902-2000) et choisi pour titre de ce livre : « Il faut continuer de marcher».

IL FAUT CONTINUER DE MARCHER

Le journaliste - dont les émissions Terre des bêtes, Entre chien et loup ou Animalia ont marqué le petit écran - évoque ses premières découvertes naturalistes lors de ses années de pensionnat sous la houlette de François Chanudet (1920-2003), taxidermiste au muséum d'histoire naturelle de La Rochelle. L’interne à la scolarité médiocre crée alors un « club des jeunes amis des animaux » en Charente-Maritime, inspiré par celui fondé par Jean-Paul Steiger (1943-2011) en banlieue parisienne.

Quelques années plus tard, remontéà Paris et lauréat en 1969 de la Fondation Marcel-Bleustein-Blanchet pour la vocation, Allain Bougrain Dubourg tente de faire mieux connaître ces mal-aimés que sont rapaces et reptiles. Durant six ans, il sillonne la France avec une exposition itinérante baptisée « Le Pavillon de la nature » dont l’histoire s’achève dans le doute. Malgré le bien-fondé pédagogique de son entreprise, le jeune homme n’admet plus les conditions de captivité de ses pensionnaires.

À passé ouvert

Avec honnêteté, Allain Bougrain Dubourg revient d’ailleurs sur ses tâtonnements de jeunesse, sa « ménagerie » personnelle, ses rapports équivoques avec certains marchands d’animaux ou ses rêves, vite échaudés, d’entrer dans la cage aux fauves… Plus étonnant encore, l’auteur révèle avoir, à l’adolescence, appuyé sur la gâchette pour ramener quelques spécimens à naturaliser. Une franchise dont malheureusement ne peuvent se prévaloir certain(e)s dirigeant(e)s politiques comme le constate, exemples à l’appui, l’actuel président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

Même s’il avoue volontiers avoir eu l’estomac noué lors de l’opération contre l’importateur Tropicanim menée en direct sur Europe 1 ou à l’heure de dénoncer à de multiples reprises la chasse illégale des tourterelles des bois dans le Médoc, Allain Bougrain Dubourg a toujours démontré un courage singulier, sur le terrain, dans les débats publics ou au cœur des salons feutré du Conseil économique et social.

ALLAIN BOUGRAIN DUBOURG

(Photo © Michel Pourny)

Chapitre après chapitre, Allain Bougrain Dubourg rend hommage à celles et ceux qui ont partagé sa passion et ses luttes et/ou lui ont permis de s’adresser au grand public : quelques-unes des femmes de sa vie, dont bien sûr Brigitte Bardot, rencontrée au cours d’une escale improbable lors de leur combat commun contre le massacre des blanchons au Canada, des scientifiques – tels le biologiste et académicien Jean Rostand (1894-1977), l’explorateur polaire Paul-Émile Victor (1907-1995) ou le médecin Alain Bombard (1924-2005), l’ancien préfet Jacques Gérault ou encore des hommes de télévision, à l’image de François de La Grange (1920-1976), Louis-Roland Neil, Armand Jammot (1922-1998), Michel Drucker ou Jean-Pierre Spiero (1937-2012). Témoigner grâce à la caméra, au micro ou par la plume s’avère essentiel aux yeux de cet adepte d’un journalisme engagé estimant que « la puissance de l’opinion publique reste le seul levier pour espérer une relation apaisée avec l’animal ».

Refuser l’indifférence

Contrairement à la caricature véhiculée par certains extrémistes, Allain Bougrain Dubourg refuse tout manichéisme comme en atteste son attachement aux « équilibres durables » ou sa position, critique mais nuancée, sur les parcs zoologiques. Sans omettre ses moments de lassitude ou les échecs passés au goût amer, Allain Bougrain Dubourg redevient vite pugnace en abordant ses luttes du moment - la création d’un centre de soins et de transit pour les animaux saisis par les douanes notamment - et préfère regarder vers demain et les espoirs suscités par la prochaine conférence de Paris sur le climat (COP21).

« Ce qui compte, c'est de faire ce que nous estimons juste de faire, aujourd'hui, dans l'action présente. Ensuite, les gens choisissent d'écouter ou pas », déclarait Paul Watson, fondateur de Sea Sheperd,  dans une interview accordée en août 2015 à l’hebdomadaire Télérama. Ces propos font étonnement écho au credo d’Allain Bougrain Dubourg pour lequel «le fruit de l’engagement compte finalement moins que les résultats ».

« Plus que l’espoir d’une légitime victoire, c’est l’action qui m’anime. Agir. Ne pas rester indifférent. »

BOUGRAIN DUBOURG ALLAIN, Il faut continuer de marcher. Mémoires, Éditions de la Martinière, octobre 2015, 448 p., 20,90 €.

Des lions des cavernes congelés découverts dans le nord-est de la Sibérie

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Deux lionceaux des cavernes congelés ont été récemment découverts en République de Sakha (Russie), a annoncé lundi 26 octobre 2015 le Siberian Times. Selon le quotidien russe, ces jeunes félins auraient été parfaitement préservés dans le permafrost. Pour l’heure, les détails de cette trouvaille n’ont pas été révélés. Les paléontologues de l’académie des sciences de Yakoutie dévoileront leurs premières conclusions à la presse internationale à la fin du mois de novembre prochain. Selon les analyses microbiologiques pratiquées, les restes des félins sont exempts d’infections dangereuses comme la maladie du charbon.

Mis au jour dans une région particulièrement froide et couvrant près d’un cinquième du territoire russe, ces deux lionceaux appartiennent à une espèce disparue à la fin du Pléistocène supérieur (126.000 à 11.700 ans avant le présent).

LIONS DES CAVERNES

(Photo académie des sciences de Yakoutie)

Considérés comme les lions des cavernes les mieux conservés au monde, ces lionceaux pourraient permettre de préciser les causes de l’extinction de leur espèce voici quelque 11.000 ans et sa parenté avec le tigre et le lion actuels. Jusqu’alors, les chercheurs ne disposaient en effet que de squelettes, d’ossements et de dents, mais pas de spécimen entier avec sa fourrure.

Diverses sous-espèces

Originaire d’Afrique, le lion des cavernes (Panthera spelaea ou Panthera leo spelaea selon les auteurs) descendrait du lion (Panthera leo) et se serait répandu en Europe puis en Asie et en Amérique du Nord.

Le terme de lion des cavernes recouvre en fait plusieurs sous-espèces, à savoir le lion des cavernes primitif (Panthera spelaea fossilis ou Panthera leo fossilis) vivant au Pléistocène inférieur (entre 2,58 millions d'années et -781.000 ans) et moyen (de -781.000 à -126.000 ans), le lion des cavernes européen (P. s. spelaea ou P. l. spelaea), le lion de Béringie (P. s. vereshchagini ou P. l. vereshchagini) plus petit et présent dans l’Arctique sibérien et nord-américain au cours de la dernière période glaciaire, et le lion américain (Panthera spelaea atrox ou P. l. atrox).

Possédant un crâne plus court que le lion actuel, le lion des cavernes était vraisemblablement plus imposant, les grands mâles pouvant atteindre 3,5 mètres de long pour une masse oscillant entre 250 et 320 kilos.

Espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine : Pierre Thivillon ou l’homme qui murmure à l’oreille des gorilles

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Dans la bouche de Pierre Thivillon, l’affirmation n’a rien d’une formule toute faite. Près de 45 ans après le premier coup de pioche donné au lieu dit Combe Plotton, il reste le jeune homme enthousiaste rêvant d’élever des animaux sauvages, ou dits sauvages comme il aime à le préciser. À plus de 70 ans et au côté de son épouse Éliane, il se dévoue toujours corps, cœur et âme à son zoo, devenu en 1989 l’Espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine, dans la Loire.

LIVRE THIVILLON

Écrit avec le concours d’Yves Beau, Maman, pourquoi le monsieur y parle aux singes ? tient à la fois de l’autobiographie, du guide zoologique et de l’album de famille. Si le parc animalier a ouvert ses portes le 23 juillet 1972, avec notamment une femelle puma et quelques primates achetés à un marchand peu recommandable, la vie de l’établissement et de ses fondateurs allait connaître un tournant en août 1974 avec la venue d’Alexis. Le gorille devenait l’animal totem de l’établissement dont l’évolution évoque en partie celle des parcs zoologiques français depuis quatre décennies.

Franz de Waal ou la révélation

Premier de son espèce accueilli au zoo, le jeune mâle confié par des expatriés français vivant au Gabon marque en effet le début d’une extraordinaire histoire - d’amour - entre les Thivillon et ces fascinants anthropoïdes. Il sera rejoint durant l’été 1976 par l’emblématique Platon, sauvé de la casserole par la famille d’un médecin drômois, puis en février 1980 par un mâle et quatre femelles - dont l’une, baptisée Fatou, présentait la particularité d’arborer deux plaques blanches sur les avant-bras - transférés après bien des aléas depuis le Cameroun.

PLATON

Durant plus de 30 ans, Platon fut l’emblème du zoo de Saint-Martin-la-Plaine (coll. personnelle).

Atteints par la tuberculose, ces derniers auraient été condamnés par les autorités sanitaires de l’époque sans la farouche détermination de Pierre Thivillon, soutenu par le médecin de son village. Après 18 mois de traitements quotidiens, les gorilles furent enfin déclarés guéris.

Le rapport de Pierre Thivillon à ses protégés sera également bouleversé par la lecture de La politique du chimpanzé du primatologue et éthologue néerlandais Frans B. M. de Waal. La nuit passée à dévorer cet ouvrage changera à jamais l’approche du directeur envers les grands singes, en lui permettant de communiquer enfin avec eux.

Transféré dans la Loire le 29 novembre 1993 en provenance du Howletts Wild Animal Park (Royaume-Uni), Tam-Tam apportera un nouveau bonheur aux créateurs de l’Espace zoologique en devenant en 1995 le père du premier mâle reproducteur du parc et, un peu plus tard, celui de la célèbre Digit.

DIGIT

Digit en mai 2015 dans la « maison » bâtie pour elle par Pierre Thivillon et son équipe (photo Ph. Aquilon).

Ayant fait le choix de ne pas avoir d’enfant, Éliane et Pierre vivront alors une histoire hors du commun avec cette petite femelle. Née le 27 octobre 1998 des amours de Tam-Tam et Pamela, Digit fut rejetée par sa mère et élevée comme leur propre fille par ses parents adoptifs. Si Pierre Thivillon se pose avec franchise la question du bien-fondé d’une telle « éducation », il a su non seulement sauver Digit de l’abandon maternel mais aussi lui permettre de vivre aujourd’hui parmi ses congénères. Depuis 2014, Digit partage ainsi son enclos avec Likalé, un mâle natif du Burger’s Zoo (Pays-Bas).

Havre pour animaux maltraités

Cette relation exceptionnelle témoigne du dévouement inconditionnel de Pierre Thivillon pour ses pensionnaires et son parc zoologique. Une scène du documentaire de Quincy Russell « Un gorille dans la famille » (2007) le révèle ainsi submergé par l’émotion lorsque Damian Aspinall, le responsable de l’établissement du Kent, accepte en 2005 de lui confier trois nouveaux gorilles – Kishum, Tamelia et Bandi – originaires d’Howletts. Et Pierre Thivillon ne peut retenir ses larmes devant la caméra de l’émission « Hélène et les animaux » sur France 5à l’évocation des traitements subis par certains hôtes de l’association Tonga Terre d'Accueil.

GRANDE SERRE DES GORILLES DE SAINT-MARTIN-LA-PLAINE

La grande serre des gorilles de l’Espace zoologique, inaugurée en 2005 (photo Ph. Aquilon).

Créée en 2007 et unique en son genre au sein de la communauté des parcs zoologiques de l’Hexagone, T.T.A. a pour vocation de recueillir les primates et les félins abandonnés ou saisis, même si l’aventure a commencé avec un hippopotame amphibie confisquéà un cirque et a permis en 2012 à deux hyènes rayés d’échapper à d’épouvantables conditions de captivité au Liban.

Pour qui a eu la chance de croiser, dans la boutique du zoo et après une visite printanière sous le déluge, Pierre Thivillon préparant le repas du soir de Digit et son épouse Éliane pouponnant Tahise, petite femelle chimpanzé dont la mère refuse de s’occuper, ne peut que témoigner de la sincérité de l’engagement du couple.

THIVILLON Éliane et Pierre, BEAU Yves, CHRISTOPH Lucien (photographe), Maman, pourquoi le monsieur y parle aux singes ?, Éditions du Poutan,  août 2015, 160 p., 29 €.

Site de l’association Tonga Terre d'Accueil : www.association-tonga.com

Six rhinocéros blancs arrivent au zoo de San Diego comme futures mères porteuses

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Après un vol de 22 heures depuis Johannesburg (Afrique du Sud), six femelles rhinocéros blancs âgées de 4 à 7 ans sont arrivées jeudi 5 novembre 2015 au parc zoologique de San Diego (États-Unis) où elles ont été placées en quarantaine pour 30 jours.

L’établissement nord-américain a annoncé le lendemain que ces six animaux appartenant à la sous-espèce australe (Ceratotherium simum simum) ont été transférés en Amérique dans le cadre du programme de sauvegarde du rhinocéros blanc du Nord (C. s. cottoni) et doivent rejoindre le nouveau centre de sauvegarde des rhinocéros (Rhino Rescue Center’s) du zoo de San Diego. Spécialement conçu pour accueillir ces femelles, ce lieu ne sera pas accessible au public.

Classé en danger critique d’extinction, le rhinocéros blanc du Nord compte seulement quatre représentants encore vivants. Trois spécimens de cette sous-espèce sont élevés dans la réserve kényane d'Ol Pejeta : le mâle Sudan, capturé très jeune le 19 novembre 1973, et deux femelles, Najin  - née en captivité en 1989 - et sa fille Fatu, âgée de 14 ans. Tous ont été transférés le 20 décembre 2009 depuis le zoo de Dvůr Králové, en République tchèque. Par ailleurs, Nola, une femelle née en 1974, est toujours hébergée au Diego Zoo Safari Park (États-Unis) où elle est arrivée en 1989 en provenance du zoo tchèque.

NOLA

Nola, l’unique femelle rhinocéros blanc du Nord du San Diego Zoo Safari Park ici photographiée en avril 2015, est désormais trop âgée pour se reproduire (photo Jeff Keeton).

L’état de santé de Nola suscite d’ailleurs l’inquiétude des responsables du parc californien. Après une infection des sinus en janvier 2015, elle a été victime en mai d’un abcès à la hanche droite. Malgré les soins prodigués, l’infection bactérienne provoquant cet abcès est réapparue en septembre. Pour l’heure, son état de santé semble stabilisé. « L’imagerie thermique permet de surveiller l’évolution de cet abcès chronique et d’ajuster les traitements  [à base d’anti-inflammatoires et d’antibiotiques] », déclarait le mois dernier au San Diego Union-Tribune le Dr. Nadine Lamberski, directrice adjointe des services vétérinaires du San Diego Zoo Safari Park.

Le « zoo congelé »

L’établissement zoologique du sud de la Californie prévoit de recourir aux six femelles sud-africaines comme mères porteuses après l’implantation d’embryons de rhinocéros blancs du Nord. L’avenir de cette sous-espèce pourrait en effet se jouer dans le « zoo congelé » (Frozen Zoo) de l’institut de recherche pour la conservation (Institute for Conservation Research) du zoo de San Diego où sont maintenues des cultures cellulaires viables de 12 rhinocéros blancs du Nord. Les cellules individuelles peuvent être transformées en cellules souches pluripotentes susceptibles de produire n'importe quel tissu dans l'organisme.

RHINOCEROS BLANC FEMELLE EN CAPTIVITE AU SAFARI DE PEAUGRES

Femelle rhinocéros blanc du Sud en captivité au Safari de Peaugres, dans l’Ardèche, en mai 2015 (photo Ph. Aquilon).

Grâce à la fécondation in vitro, le premier objectif des scientifiques du zoo de San Diego devrait consister à recourir aux femelles du centre de sauvegarde pour donner naissance à des hybrides conçus avec le sperme de mâles rhinocéros du Nord et les ovules de femelles du Sud. Néanmoins, au regard des avancées de la génomique et de la technologie, les chercheurs espèrent créer ultérieurement des embryons du « purs » rhinocéros blancs du Nord que les femelles de la seconde sous-espèce mèneraient à terme.

Selon le San Diego Zoo Safari Park, le premier bébé rhinocéros blanc du Nord ainsi conçu pourrait voir le jour d’ici dix à quinze ans.

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