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Union internationale pour la conservation de la nature : l’avenir de la planète débattu à Hawaï

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Intitulé« La planète à la croisée des chemins », le congrès quadriennal de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) s’est ouvert ce jeudi 1er septembre 2016 à Honolulu, capitale de l'État d'Hawaï, aux États-Unis.

Jusqu’au samedi 10 septembre, des milliers de scientifiques, de chercheurs, d’universitaires, de chefs d’entreprises et de responsables politiques originaires du monde entier débattront des outils et des mesures envisageables pour mieux protéger des milieux naturels toujours plus fragiles et menacés.

Parmi les grands thèmes abordés lors de 1.500 événements figureront la protection des océans, la lutte contre le trafic des espèces sauvages, la sauvegarde de la biodiversité, l’atténuation de l’impact du dérèglement climatique ou encore la transition vers un développement plus durable. Avec, en toile de fond, cette question vitale pour l’avenir de l’humanité : comment concilier conservation de la nature et progrès humains ?

Ce congrès de l'UICN doit permettre de trouver des accords sur des sujets sensibles dans l’optique de futures échéances internationales comme la 17ème session de la Conférence des Parties à la Cites (CoP17), prévue à Johannesburg (Afrique du Sud) du samedi 24 septembre au mercredi 5 octobre 2016.

Plusieurs documents doivent être publiés durant la conférence, dont une mise à jour de la Liste rouge mondiale des espèces menacées.

Selon l’UICN, plus du quart des espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction, dont 42 % des amphibiens, 34 % des conifères, 33 % des coraux, 31 % des requins et raies, 26 % des mammifères et 13 % des oiseaux !


Zoo de Bristol : les phasmes de l'île Lord Howe se sont reproduits !

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Jeudi 1er septembre 2016, le jardin zoologique de Bristol (Royaume-Uni) a annoncé avoir obtenu la ponte d’œufs de phasmes de l'île Lord Howe (Dryococelus australis). Une première hors d’Australie pour cet insecte parmi les plus rares au monde.

Fin novembre 2015, l’établissement britannique avait reçu 300 œufs confiés par le zoo de Melbourne dans le cadre d'un programme international destinéà sauver cette espèce classée en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2015/12/02/33011030.html). D’autres œufs avaient également été adressés aux zoos de Toronto (Canada) et de San Diego (États-Unis). À Bristol, les premières éclosions avaient eu lieu début janvier 2016.

COUPLE DE PHASMES DE L'ILE LORD HOWE AU ZOO DE BRISOL

(Photo Bristol Zoo / Mark Bushell)

Trois couples reproducteurs

Mesurant jusqu’à 13 cm pour les femelles contre 10,6 cm pour les mâles, ces phasmes sont réputés être particulièrement difficiles à maintenir en captivé. Néanmoins, grâce aux compétences de l’équipe en charge des invertébrés au zoo de Bristol, six individus sont parvenus à l’âge adulte. Ils se sont accouplés et, pour la première fois hors d’Australie, de minuscules œufs ont été pondus. Les responsables du zoo anglais espèrent que ces six individus deviendront les fondateurs d’un programme d’élevage européen.

Durant près de 80 ans, le phasme de l'île Lord Howe fut présumééteint jusqu’à ce que des alpinistes découvrent, en 1964, un spécimen mort sur la pyramide de Ball. Sur ce piton rocheux se dressant dans la mer de Tasman à quelque 600 kilomètres à l’est de l'Australie, les phasmes consomment l’extrémité des feuilles d’un unique arbuste appelé« arbre à thé » (Melaleuca howeana). En revanche, ceux détenus dans le sud-ouest de l’Angleterre sont nourris avec des plantes cultivées à leur intention par des horticulteurs spécialisés.

OEUF DE PHASME DE L'ILE LORD HOWE

(Photo Bristol Zoo / Mark Bushell)

« Je suis aux anges, assure Mark Bushell, curateur des invertébrés au zoo de Bristol. Pouvoir travailler avec ces insectes tellement menacés est un rêve devenu réalité. Et les reproduire constitue un aboutissement dans ma carrière ! Cette espèce s’avérant très délicate àélever, les six spécimens adultes ayant atteint l’âge adulte constituent un succès incroyable pour le programme mondial de conservation destinéàéloigner ces phasmes du gouffre de l’extinction. »

Les œufs devraient éclore après six mois d’incubation. Les nymphes deviendraient alors la seconde génération de phasmes de l'île Lord Howe hébergée au zoo de Bristol, avec l’espoir que les suivantes, mieux adaptées au climat anglais et aux conditions de maintenance, se reproduisent avec un succès croissant.

Connaître pour protéger : un guide de terrain au secours des requins !

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Aussi méconnus que mal aimés, les requins traînent une mauvaise réputation entretenue par la presse à sensation et l’industrie cinématographique. Mieux les connaître pour mieux les protéger apparaît comme une urgence à l’heure où, d’après la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un quart d'entre eux sont menacés de disparition ! En outre, les données s’avèrent insuffisantes pour évaluer, directement ou indirectement, les risques d’extinction auxquels sont confrontées près de 45 % des espèces de requins.

Guide de terrain publié aux éditions Delachaux et Niestlé, Requins du monde entend favoriser la sauvegarde de ces fascinants poissons cartilagineux et permettre un meilleur respect de la législation internationale sur leur commerce. Selon un rapport de l’UICN dévoilé en 2013, quelque 73 millions de requins sont tués chaque année pour être commercialisés.

REQUINS DU MONDE

« À travers ces pages, nous souhaitons faire partager aux lecteurs notre amour des requins, afin de les encourager à soutenir les efforts nationaux et internationaux qui tentent de mettre fin à leur surexploitation actuelle », déclarent les auteurs, David A. Ebert et Sarah Fowler. Rédacteur d’une vingtaine d’ouvrages et de 360 articles scientifiques, le premier est directeur de programme au Pacific Shark Research Center et membre de la faculté de recherche Moss Landing Marine Laboratories aux États-Unis. La seconde a co-fondé le UK Shark Trust et la European Elasmobranch Association. Elle assure également la vice-présidence du groupe de spécialistes des requins de l'UICN.

Clé d’identification

Recensant 501 espèces dont 77 reconnues seulement depuis 2005, le livre débute par une présentation synthétique des chondrichtyens (requins, raies et chimères) puis de la biologie, de l’écologie, de la reproduction et des sens des requins. L’occasion de découvrir pourquoi les grands requins blancs (Carcharodon carcharias) nageant dans les milieux tropicaux s’avèrent plus maigres que leurs congénères évoluant dans les eaux froides.

Pour faciliter l’identification d’un individu, le guide adopte le principe de la clé de détermination, outil reposant sur une succession de choix d’après les caractères d'un spécimen. Les différentes sections taxonomiques commencent par une brève description englobant les caractéristiques morphologiques, la biologie et les statuts de pêche et de conservation des ordres et familles concernés.

REQUINS-MARTEAUX HALICORNES

Fréquentant les mers tempérées chaudes et tropicales, le requin-martin halicorne  (Sphyrna lewini) figure depuis 2007 parmi les espèces classées « en danger d’extinction ». Ici, des spécimens évoluant dans les eaux du parc national de l'île Cocos, au Costa Rica (photo Xvic).

En regard de l’illustration en couleur, la carte d’identité de chaque espèce décline les noms vernaculaire et scientifique, la longueur maximale connue - oscillant par exemple de 21 cm pour le sagre-elfe (Etmopterus perryi) à 2.100 cm pour le requin-baleine (Rhincodon typus), la distribution géographique, l’habitat, les critères d’identification, la coloration ou encore le statut sur la Liste rouge de l’UICN.

Enfin deux guides dans le guide, consacrés aux dents et aux nageoires - parties du corps à valeur économique, complètent utilement cet ouvrage et contribueront notamment à d’éventuelles identifications sur les sites de débarquement ou les marchés.

En mer comme sur terre, cet ouvrage à l’usage des observateurs novices comme des naturalistes avertis, des plongeurs et des scientifiques participe ainsi à la protection d’espèces essentielles à l’avenir des écosystèmes océaniques.

EBERT David A., FOWLER Sarah, DANDO MARC (illustrateur), Requins du monde, Delachaux et Niestlé, mai 2016, 256 p., 32 €.

Le Népal s’apprête à donner quatre rhinocéros indiens à la Chine

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Dimanche 10 juillet 2016, le gouvernement du Népal a accepté la suggestion du ministère des forêts et de la conservation des sols d’offrir à la Chine deux couples de rhinocéros indiens « dans le cadre du renforcement des relations bilatérales entre les deux États et pour la sauvegarde à long terme de la biodiversité ».

En janvier 2016, les autorités chinoises avaient évoqué leur souhait de recevoir des rhinocéros indiens lors d’une visite dans l’empire du Milieu d’Agni Agni Prasad Sapkota, ministre népalais des forêts.

Ce don d’animaux vivants à un autre État est le premier consenti par le Népal depuis 2007. Auparavant, l’organisation environnementale King Mahendra Trust for Nature Conservation - rebaptisée National Trust for Nature Conservation (NTNC) en 1982 - offrait, sous le patronage de la famille royale, des animaux à des zoos étrangers situés notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et à Singapour.

COUPLE DE RHINOCEROS INDIEN DANS LE PARC NATIONAL NEPALAIS DE CHITWAN

Couple de rhinocéros indiens en juin 2013 dans le parc national de Chitwan, situé au pied de l’Himalaya dans la partie népalaise de la plaine indo-gangétique (photo Manisamg).

« Pour nous, c’est une bonne nouvelle que la Chine veuille, à travers le rhinocéros, établir un nouveau champ de coopération pour la sauvegarde de la biodiversité », estime Maheshwar Dhakal, directeur général adjoint du Département des parcs nationaux et de la conservation de la faune sauvage (DNPWC).

Jadis, l’aire de répartition du rhinocéros indien s’étendait du nord du Pakistan jusqu’à la frontière indo-birmane en passant par le Népal, le Bangladesh et le Bhoutan. Il est possible que l’espèce ait été présente aussi en Birmanie, en Chine méridionale et en Indochine. Aujourd’hui, elle survit à l’état sauvage uniquement en Inde et au Népal.

Deux couples originaires du parc de Chitwan

Selon Sherdan Rain, ministre népalais de l’information et des communications, quatre adultes - deux mâles et deux femelles - seront donnés à la Chine. Ces quatre spécimens doivent être prélevés sur la population du parc national de Chitwan. Créée en 1973 et inscrite depuis 1984 sur la liste du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), cette aire protégée de 932 km2 abrite officiellement 600 des 645 rhinocéros indiens recensés dans le pays (*). Au milieu des années 1960, la population népalaise de rhinocéros était évaluée à moins d’une centaine d’individus !

Le Népal s’enorgueillit d’ailleurs de ses remarquables résultats dans son combat contre le braconnage, avec aucun crime enregistré pendant trois des cinq dernières années. Malheureusement, après deux années consécutives sans braconnage, un rhinocéros adulte a été  victime des trafiquants cet été. Samedi 20 août 2016, ce mâle âgé d’une quinzaine d’années avait été blessé par balles à la tête et à une cuisse dans une forêt du district de Rautahat, près du parc de Chitwan. Les braconniers s’étaient lancés à sa poursuite mais avaient pris la fuite après avoir croisé des habitants. Dès le lendemain, le rhinocéros avait été transporté dans l’enceinte du parc national de Chitwan où il a finalement succombé mardi 6 septembre 2016.

PANNEAU DE SENSIBILISATION DANS LE PARC NATIONAL DE CHITWAN

Panneau de sensibilisation dans le parc national de Chitwan (photo Smnbhattarai).

Situé sur les anciens territoires de chasse de la famille royale et couvrant 968 km2, le parc national de Bardia héberge 34 individus, tandis que les réserves fauniques de Suklaphanta et de Parsa en accueillent respectivement huit et trois.

Ces données tiennent compte du relâché, début mars 2016, de cinq rhinocéros originaires du parc national de Chitwan dans celui de Bardia. Le précédent transfert du premier vers le second remontait à 2003 !

Des experts divisés

Un plan controversé prévoit le déplacement de 20 à 30 individus entre ces deux zones protégées d’ici trois ans. Cette initiative provoque en effet la colère de certains défenseurs de l’environnement estimant le parc national de Bardia « peu sûr » : le dernier recensement avait fait état de la présence de 29 pachydermes alors que 70 rhinocéros avaient été transférés entre 1985 et 2003 de Chitwan vers la vallée de Bardiya, au sein du parc national de Bardia. Souvent cité en exemple dans la lutte contre la chasse illégale, le parc national de Chitwan a seulement perdu trois spécimens depuis 2010, dont le dernier le 2 mai 2014.

RHINOCEROS INDIEN DANS LE PARC NATIONAL DE BARDIA AU NEPAL

Rhinocéros unicorne dans le parc national de Bardia, au sud-ouest du Népal (photo Krish Dulal).

Les partisans du programme, soutenu par l’antenne népalaise du Fonds mondial pour la nature (WWF), jugent pourtant cet argument réducteur. À leurs yeux, ce dernier dépeint de façon partiale l’histoire et les enjeux de la sauvegarde des rhinocéros au Népal. Ils rétorquent qu’entre 2000 et 2006, le parc national de Chitwan a enregistré une chute de 31 % de ses effectifs, tombés de 544 à 372 individus, essentiellement en raison du braconnage. Celui-ci s’était envolé durant la  guerre civile népalaise ayant déchiré le pays de 1996 à 2006 et contraint une partie de l’armée à délaisser la protection des parcs nationaux.

Depuis, la surveillance de ces régions a été renforcée. À Bardia, le nombre de gardes - aujourd’hui de 33 - a presque doublé et le parc n’a officiellement subi aucun acte de braconnage depuis 2010 ! Dans le passé, les soldats abandonnaient certaines zones du parc lors de la mousson à cause des risques d’inondation, laissant alors le champ libre aux trafiquants. Aujourd’hui, ils maintiennent leurs positions toute l’année tandis que les actuels lieux de relâchés seraient moins exposés aux inondations.

Le spectre de la tuberculose

«J’ai personnellement visité les sites où les rhinocéros seront libérés, assure Fanindra Raj Kharel, directeur général du DNPWC. Je me suis assuré que nous avions tout mis en œuvre pour maintenir les rhinocéros sains et saufs dans leur nouvel environnement. Leur sécurité constitue notre principal défi. Nous avons une solide expérience dans ce domaine et nous sommes confiants. »

1515 RHINOCERVS DE DURER

Le plus célèbre rhinocéros indien est sans doute celui immortalisé par le dessinateur et graveur allemand Albrecht Dürer (1471-1528) au XVIème siècle (1515 RHINOCERVS, gravure sur bois par Albrecht Dürer, 1515, British Museum, Londres (Royaume-Uni).

Toutefois, une autre menace inquiète les spécialistes puisque, jeudi 3 mars 2016, un article publié dans la revue Emerging Infectious Diseases mentionnait la découverte d’un cas de tuberculose sur une femelle retrouvée morte, à la mi-février 2015, dans la zone tampon située à l’ouest du parc national de Chitwan. Cet animal aurait été infecté par une nouvelle souche bactérienne (Mycobacterium orygis).

Pour l’heure, aucune information n’a filtré sur les conséquences éventuelles de cette annonce sur le programme de « relocalisation » des rhinocéros entre les deux parcs nationaux népalais.

Visite reportée

Les détails concernant le choix des spécimens destinés à la Chine, les conditions de transfert et les sites précis devant accueillir les pachydermes n’ont pas encore été dévoilés. Les rhinocéros seront officiellement offerts au président de la République populaire de Chine Xi Jinping lors d’une visite au Népal prévue d’ici le mois d’octobre 2016.

En contrepartie des quatre rhinocéros, la Chine doit fournir une aide financière et technique au laboratoire médico-légal de Bhaktapur, collaborer à la création d’un centre international des forêts communautaires et soutenir différents projets de protection de la faune au Népal.

Trois experts népalais devaient découvrir les futurs habitats des rhinocéros lors d’une visite programmée du 15 au 21 août 2016 en Chine. Celle-ci a finalement été reportée au début du mois de septembre dans l’attente de la constitution d’une seconde équipe, composée notamment de représentants de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).

RHINOCEROS INDIENS AU ZOO DE BALE (SUISSE)

En 1956, le zoo de Bâle a enregistré la première naissance d’un rhinocéros indien en captivitéà l’époque contemporaine. Ici deux spécimens photographiés au « Zolli » en août 2015 (photo Ph. Aquilon).

Considéré comme « en danger d’extinction » depuis 1986, le rhinocéros indien est classé depuis 2008 comme « vulnérable » sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Depuis 1990, il bénéficie d’un programme européen d’élevage en captivité (EEP) de l'association européenne des zoos et aquariums (EAZA), géré par le zoo suisse de Bâle.

En France, cinq établissements hébergent des rhinocéros indiens : le Cerza (14), le zoo du bassin d’Arcachon (33), le ZooParc de Beauval (41), le parc animalier et botanique de Branféré (56) et Touroparc.zoo (71). Cette espèce est également maintenue au zoo de Bâle (Suisse) et au parc animalier de Planckendael (Belgique).

(*) Ces données ne tiennent pas compte du cas de braconnage recensé durant l’été 2016.

Sources : The Kathmandu Post, The Himalayan Times, AFP,  Hindustan Times, Mongabay.

Panthère de Perse : premières réintroductions dans le Caucase russe !

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Nées en captivité, trois panthères de Perse ont recouvré la liberté, vendredi 15 juillet 2016, dans les montagnes du Caucase russe. Ce premier relâché constitue une étape cruciale dans le programme de réintroduction de cette sous-espèce (Panthera pardus saxicolor), classée depuis 1996 « en danger » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Les trois spécimens – deux mâles et une femelle – ont vu le jour dans le centre d’élevage et de réintroduction créé en 2009 dans le parc national de Sotchi.

ARRIVEE DES TROIS LEOPARDS SUR LE SITE DE REINTRODUCTION

Les trois panthères ont été transportées par hélicoptère jusqu’au site du relâché (avec l’aimable autorisation du centre caucasien de sauvegarde du léopard).

Avant d’être confrontés au milieu naturel, ces animaux ont appris à parfaire leurs talents de prédateur et àéviter tout contact avec l’homme. « Le but de mon travail est de stimuler artificiellement leurs instincts naturels », souligne Umar Semenov, biologiste et directeur  du centre caucasien de sauvegarde du léopard, structure couvrant 12 hectares et disposant, outre la zone de reproduction, de six enclos avec arbres, mares, cachettes et structures d’escalade.

D’après les données transmises par leurs colliers émetteurs, les trois léopards relâchés cet été semblent en bonne santé et chassent comme l’espéraient les responsables du projet, ainsi que l’a confirmé fin septembre M. Semenov à BIOFAUNE.

Nouveau noyau de population

Selon un article paru le 4 mai 2016 dans la revue PeerJ, l’aire historique de répartition du léopard de Perse aurait régressé de 72 à 84 % ! D’après cette étude, la présence du félin est confirmée en Afghanistan, en Arménie, en Azerbaïdjan, en Iran, en Irak, au Pakistan, en Russie, en Turquie et au Turkménistan. Elle est possible également en Géorgie et en Ouzbékistan. En revanche, elle est très improbable au Tadjikistan. Enfin, cette sous-espèce est éteinte au Liban et en Syrie.

En 2008, les spécialistes estimaient entre 871 et 1.290 le nombre d’individus matures survivant dans la nature. L’Iran abriterait actuellement 87 % de cette population sauvage.

ULTIMES PREPARATIFS

Ultimes préparatifs (photo Anton Agarkov / WWF Russie).

Jadis, la panthère de Perse était largement répandue dans l’ensemble de la chaîne caucasienne. Les effectifs ont dramatiquement chuté jusqu’au milieu du XXème siècle, le léopard s’éteignant dans plusieurs régions. Aujourd’hui, seules des populations isolées subsistent dans quelques zones montagneuses du Caucase.

« L’objectif du programme de réintroduction est de bénéficier, à terme, de noyaux de population significatifs en Iran et dans le Caucase russe permettant la survie de divers petits groupes et de la sous-espèce elle-même», explique Igor Chestin, directeur de l’antenne russe du Fonds mondial pour la nature (WWF). 

L’organisation environnementale et l'Académie des sciences de cRussie ont initié ce plan de réintroduction en 2005. En 2007, il fut approuvé par le ministère russe des ressources naturelles et de l’environnement avant de recevoir, en 2009, le soutien de Vladimir Poutine en personne.

Un couple prolifique

Le centre d’élevage et de  réintroduction a reçu ses deux premiers pensionnaires en 2009. Baptisés General et Alous, ces mâles, dont l’âge actuel est estiméà 16 -17 ans pour le premier et 12-13 ans pour le second, avaient été capturés la même année dans le milieu naturel au Turkménistan. En 2010, ils furent rejoints par deux femelles d’origine sauvage en provenance d’Iran. Cheri a vu le jour en 2008 dans la province septentrionale de Mazandaran et Mino en 2009 dans celle voisine du Golestan.

Puis, le 21 octobre 2012, le mâle Zadig et la femelle Andrea, alors respectivement âgés de 9 et 7 ans, furent transférés du zoo de Lisbonne (Portugal) en Russie avec l’accord de l'association européenne des zoos et aquariums (EAZA). Ce couple s’était déjà reproduit dans l’établissement lusitanien avec huit petits nés de trois portées.

Enfin, en juillet 2015, Simbad, un jeune mâle né le 19 juillet 2013 au Parc des félins de Lumigny-Nesles-Ormeaux (Seine-et-Marne) s’envolait à son tour pour la Russie (voir http://biofaune.canalblog.com/archives/2016/03/01/33446403.html).

RELACHE DE LA FEMELLE VICTORIA

La femelle Victoria s’apprête à quitter sa caisse de transport (avec l’aimable autorisation du centre caucasien de sauvegarde du léopard).

En juillet 2013, Andrea a donné le jour à deux petits, les premiers à venir au monde au centre d’élevage de Sotchi. Depuis, ce dernier a enregistré 12 autres naissances. La dernière en date a eu lieu à la mi-juin 2016 avec trois léopardeaux fruits de l’union de Cheri et Alous. Ces derniers sont aussi les parents des deux mâles relâchés mi-juillet. Baptisés Akhun et Killy, ceux-ci sont nés respectivement le 13 août 2013 et le 10 juillet 2014.

En revanche, la femelle réintroduite, baptisée Victoria et venue au monde le 11 juillet 2013, est issue de l’une des portées lusitaniennes.

Par ailleurs, les lignées des spécimens, d’origine sauvage ou captive, maintenus à Sotchi constituent un atout pour cette sous-espèce dont les populations vivant  à l’ouest et au centre de l’aire de distribution présenteraient une diversité génétique réduite.

GENEALOGIE DES LEOPARDS DU CENTRE DE REINTRODUCTION DU CAUCASE

Généalogie des léopards de Perse maintenus et nés au centre de réintroduction de Sotchi (document WWF Russie).

La menace des remonte-pentes

Si Umar Semenov espère la création d’un corridor protégé sur toute la longueur du Caucase russe afin de faciliter la dispersion des futures fratries et de prévenir la consanguinité, les défenseurs de l’environnement s’inquiètent du développement touristique à l’ouest du massif. En effet, le gouvernement russe semble remettre en cause le plan de compensation environnementale prévu dans le cadre des XXIIes Jeux olympiques d'hiver, organisés en février 2014 à Sotchi.

Même si des fonds débloqués pour cette compétition ont été alloués au centre d’élevage, les infrastructures liées aux JO avaient déjà empiété sur les territoires de migration des léopards et de leurs proies, assure Igor Chestin. La construction d’une route le long de la Mzymta, un petit fleuve côtier de 89 km prenant sa source à 2.980 m d'altitude et se jetant dans la mer Noire, scinde notamment en deux un territoire essentiel pour le grand félin, là même où un individu avait été observé voici une trentaine d’années.

Et les promoteurs souhaitent maintenant étendre les domaines skiables, notamment en amont de la Mzymta. « Cette zone sépare deux populations de bouquetins », relève Anatoly Kudaktin, attaché scientifique en chef auprès de la réserve naturelle et biosphérique d’État du Caucase, soulignant l’importance d’un couloir protégé dans la vallée supérieure du fleuve.

CARTE DE LA ZONE DE REINTRODUCTION

Carte de la zone de réintroduction (document WWF Russie).

Dmitri Kozak, le vice-premier ministre en charge de l’héritage olympique, serait un partisan du développement touristique dans cette zone. À en croire le quotidien britannique The DailyTelegraph, les services de M. Kozak auraient demandé au ministère de l’environnement de faciliter de tels aménagements au sein du parc national et même de réduire la superficie de la réserve naturelle et biosphérique d'État du Caucase où les trois léopards ont été relâchés en juillet dernier !

Une hypothèse très crédible puisqu’en octobre 2015, Sergeï Donskoy, le ministre de l’environnement, a signé un décret autorisant la construction d’équipements « touristiques » dans la vallée de la Mzymta.

« Comme promis en 2012, ce secteur devrait être inclus dans une zone élargie du site du Caucase de l'Ouest figurant sur liste du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, déclare Igor Chestin. La Russie rompt l’engagement fait auprès de l’Unesco et du comité international olympique. » Un groupe d’experts des Nations unies a d’ailleurs réagi, estimant les revirements des autorités russes susceptibles de compromettre la réintroduction de la panthère de Perse.

LE PARC NATIONAL DE SOTCHI EN HIVER

Vue hivernale du parc national de Sotchi (photo Skas).

Espoir présidentiel

Selon le magazine National Geographic, un amendement législatif présenté en juin dernier devant le Parlement permettrait la construction d’infrastructures touristiques dans des réserves strictement protégées. Cette disposition aurait été adoptée sous la pression du lobby des stations de ski de la région de Sotchi, soupçonnent certains défenseurs de l’environnement.

Aux yeux de l’antenne russe du WWF, la présence de stations de ski dans la haute vallée de la Mzymta reviendrait à réduire un programme d’ampleur international à un simple projet local avec, à la clef, 30 ou 40 spécimens isolés dans la réserve naturelle du Caucase.

Une inconnue de taille demeure dans cet épineux dossier : quelle sera la position de Vladimir Poutine ? Le président russe faisant volontiers état de son intérêt pour les grands félins, les protecteurs du léopard veulent garder espoir…

RELACHE DU MALE KILLY

Équipé de son collier émetteur, le mâle Killy court vers la liberté (avec l’aimable autorisation du centre caucasien de sauvegarde du léopard).

Appel aux zoos européens

Pour les experts, seul un effectif minimal d’une cinquantaine d’adultes permettra le maintien d’une population stable dans la région. « Les prochaines réintroductions sont prévues pour 2018 », a annoncé M. Semenov à BIOFAUNE. Elles concerneront cinq des six panthères nées en 2016 : les trois jeunes du couple Cheri/Alous et les deux de la paire portugaise dont un petit n’a pas survécu.

Ces relâchés auront lieu dans des zones différentes pour éviter la consanguinité. Des recherches sont actuellement menées pour trouver les sites adéquats.

AKHUN AU CENTRE CAUCASIEN DE SAUVEGARDE ET DE REINTRODUCTION DU LEOPARD DE PERSE

Le mâle Akhun en février 2016, lors de sa phase de préparation à la vie sauvage (photo-trap centre caucasien de sauvegarde du léopard).

En revanche, malgré tous les espoirs générés par son transfert en Russie, Simbad ne sera vraisemblablement pas relâché dans les forêts du Caucase. «Il n’a pas peur des hommes », a expliqué Umar Semenov à BIOFAUNE. Pour autant, le léopard né au Parc des félins reste précieux pour les responsables du centre de Sotchi, en quête d’une femelle avec laquelle l’apparier.

Umar Semenov reste convaincu que des individus nés dans des établissements zoologiques peuvent retrouver la liberté. « Deux conditions sont essentielles, précise le biologiste russe. Le protocole d’élevage et un transfert vers le centre de réhabilitation entre 14 et 16 mois. »

« J’espère que des zoos européens rejoindront notre programme et pourront transférer de jeunes léopards vers notre structure afin que nous préparions leur retour dans la nature. »

Aux parcs zoologiques du Vieux Continent de mener à bien cette mission.

 

En France, six établissements hébergent des panthères de Perse : le zoo de La Barben (13), le ZooParc de Beauval (41), le zoo de Champrepus (50), le refuge de l’Arche (53), le parc zoologique d’Amnéville (57) et le Parc des félins (77).

Cette sous-espèce est également maintenue au parc zoologique Dählhölzli (Tierpark Dählhölzli) de Berne, en Suisse.

Voici le lien vers une vidéo du relâché :

Sources : WWF Russie, The Daily Telegraph, National Geographic, UICN.

Naissances exceptionnelles de pirolles à queue courte au zoo de Chester !

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Quatre pirolles à queue courte (Cissa thalassina) ont vu le jour ces derniers mois au zoo de Chester (Royaume-Uni). La première éclosion a lieu lundi 13 juin et la dernière lundi 15 août 2016. Une première dans un établissement britannique et un espoir pour la survie de ce passereau classé depuis 2012 « en danger critique » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Tous les nouveau-nés ont étéélevés par leurs parents.

«J’ai eu le privilège de travailler avec de nombreux oiseaux rares et magnifiques, mais aucun n’était aussi précieux que la pirolle à queue courte, l’une des espèces les plus menacées au monde», affirme Andrew Owen, curateur des oiseaux dans le zoo du nord-ouest de l’Angleterre.

PIROLLES A QUEUE COURTE AU ZOO DE CHESTER

Reconnaissable à ses plumes bleues, l’un des quatre jeunes nés ces dernières semaines au zoo de Chester (photo Chester Zoo).

Selon certaines sources, le nombre total de pirolles à queue courte dans le milieu naturel s’élèverait à moins de cent spécimens. Et les experts redoutent que la situation du rarissime passereau endémique des forêts montagneuses de l’ouest de l’île de Java (Indonésie) n’ait empiré au cours des derniers mois. Aucune observation récente n’a été signalée et la pirolle à queue courte pourrait désormais être très proche de l’extinction à l’état sauvage !
En décembre 2015, six couples avaie'nt été transférés depuis l'Asie du Sud-Est vers le zoo de Chester afin d’initier le premier programme d’élevage en dehors de l’archipel indonésien (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2015/12/27/33124444.html). Depuis plus de six ans, l’institution britannique collabore avec le Cikananga Wildlife Centre.

«Durant ce laps de temps, nous avons assistéà la disparition quasi totale de la pirolle à queue verte dans la nature à cause du trafic illégal», relève M. Owen. Outre le braconnage, le passereau - arborant un magnifique plumage vert rehaussé d’un masque noir, d’un bec rouge et de rémiges et de couvertures alaires marron – est également victime de la perte de son habitat liée à l’’expansion agricole et à la déforestation. Situé au sud de la ville de Sukabumi, dans la province de Java occidental, le centre de reproduction indonésien a enregistré sa première naissance en mars 2013. Il abrite actuellement 19 pirolles à queue courte.

PIROLLE A QUEUE COURTE AU ZOO DE CHESTER

(Photo Chester Zoo)

«Notre objectif à long terme est de permettre la réintroduction en Indonésie d’oiseaux nés en Europe», souligne le responsable du zoo de Chester. Ce dernier gère le programme européen d’élevage en captivité (EEP) de l'association européenne des zoos et aquariums (EAZA).
Avec les jeunes nés cette année, le zoo de Chester héberge aujourd’hui 11 pirolles à queue courte. Quatre oiseaux parmi les 12 importés l’an dernier ont en effet été confiés par le parc animalier britannique à d’autres institutions européennes. Le zoo de Prague (République tchèque) et le Durrell Wildlife de Jersey ont reçu ainsi chacun un couple dans le cadre du programme d’élevage.

Exposition « Espèces d’Ours » : le plantigrade au fil des âges

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Découvrir ou mieux connaître les huit espèces d’ours, appréhender les enjeux de leur conservation, mettre en lumière l’histoire évolutive des ursidés, évoquer les relations complexes entre l’homme et les plantigrades à travers le temps et la mythologie… Du mercredi 12 octobre 2016 au lundi 19 juin 2017, l’exposition « Espèces d’Ours », proposée par le Muséum national d’histoire naturelle et visible dans la Grande Galerie de l'Évolution au Jardin des plantes de Paris, aborde ces différents thèmes à travers une scénographie où spécimens naturalisés, squelettes et pièces ostéologiques côtoient bornes multimédia, jeux interactifs et vidéos.

AFFICHE ESPECES D'OURS

(© Steven Kazlowski / Nature Picture Library - Volodymyr Burdyak / Shutterstock.com)

Le visiteur pourra ainsi découvrir Cannelle, l’ultime représentante de la souche pyrénéenne originelle, abattue par un chasseur le 1er novembre 2004. S’ancrant dans l’actualité, les concepteurs de l’exposition ont choisi d’évoquer la réintroduction de l’ours dans le massif franco-espagnol avec plusieurs vidéos offrant des clés de compréhension sur ce sujet toujours très sensible.

De l’art pariétal à Teddy bear

L’évocation des origines de l’ours, par l’entremise de squelettes, de fossiles, d’arbres phylogénétiques ou de films, bat en brèche certaines idées reçues. Comme celle faisant de l’ours des cavernes (Ursus spelaeus), apparu en Europe aux alentours de -150.000 ans, l’ancêtre de nos ours bruns. Ils sont en fait de simples « cousins ».

Selon une étude parue en août 2016 dans le Journal of Quaternary Science, l’ours des cavernes était exclusivement végétarien et aurait disparu voici quelque 25.000 ans à cause de son régime alimentaire exclusif. Et alors que les ancêtres du panda géant et de l’ours à lunettes ont divergé de ceux des six autres ursidés actuels il y a respectivement 17 et 10 millions d’années, l’ours blanc s’est différencié très récemment de l’ours brun (vers - 500.000 ans), même si la datation précise divise encore les experts.

OURSE CANNELLE

L’ourse Cannelle naturalisée (© Muséum de Toulouse – Christian Nitard).

Par ailleurs, un mur d’art pariétal dévoile divers dessins et gravures, copies des merveilles abritées notamment dans les grottes de Lascaux (Dordogne), Chauvet (Ardèche) ou des Trois-Frères (Ariège). Néandertaliens (environ - 300.000 à - 28.000 ans) et premiers Homo sapiens auraient peu chassé l’ours, lequel symbolisa la puissance et l’autorité durant l’Antiquité et la première partie du Moyen Âge. Le lion prendra ensuite sa place, le plantigrade se trouvant dès lors associéà la luxure, la bêtise et la gloutonnerie. Il faudra attendre le début du XXème siècle pour voir cette image évoluer avec l’apparition de l’ours en peluche.

Toujours plus vulnérables

Aujourd’hui, six des huit espèces d’ours – le grand panda (Ailuropoda melanoleuca), l'ours noir d'Asie (Ursus thibetanus), l’ours malais (Helarctos malayanus), l’ours lippu (Melursus ursinus), l’ours blanc (Ursus maritimus) et l’ours à lunettes (Tremarctos ornatus) – sont classées vulnérables par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), c’est-à-dire confrontées à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage ! Et si l’ours brun (Ursus arctos) et l’ours noir américain ou baribal (Ursus americanus) sont globalement considérés comme une « préoccupation mineure », certaines de leurs populations et/ou sous-espèces s’avèrent aussi en danger.

La fragmentation et la destruction de leur habitats, conséquences de l’expansion de l’agriculture, de la déforestation et de l’urbanisation, constituent les principales menaces planant sur l’avenir des ursidés. La majorité d’entre eux sont également victimes du braconnage et le réchauffement climatique pourrait réduire comme une peau de chagrin le territoire de l’ours polaire.

OURS BLANC SUR LA BANQUISE

Un ours blanc sur la banquise. Pour combien de temps encore ? (© Anette Holmberg / Shutterstock.com).

Après avoir quitté l’exposition et munis du plan « Parc’Ours », les visiteurs pourront parcourir le Jardin des plantes à la recherche de lieux et d’œuvres immortalisant l’ours. L’occasion de découvrir les anciennes fosses de la ménagerie, d’admirer la copie du célèbre Ours blanc de Pompon (1955-1933), et de saluer d’autres spécimens naturalisés dont le panda offert en décembre 1973 par le premier ministre chinois au président Pompidou. Li Li trône désormais dans la Grande Galerie de l’Évolution devant la salle des espèces menacées et disparues…

Pendant la durée d’« Espèces d’ours ! », des conférences, des rencontres et des débats seront proposés : le programme détaillé est disponible sur le site web de l’exposition.
Enfin, du samedi 10 décembre 2016 au dimanche 14 mai 2017, une série de clichés du photographe naturaliste Vincent Munier sera accrochée aux grilles du jardin de l’école de botanique. Une autre approche de l’univers fascinant des ours, de la banquise aux forêts d’Europe orientale.

Informations pratiques
• Du 12 octobre 2016 au 19 juin 2016, Muséum national d’Histoire naturelle, Jardin des plantes, Grande Galerie de l’Évolution, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire, Paris Vème.
• Ouverture de 10 à 18 heures, tous les jours, sauf le mardi et le 1er mai.
• Tarifs : 11 € plein tarif / 9 € tarif réduit (billet couplé avec la visite de la Grande Galerie de l’Évolution).
• Informations : 01 40 79 54 79 / 56 01
• Site Internet : especesdours.fr

Le vautour moine bientôt de retour dans les Balkans ?

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Autrefois largement répandu dans les Balkans, le vautour moine (Aegypius monachus) se reproduit désormais dans cette région d’Europe méridionale au sein d’une unique colonie située à Dadia, un village de la province de Macédoine-Orientale-et-Thrace, au nord-est de la Grèce.

Grâce aux efforts de protection fournis localement par l’antenne grecque du Fonds mondial pour la nature (WWF), cette population reproductrice reste stable, avec environ 35 couples.

Considéré comme « quasi menacé »sur l’ensemble de son aire de distribution par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ce rapace diurne reste rare - et très localisé - dans les Balkans. Les ornithologues ne l’aperçoivent guère en dehors des environs de Dadia. Le vautour moine construisant généralement son nid dans les arbres, l'exploitation forestière et ses perturbations constituent une menace importante planant sur son avenir.

VAUTOUR MOINE

Vautour moine dans l'Estrémadure, au sud-ouest de l’Espagne (Photo Francesco Veronesi).

Pourtant, les effectifs de l’unique représentant du genre Aegypius sont en hausse en Espagne, en France et au Portugal avec respectivement 2.500, 35 et 10 couples reproducteurs.

Dès lors, la récente observation d’un vautour moine en Serbie fait figure de bonne nouvelle à l’heure où la VultureConservation Fondation (VCF) et différents partenaires préparent la réintroduction de l’espèce en Bulgarie, au centre de la chaîne montagneuse des Balkans.

Le spécimen a été photographié dans la réserve naturelle spéciale de l'Uvac, au sud-ouest du pays. Cette aire protégée abrite 104 espèces d’oiseaux dont une importante colonie de vautours fauves (Gyps fulvus).

En 2015, des vautours moines avaient déjàété aperçus en Serbie tandis que d’autres spécimens sont recensés chaque été dans les Alpes italiennes orientales.

Alors que le vautour moine a vraisemblablement disparu de l’Hexagone comme espèce reproductrice au début du XXe siècle, la France compte aujourd'hui trois populations distinctes, toutes issues de programmes de réintroduction menés dans les Grands Causses de 1992 à 2004 puis, depuis respectivement 2004 et 2005, dans la Drôme et dans le Verdon.

VAUTOUR MOINE DETAIL

Spécimen captif en août 2015 au Bioparc de Doué-la-Fontaine, dans le Maine-et-Loire (Photo Ph. Aquilon).

Les premiers relâchés dans les montagnes des Balkans sont prévus pour 2018 dans le cadre d’un projet LIFE (instrument financier pour l'environnement) soutenu par l’Union européenne.

Avec les populations croissantes en Europe occidentale, la colonie stable de Dadia et le projet LIFE mis en en œuvre en Bulgarie, les défenseurs du vautour moine espèrent que ce magnifique oiseau – atteignant jusqu’à 2,85 mètres d’envergure – nichera progressivement à travers l’ensemble des Balkans et recolonisera ainsi une partie de son ancienne aire de répartition.


Canton de Vaud : les premiers bisons d’Europe espérés dans un an !

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Au début de l’année 2016, le biologiste Alain Maibach, coordinateur scientifique du projet d’une cellule de conservation du bison d’Europe en Suisse romande, promettait de « passer à la vitesse supérieure » après le préavis positif délivré par la Direction générale de l’environnement (DGE) du canton de Vaud (voir http://biofaune.canalblog.com/archives/2016/02/05/33318707.html).

Début août, le plan sectoriel forestier détaillant la gestion spécifique des 123 hectares de forêt concernés sur la commune de Suchy a ainsi été transmis à la DGE. Cette dernière a également reçu les réponses à ses réserves relatives aux déplacements de la faune locale et concernant l’orientation des parcs et la nature des enceintes. Cet automne, l’heure est maintenant à l’information du grand public.

BISON D'EUROPE A ZOODYSSEE

Bison d’Europe en captivitéà Zoodyssée, dans les Deux-Sèvres, en mai 2016 (photo Ph. Aquilon).

«  La Diana [société des chasseurs suisses] a peur qu’en période de chasse, des animaux en fuite buttent sur les clôtures », explique M. Maibach. « Nous allons donc laisser un maximum d’ouvertures dans les enclos non occupés. » Les bovidés occuperont un seul des trois parcs à la fois. A priori, la chasse restera autorisée dans les deux autres, puisque les clôtures ajourées doivent permettre le passage de la faune sylvestre.

L’espoir semble donc de mise chez les défenseurs de cette initiave soutenue par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et dont le feu vert sera – ou non – délivré par Jacqueline de Quattro, directrice du Département du territoire et de l’environnement (DTE) du Conseil d'État du canton de Vaud. « Nous espérons voir des bisons à Suchy d’ici un an », lance avec optimisme M. Maibach.

Des vaches ou presque…

Le site pourrait alors accueillir quatre ou cinq individus, en l’occurrence « un ou deux mâles et trois à quatre femelles, dont certaines auront déjà eu des petits », annonce le coordinateur scientifique, soucieux de bien préciser la nature de la future cellule de conservation; « Cela ne sera pas Juraparc, ni un quelconque jardin zoologique. Aucun accès et aucune infrastructure ne seront aménagés spécialement pour le public. Il s’agit d’un processus scientifique, avec le maintien de l’affectation forestière. »

L’objectif est de favoriser la diversité génétique de l’espèce. L’une des menaces planant sur l’avenir du bison d’Europe reste en effet la consanguinité, la lignée de la sous-espèce des plaines descendant de seulement sept individus fondateurs. « Nous serons, en quelque sorte, des hôteliers pour les bisons. Après avoir généré une descendance, ils retrouveront leur milieu naturel, en Pologne ou en Biélorussie, et seront remplacés par d’autres spécimens. Il n’est pas question de réintroduire ce mammifère en Suisse », assure Alain Maibach. Si la réintroduction du bison d’Europe dans l’arc jurassien suisse a étéévoquée en 2013 par un groupe de scientifiques (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2013/12/15/28667450.html ), cette suggestion n’a, semble-t-il, connu aucune avancée concrète depuis.

BISON D'EUROPE AU PARC ANIMALIER DE GRAMAT

Bison d’Europe au parc animalier de Gramat (Lot), en août 2016 (photo Ph. Aquilon).

Le bison d’Europe (Bison bonasus) se serait éteint en Suisse au XIème siècle, près de 300 ans après avoir disparu du sol français. Les expériences de réintroduction menées notamment en Pologne puis en Allemagne ont démontré que les bisons ne présentaient guère de danger pour l’homme, le risque majeur étant celui de collisions avec les voitures.

« Ce n’est pas un animal dangereux, sauf en période de rut », assure M. Maibach. « Le public pourra d’ailleurs entrer dans le parc, sous sa propre responsabilité, comme c’est le cas dans les pâturages à bétail. Les promeneurs pourront toujours se balader dans la forêt, à l’intérieur des enclos. Ils seront avertis de la présence des bisons et du bon comportement à adopter, de la même manière que l’on rencontre des vaches dans les pâturages jurassiens et alpins. »

Pour découvrir le site de l’association « Bisons d’Europe de la forêt de Suchy » : www.bisons-suchy.ch/

Sources : 24 Heures, LaTribune de Genève, La Région Nord vaudois.

Canada : le zoo de Calgary vole au secours du tétras des armoises

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Le zoo de Calgary vient d’inaugurer son centre d’élevage de tétras des armoises, une première au Canada pour ce phasianidé d’Amérique du Nord. Jadis très courant dans les Prairies – région agricole située entre le bouclier canadien et les montagnes Rocheuses – et au nord-ouest des États-Unis, cet oiseau est devenu l’une des espèces les plus fragiles du pays à la feuille d’érable. Le tétras des armoises est en effet menacé par l’anthropisation de son habitat avec le développement des activités pétrolières, de l'agriculture et  de l'élevage.

Entrant dans sa troisième année, le programme mené par le zoo de l’Alberta souhaite établir une population captive viable et ainsi, à terme, consolider l’espèce dans la nature grâce à des relâchés.

TETRAS DES ARMOISES MALE

Tétras des armoises mâle photographié en 2011 dans le comté de Butte, à l’ouest du Dakota du Sud, aux États-Unis (photo Steve Fairbairn / USFWS).

En 2012, les effectifs canadiens du tétras des armoises (Centrocercus urophasianus) étaient estimés entre 93 et 138 oiseaux adultes, après avoir subi un déclin de 98 % depuis 1988. Selon Axel Moehrenschlager, directeur de la conservation et de la science au zoo de Calgary, les spécialistes redoutaient alors la disparition pure et simple de l’espèce dans une fourchette de deux à cinq ans.

« L’une des suggestions d’un groupe d’experts fut alors de créer un centre d’élevage afin de réintroduire les nouveau-nés dans le milieu naturel pour permettre l’augmentation du nombre de tétras sauvages », explique M. Moehrenschlager.

Fermé au public

En janvier 2013, le gouvernement fédéral, celui de l'Alberta et le zoo de Calgary ont donc conclu un partenariat de 2,1 millions de dollars (environ 1,4 million d'euros) pour initier un programme de reproduction et d’élevage en captivité du tétras des armoises. Par ailleurs, en décembre de la même année, le gouvernement fédéral publiait un décret d'urgence destinéà restreindre le développement industriel et à protéger les tétras sur les terres de la Couronne dans les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan.

Selon une étude réalisée au printemps 2016, la population totale de ces oiseaux au Canada se situerait désormais entre 250 et 350 spécimens.

DEVONIAN WILDLIFE CONSERVATION CENTER

(Photo zoo de Calgary)

Couvrant près de 2.900 m2 et baptisé« Snyder-Wilson Family Greater Sage-Grouse Pavilion », le centre de reproduction et d’élevage du tétras des armoisesa étéérigé au sein du Devonian Wildlife Conservation Center à De Winton, un hameau au sud de l’agglomération de Calgary. Fermé au public, ce site de 120 hectares accueille depuis 1984 les programmes de conservation du zoo de l’Alberta. Il abrite aujourd’hui ceux consacrés à la grue blanche (Grus americana), à la marmotte de l’île de Vancouver  (Marmota vancouverensis) - lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2016/07/11/34069310.html, au cheval de Przewalski (Equus ferus przewalskii) et à la chevêche des terriers (Athene cunicularia).

Afin de contribuer à la sauvegarde de cette chouette, l’établissement canadien a en effet lancé durant l’été 2016  un projet original en collaboration avec le ministère de l’environnement et du changement climatique, le service canadien de la faune et l’agence gouvernementale Parcs Canada.

Durant neuf mois, l'établissement animalier de l’Alberta va maintenir en captivité de jeunes rapaces recueillis dans la nature pour leur permettre de surmonter les rigueurs de l’hiver local. Ces jeunes chevêches passeront l'hiver au Devonian Wildlife Conservation Center puis, au printemps prochain, seront relâchées munies d'un émetteur permettant de suivre leurs déplacements.

Sous l’œil des caméras

Aménagé en plein air et planté avec des espèces recréant l’habitat naturel des oiseaux, le centre de reproduction et d’élevage du tétras des armoisesest protégé par un toit et doté de caméras. Grâce à elles, les scientifiques peuvent surveiller les gallinacés et enrichir les connaissances sur l’incubation, le taux de survie et la reproduction des tétras.

Cette année,  des œufs ont été collectés dans le parc national des Prairies, au sud-ouest de la Saskatchewan, et dans des pontes d’oiseaux transférés du Montana (États-Unis) vers l’Alberta. Actuellement, le zoo de Calgary maintient déjà 18 tétras des armoises.

VUE DU CENTRE DE REPRODUCTION ET D'ELEVAGE DU TETRAS DES ARMOISES

Le « Snyder-Wilson Family Greater Sage-Grouse Pavilion » a été construit au cœur du Devonian Wildlife Conservation Center,  situéà une vingtaine de km au sud du zoo (photo zoo de Calgary).

La taxonomie de ce tétras fait toujours l’objet de controverses. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considère l’espèce comme monotypique et lui octroie,  depuis 2004, le statut de « quasi menacée » dans sa liste rouge. En revanche, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) distingue deux sous-espèces. La première, Centrocercus urophasianus urophasianus, aurait une aire de répartition circonscrite au sud-est de l'Alberta et au sud-ouest de la Saskatchewan. La seconde, C. u. phaios, aurait été présente jusqu’au début du XXème siècle dans la région méridionale de vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique. Devant l’absence d’observation depuis plus d’un siècle, le COSEPAC la considère éteinte.

TETRAS DES ARMOISES FEMELLE AU CENTRE D'ELEVAGE DU ZOO DE CALGARY

Tétras des armoises femelle dans le centre d’élevage du zoo canadien (photo zoo de Calgary).

En 2000, la population états-unienne de tétras vivant au sud-ouest du Colorado et à l’extrémité sud-est de l’Utah a étéérigée au rang d’espèce à part entière sur la base d’analyses moléculaires. Les tétras du Gunnison (Centrocercus minimus) sont notamment un tiers plus petits que ceux des armoises et arborent un plumage plus dense à l’arrière de la tête. Cette espèce est classée « en danger » d’extinction par l’UICN.

Sources : zoo de Calgary,Environnement et Changement climatique Canada,Radio-Canada, Calgary Sun, UICN.

« Oiseaux de France et d’Europe » : un guide à lire et àécouter !

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Un guide de format digest à lire, à feuilleter, à emporter sur le terrain mais aussi àécouter et réécouter. Outre la présentation de 800 espèces du Paléarctique occidental, Oiseaux de France et d’Europe propose en effet un CD avec 99 chants et cris d’oiseaux,  de la fauvette mélanocéphale (Sylvia melanocephala) au martinet à ventre blanc (Tachymarptis melba) en passant par l’oie à bec court (Anser brachyrhynchus), l’alouette lulu (Lullula arborea) ou le pic épeiche (Dendrocopos major). Idéal pour affiner son oreille, identifier un oiseau à son seul chant paraissant souvent une gageure au novice.

OISEAUX DE FRANCE ET D'EUROPE

Récemment publié aux éditions Larousse, cet ouvrage est scindé en trois parties avec d’abord les 330 espèces les plus fréquemment rencontrées sur le Vieux Continent, puis quelque 190 autres moins communes et, enfin, les hôtes très rares, originaires des régions voisines. Chacune est classée par ordres et par familles, les oiseaux les plus proches étant ainsi réunis après une introduction pour chaque groupe.

Les oiseaux que l’ornithologue a le plus de chances de croiser bénéficient d’une page complète avec, par souci de clarté, une présentation identique et riche en données : photos en gros plan, sous des angles divers et dans des plumages variés, dessin(s) en vol, caractères de l’espèce (voix, nidification, régime alimentaire), carte de répartition avec bandeau précisant les mois où l’oiseau est visible dans l’Hexagone, milieux fréquentés et comportement typique, sous-espèces éventuelles, espèces proches ou encore schéma du vol parmi les sept types distingués dans ce livre.

Les espèces moins communes sont illustrées d’un unique cliché accompagné d’une description détaillée, les très « occasionnelles » étant brièvement décrites avec mention de leur origine.

Les auteurs revendiquent leur choix d’une approche photographique, à leurs yeux plus « précise et objective » que le traditionnel dessin et « authentique » puisque saisissant l’oiseau à un moment donné. « Les photographies peuvent ne pas rendre la couleur comme le ferait un artiste mais la réalité même de la variation n’en est pas moins instructive. »

Outre un utile glossaire, ce guide propose une introduction susceptible d’aider les lecteurs en leur délivrant de précieux conseils pour une identification aussi sûre que possible. « Un nouvel oiseau est aussi difficile à identifier qu’une personne inconnue dans une rue bondée », assurent les trois experts internationalement reconnus ayant signé ce volume. Des propos finalement rassurants pour tous les débutants…

HUME Rob, LESAFFRE Guilhem, DUQUET Marc, Oiseaux de France et d’Europe, Éditions Larousse, avril 2016, 456 p., 29,95 €.

Pathologies cardiaques des grands singes captifs : une étude inédite lancée en Europe !

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Baptisée Ape Heart Project, une étude lancée conjointement par l’université de Nottingham et le zoo de Twycross (Royaume-Uni) souhaite mieux comprendre les causes des maladies cardiovasculaires affectant les gorilles, les chimpanzés, les orangs-outans et les bonobos captifs. Ces affections constitueraient en effet « une cause majeure » de mortalité chez plusieurs espèces de grands singes maintenus dans des établissements zoologiques. Malheureusement, les connaissances sur ces pathologies – et donc les moyens de les prévenir et de les soigner – restent lacunaires.

Le projet anglais a été lancé après un recensement des grands singes morts dans les établissements européens entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2014. Les données recueillies portent sur 151 gorilles, 384 chimpanzés, 120 orangs-outans e t47 bonobos. Pour l’heure, ces travaux n’ayant pas encore fait l’objet d’une publication, le zoo de Twycross ne souhaite pas communiquer les taux de mortalité précis liés aux maladies et aux troubles cardiovasculaires. Néanmoins, ceux-ci seraient significatifs pour trois des quatre taxons de grands singes, a révélé l’établissement anglais à BIOFAUNE.

ORANG-OUTAN DE BORNEO AU ZOO DE TWYCROSS

Orang-outan de Bornéo photographié en juin 2008 au zoo anglais de Twycross, dans les Midlands de l'Est (photoPrincess Bala Vera).

Initiéà l’échelle européenne pour une durée de dix ans et soutenu par l’association européenne des zoos et aquariums (EAZA), le programme est dirigé par le Dr. Sharon Redrobe, directrice générale du zoo anglais et primatologue de renommée internationale. Elle est notamment la conseillère vétérinaire du groupe des spécialistes des grands singes (Great Ape Taxon Advisory Group) de l’EAZA.

L’objectif de ces travaux auxquels participe une équipe composée de vétérinaires, de cardiologues et de chercheurs est notamment de déterminer la cause et la nature exacte des pathologies cardiaques affectant les grands singes en captivité.

Ces recherches sont ouvertes aux zoos membres de l’EAZA mais aussi à d’autres établissements du Vieux Continent n’appartenant pas à cette association et même à des institutions et des sanctuaires animaliers non européens.

Causes mal connues

« Pour le moment, nous ignorons pourquoi ces hominoïdes développent de telles affections en captivité », explique le Dr. Victoria Strong, de l’école vétérinaire et de Biosciences del’université de Nottingham.  « Nous devons aussi découvrir si les individus sauvages sont touchés au même degré», précise la première des doctorants à avoir travaillé sur le projet.

Selon cette vétérinaire, ces maladies cardiaques ne seraient pas liées, comme chez l’homme, au mode de vie et au régime alimentaire. « Chez les humains, on constate souvent une accumulation de corps gras, à l’origine de l’athérosclérose, provoquée par une nourriture déséquilibrée et un manque d’activité physique. Or,  à ce jour, ce n’est pas ce que nous constatons chez ces primates. »

BONOBO A LA VALLEE DES SINGES

Bonobo en mai 2014 à La Vallée des Singes, établissement situéà Romagne, dans la Vienne (photo Ph. Aquilon).

« Protégés des prédateurs, des braconniers et des maladies infectieuses, ces espèces vivent plus longtemps dans les zoos que dans la nature », relève Victoria Strong. « La dégénérescence liée à l’âge est donc l’une des pistes possibles pour expliquer la fréquence des affections cardiovasculairesChez les grands singes, on observe la mort du muscle cardiaque alors remplacé par un tissu cicatriciel. Pour l’heure, nous n’avons pas déterminé les causes de cettedégénérescence du tissu cardiaque et nous nous intéressons  à l’implication possible de facteurs génétiques, de l’alimentation voire de virus. »

Examens systématiques

Depuis octobre 2010, un programme intituléGreat Ape Heart Project (GAHP) a été lancé sous l’égide du zoo d’Atlanta, en Géorgie (États-Unis), pour répondre au besoin de la communauté zoologique de mieux cerner les pathologiques cardiovasculaires chez les grands singes. Néanmoins, il concerne essentiellement les parcs animaliers nord-américains et très peu d’investigations ont été conduites pour mesurer la portée des cardiopathies chez les grands singes élevés en captivité en Europe. La nécessité d’une étude dédiée à ces populations s’est donc fait jour. Le zoo de Twycross travaille d’ailleurs en étroite collaboration avec l’équipe américaine,  le Dr. Sharon Redrobe siégeant au comité exécutif du GAHP et participant à ses réunions.

GORILLE A L'ESPACE ZOOLOGIQUE DE SAINT-MARTIN-LA-PLAINE

Gorille des plaines de l’Ouest à l’Espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine, dans la Loire, en mai 2015 (photo Ph. Aquilon).

D’ores et déjà,  les responsables du Ape Heart Project ont émis quelques recommandations visant à améliorer la santé des grands singes hébergés dans les parcs animaliers européens. Lors d’interventions vétérinaires sous anesthésie, ils préconisent systématiquement une mesure de la pression artérielle et une échocardiographie. Celles-ci doivent permettre d’identifier les individus présentant des problèmes cardiaques et la mise en place de traitements appropriés.

Voici une vidéo en anglais présentant l’étude conduite par l’université de Nottingham et le zoo de Twycross :

Le site du Ape Heart Project propose aux professionnels intéressés toutes les informations et les documents téléchargeables nécessaires pour participer à cette étude : https://twycrosszoo.org/conservation/research-at-twycross-zoo/current-research/ape-heart-project/

 

Des escargots éteints dans la nature réintroduits en Polynésie française

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La première réintroduction dans la nature d’escargots appartenant au genre Partula a eu lieu en septembre 2016 à Tahiti et Moorea. 1.700 spécimens ont été relâchés dans plusieurs sites surveillés de ces îles de Polynésie française distantes de 17 kilomètres.

Ces escargots terrestres appartiennent à trois espèces, Partula dentifera, P. tristis et P. mooreana, déclarées éteintes dans le milieu naturel par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). 

Les spécimens réintroduits ont été confiés par cinq institutions zoologiques anglaises (Bristol, Marwell, Londres, Chester et Whipsnade) et par le zoo de Thoiry (Yvelines) où sont nés 134 d’entre eux.

Par ailleurs, outre des individus appartenant àP. mooreana, le zoo d’Édimbourg (Écosse) a transféré en Polynésie, dans le cadre de ce projet, des escargots appartenant à quatre autres (sous-)espèces : Partula affinis, P. suturalis vexillum, P. tohiveana and P. taeniata simulans. Ces trois dernières sont considérées comme disparues dans la nature,  P. affinis étant classé« en danger critique d’extinction » par l’UICN.

ESCARGOTS PARTULA

Escargots Partula de retour dans le milieu naturel (photo © Zoological Society of London).

Durant 14 ans et jusqu’en août 2016, le zoo de Thoiry a eu la responsabilité de l’élevage, en France, de six espèces d’escargots Partula, en l’occurrence P. gibba, P. hyalina, P. dentifera, P. mooreana, P. tristis, et P. suturalis. Cette dernière est également éteinte dans la nature, P.hyalina etP. gibba figurant  respectivement comme « vulnérable » et « en danger critique d’extinction » sur la Liste rouge de l’UICN.

Quelque 31.000 individus ont vu le jour dans l’établissement francilien pendant cette période, permettant la constitution d’un « réservoir » génétiquement viable  pour ces différentes espèces de gastéropodes arboricoles dont trois  Partula affinis, P.hyalina et P. nodosa– ont déjàété réintroduites en octobre 2013 dans une réserve protégée tahitienne (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2013/10/07/28163602.html).

Une lutte biologique désastreuse

Présentes uniquement dans le Pacifique Sud, plus de 125 espèces d’escargots du genre Partula vivaient autrefois en Polynésie, en Micronésie et en Mélanésie. Leur soudain et brutal déclin a été provoqué par la décision des autorités de recourir à l’euglandine, un escargot carnivore originaire de Floride (États-Unis), pour lutter contre un autre gastéropode, l’achatine (Achatina fulica). Importéà des fins alimentaires à Tahiti en 1967, ce dernier s’est révéléêtre un redoutable ravageur des cultures vivrières et maraîchères. Introduit  à Tahiti en 1974, à Moorea en 1977 puis  sur d’autres îles à partir de 1980 dans l’espoir d’éradiquer l’achatine, l’euglandine (Euglandina rosea) a en fait décimé les escargots Partula.

ESCARGOT PARTULA

(Photo ©Arthus Boutin / Parc et Château de Thoiry)

Sur les îles de la Société, seules cinq ou six espèces sur 60 (ou 61 selon les sources) ont survécu. À Moorea, sept espèces sur huit se sont éteintes. À Tahiti, quatre ou cinq espèces sur huit ont disparu. Les 33 espèces de Raiatea, les quatre de Huahine, les six de Tahaa et l’unique de Bora Bora ont été exterminées.

Se nourrissant de matières végétales en décomposition, ces escargots jou(ai)ent un rôle essentiel dans  l’écologie de leurs forêts d’origines. L’extinction des Partula constitue sans doute l’un des cas les mieux documentés de l’impact sur la biodiversité d’une lutte biologique mal contrôlée. Une dizaine d’espèces survivaient jusqu’ici uniquement dans des institutions zoologiques.

Estimant sa mission de conservation accomplie à l’issue de la réintroduction de septembre dernier, le zoo de Thoiry a choisi se retirer du programme d’élevage en captivité (EEP) de l'association européenne des zoos et aquariums (EAZA), géré depuis 1996 par le zoo de Londres (Royaume-Uni). Il reste toutefois très impliqué dans la sauvegarde des invertébrés à travers un projet de reproduction ex situ et de réintroduction du criquet de Crau (Prionotropis rhodanica). Endémique de la plaine de Crau dans les Bouches-du-Rhône, cet orthoptère est considéré comme « en danger critique d’extinction » par l’UICN (voir http://biofaune.canalblog.com/archives/2015/08/25/32534737.html).

« Guide des chevaux d’Europe » : une encyclopédie de terrain !

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De tous les continents, l’Europe est le berceau du plus grand nombre de races de chevaux. Quelques-unes sont mondialement célèbres comme le pur-sang, le lipizzan, le frison, le percheron ou le lusitanien. D’autres, trop nombreuses, se trouvent au bord de l’extinction et risquent de s’éteindre dans l’indifférence quasi générale. « Quand une race disparaît, c’est un pan génétique entier de l’espèce « cheval » qui disparaît », souligne Élise Rousseau, auteure du Guide des chevaux d’Europe, récemment paru aux éditions Delachaux et Niestlé. « Aujourd’hui, les protecteurs de l’environnement, tout d’abord sceptiques à l’idée de protéger des animaux domestiques, intègrent de plus en plus l’idée de l’importance de la sauvegarde de ces races », relève la journaliste et « biodiversitaire » (*).

GUIDE DES CHEVAUX D'EUROPE

Si distinguer certains chevaux aux caractéristiques marquantes s’avère relativement aisé, reconnaître la plupart des autres est un exercice délicat, notamment pour les chevaux dit « de sport ».  La présentation pays par pays choisie pour ce livre de petit format doit permettre une identification aussi sûre que possible, bien des races n’ayant jamais franchi les frontières de leur région de naissance.

En recensant près de 300 chevaux du très à la mode irish cob au primitif dülmen en passant le menacé trait vladimir, le baroque napolitain ou le cleveland bay cher à la reine d’Angleterre, cette somme exhaustive a préféré, par souci de cohérence, le dessin à la photo. Signées Yann Le Bris, les illustrations sont d'ailleurs d’une précision remarquable.

Un patrimoine fragile

Au terme arbitraire de poneys, Élise Rousseau a délibérément préféré celui de petits chevaux. Un pictogramme est ainsi attribué aux races toisant moins de 1,48 m au garrot. Des symboles distinguent également les populations férales, les chevaux de trait, les races possédant au moins une allure supplémentaire (amble ou tölt) et celles considérées comme rares ou très rares, c’est-à-dire comptant respectivement moins de 5.000 ou de 1.000 individus à travers la planète. Les races sont par ailleurs désignées selon leur nom le plus couramment utilisé ou, le cas échéant, par une transcription fidèle à la prononciation dans la langue originelle.

La dernière partie du livre est consacrée aux chevaux natifs d’autres zones géographiques mais néanmoins présents sur le Vieux Continent où d’aucuns sont très communs – le quarter horse, l’arabe ou le miniature américain par exemple – ou au contraire plus exceptionnels, tels l’akhal-téké ou le marwari indien.

KNABSTRUP

Malgré sa robe spectaculaire, le knabstrup danois reste une race rare, ayant frôlé la disparition. Les croisements pratiqués avec le pur sang ont toutefois contribuéà son regain de popularité (photo Paul Hermans).

Évoquant dans une introduction très complète la difficultéà parfois trancher entre races et types, Élise Rousseau évoque aussi les critères et préjugés du monde équestre européen, relatifs notamment à la taille, aux allures ou aux robes, loin d’être universellement partagés.

Soulignant la situation alarmante de diverses races à un sabot du gouffre, cette encyclopédie de terrain se veut un vibrant un plaidoyer en faveur de la  sauvegarde de tous ces chevaux, adaptés aux climats et aux écosystèmes les ayant vus naître. L’avenir du novoalexandrovsk géogien, du leutstettener hongrois, du skyros grec, du giara sarde, du landais, de l’eriskay écossais et de tant de races européennes fragiles reflètera notre capacitéà protéger et  à valoriser l’extraordinaire diversité de ce patrimoine équin menacée par le spectre de l’uniformisation. La disparition d’une race domestique scelle toujours celle d’une partie de l’histoire des hommes qui l’ont façonnée.

(*) Pour découvrir le blog « Les biodiversitaires » d’Élise Rousseau et de l’ornithologue Philippe J. Dubois : www.lesbiodiversitaires.fr/

ROUSSEAU Élise, LE BRIS Yann (illustrations), Guide des chevaux d’Europe, Delachaux et Niestlé, août 2016, 352 p., 30 €.

Légère embellie pour les hippopotames du parc national des Virunga (RDC)

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Selon les conclusions d’une étude parue en septembre 2016 dans la revue Suiform Soundings, éditée par le groupe des spécialistes des suidés sauvages (WPSG), des pécaris (PSG) et des hippopotames (HSG) de la commission de sauvegarde des espèces de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les hippopotames du parc national des Virunga, en République démocratique du Congo (RDC), se rétabliraient enfin. Durant des décennies, cette population a été victime du braconnage et de la perte de son habitat.

Ces  travaux ont été menés par des chercheurs de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et de la Wildlife Conservation Society (WCS), organisation non gouvernementale dont le siège se trouve au zoo du Bronx, à New York (États-Unis).

« Espèce emblématique du continent africain, l’hippopotame est de plus en plus menacé par la chasse et d’autres facteurs », souligne Deo Kujirakwinja, expert  auprès de la WCS et principal auteur de cet article. « Nos découvertes sur la hausse de cette population locale sont encourageante et démontrent que les efforts entrepris pour ces pachydermes et d’autres espèces portent leurs fruits. »

HIPPOPOTAMES DANS LE PARC NATIONAL DES VIRUNGA, EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Hippopotames dans le parc national des Virunga, en juin 1989 (photo Ad Meskens).

Toutefois, le nombre actuel d’hippopotames présents au sein de cette aire protégée représenterait à peine 11 % de la population estimée au milieu des années 1950 et seulement 8,2 % des effectifs recensés en 1974. Lesquels atteignaient alors près de 30.000 individus.

Des hippopotames bien cachés

Cependant, toutes ces données doivent être appréciées  à l’aune de la nature des prospections. En effet, conflits armés obligent, les comptages aériens ont longtemps été privilégiés. Or ceux menés au sol permettent d’identifier davantage d’animaux et donc d’affiner les estimations. Les hippopotames immergés dans les lacs ou les rivières échappent souvent aux observateurs survolant leurs territoires.

Créé en 1925 sous le nom de parc Albert, le parc national des Virunga – le plus ancien d’Afrique  et couvrant 7.800 km2 – aurait abrité au début des années 1970 la plus importante population du continent, avec notamment des groupes très importants dans les rivières Rutshuru et Rwindi. Les études ultérieures ont mis en évidence un déclin brutal du nombre d’hippopotames sous les effets conjugués de la chasse et du développement des activités humaines, en particulier agricoles, phénomène affectant également d’autres grands mammifères dans l’est de la RDC.

D’après les experts, la légère remontée de la population enregistrée entre 2013 et 2015 résulte du renforcement des mesures de protection dans la zone du lac Édouard et de son réseau fluvial. Elle a également été favorisée par la collaboration entre les autorités de ce site inscrit depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) et les pêcheurs locaux, congolais comme ougandais.

« Les dernières études ont démontré l’importance de la rivière Ishasha, à la frontière avec l’Ouganda, pour la sauvegarde des hippopotames », souligne Andrew Plumptre, chercheur pour la WCS et coauteur de ce rapport. « Ici,  les efforts de conservation transfrontaliers ont été couronnés de succès. »

Depuis 2006, l'hippopotame amphibie (Hippopotamus amphibius) est considéré comme « vulnérable » par l’UICN, c’est-à-dire confrontéà un risque élevé d’extinction à l’état sauvage.

HIPPOPOTAME AMPHIBIE

(Photo Ph. Aquilon)

La menace de l’or noir

Jusqu’à très récemment, le développement des activités pétrolières en RDC a menacé l’avenir du parc national des Virunga. Finalement, en mai 2013, le groupe français Total décidait de n’entreprendre aucune prospection dans la zone protégée. En juin de l’année suivante, la compagnie britannique Soco s’engageait également à quitter le parc à l’issue de sondages sismiques entrepris dans le lac Édouard. En juin 2015, cette multinationale anglo-saxonne a été mise en cause par l’ONG Global Witness pour ses liens avec l’armée congolaise et les pressions exercées sur les populations locales hostiles à ses projets.

Si Soco dément toute implication, de lourds soupçons ont pesé sur la société anglaise après l’embuscade dont a été victime, le mardi 15 avril 2014, le directeur du parc national, Emmanuel de Merode. Juste avant cette tentative de meurtre, ce dernier avait remis au procureur de la République de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, un dossier à charge contre le groupe pétrolier. Grièvement blesséà l’abdomen et au thorax, l’anthropologue et primatologue belge avait heureusement annoncé, le jeudi 22 mai 2014, son retour à la tête du parc.

LAC EDOUARD

Vue du lac Édouard depuis la rive ougandaise avec, en arrière-plan, la République démocratique du Congo (photo Duncan Wright).

Aujourd’hui, les écologistes s’inquiètent de l’ouverture à la prospection offshore de la partie du lac Édouard située en Ouganda. S’étendant sur 2.150 km2 dans la vallée du grand rift, ce lac est au cœur de l’écosystème des Virunga« Autoriser le forage pétrolier est incompatible avec le statut de site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco que les deux gouvernements concernés ont l’obligation de protéger », soulignaient, jeudi 21 janvier 2016, une soixantaine d’organisations de défense de l’environnement – dont Greenpeace, l’African Wildlife Foundation (AWF) et la Société zoologique de Londres (ZSL) - réunies dans une coalition à l’appel de Global Witness. « Le forage pétrolier dans le lac Édouard peut avoir un effet dévastateur sur les Virunga, la population et la faune locales », prévenait alors George Boden, le porte-parole de cette ONG luttant contre le pillage des ressources naturelles,  la corruption et les violations des droits environnementaux dans les pays en développement.

Malgré l’embellie actuelle, l’horizon reste donc chargé de nuages pour les hippopotames des Virunga.


Gorilles de montagne : le dernier « dos argenté» de Dian Fossey est mort

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À sa naissance le 14 novembre 1978, il  avait été baptisé« Cantsbee ». Jusqu’alors, Dian Fossey croyait en effet que sa mère était un mâle. En découvrant le nouveau-né, la célèbre primatologue américaine s’était exclamée « It cant’t be » (« Cela ne se peut pas »), finalement devenu « Cantsbee ».

Cet individu exceptionnel allait marquer l’histoire des gorilles de montagne en devenant le dominant du plus grand groupe jamais recensé, en conservant sa suprématie de dos argenté durant la plus longue période connue, en engendrant le plus grand nombre de descendants et en repoussant la durée de vie maximale estimée pour un mâle de sa sous-espèce.

Lundi 10 octobre 2016,  lors de leurs observations quotidiennes, les pisteurs du Dian Fossey Gorilla Fund ont constaté l’absence de Cantsbee parmi les siens. Toutefois, en raison de son âge avancé, celui-ci pouvait se trouver en arrière de son groupe, d’autant que ce dernier se déplace beaucoup. Le lendemain, les guides partirent donc sur les traces du vieux mâle. En vain. Des recherches plus poussées furent ensuite lancées sur une zone élargie. Lundi 3 novembre 2016, les dernières furent conduites par sept équipes du Dian Fossey Gorilla Fund et du parc national des volcans, au Rwanda. Sans davantage de succès. L’évidence de la mort de Cantsbee, à presque 38 ans, s’est alors imposée.

CANTSBEE

Cantsbee (Photo The Dian Fossey Gorilla Fund International).

En 1995, Cantsbee avait succédé au dos argenté Pablo dont le groupe porte toujours le nom. Depuis quelques années, son fils Gicurasi s’était cependant imposéà la tête de cette famille. Étroitement suivi par Dian Fossey puis par ses successeurs après l’assassinat de la scientifique le 26 décembre1985, Cantsbee s’était révéléêtre un dos argenté  impressionnant et un père particulièrement attentif. Il veillait ainsi sur les jeunes orphelins dont les mères avaient prématurément disparu.

« Le plus puissant de tous ! »

« Je pense qu’il était le plus puissant et le plus sûr de lui parmi tous les dominants », assure Veronica Vecellio, responsable du Dian Fossey Gorilla Fund au centre de recherche de Karisoke (Rwanda). Durant des années, Cantsbee était parvenu à assurer la cohésion de sa famille. Cette dernière comporte plusieurs mâles, ce qui devrait constituer un atout pour l’avenir de ce groupe dont la dynamique future intrigue les spécialistes.

Après la mort de Cantsbee, une femelle prénommée Poppy, née le 1er avril 1976, est désormais l’ultime survivante des gorilles étudiés par Dian Fossey.

« La longévité et la réussite de Cantsbee témoignent non seulement de sa force mais aussi de l’efficacité des  dispositifs de protection et du suivi assurés chaque jour par les pisteurs duDian Fossey Gorilla Fund », estime Tara Stoinski, présidente et directrice scientifique de cet organisme. « Lors de la venue au monde de Cantsbee, le braconnage était à l’un de ses niveaux les plus élevés, incitant Dian Fossey à mettre en place des patrouilles pour lutter contre ce fléau. Grâce à cette protection rapprochée, maintenue depuis des décennies, Cantsbee a eu la vie la plus longue et la plus réussie de tous les gorilles mâles jamais observés. »

À la fin des années 1970, la population de gorilles dans les monts des Virunga avait chutéà 250 individus. Cette sous-espèce risquait de s’éteindre à l’orée du nouveau millénaire. Aujourd’hui, un demi-siècle après le début des travaux de Dian Fossey, les effectifs ont presque doublé et s’élèvent à 480 gorilles dans cette chaîne volcanique située le long de la frontière septentrionale du Rwanda, de la République démocratique du Congo (RDC) et de l'Ouganda. Au total, avec la population vivant dans la forêt impénétrable de Bwindi, au sud-ouest de l'Ouganda, le nombre total de gorilles de montagne est estiméà environ 880 individus.

Le Dian Fossey Gorilla Fund souhaite désormais appliquer les méthodes ayant permis de sauver le gorille de montagne à la seconde sous-espèce de gorille de l'Est (Gorilla beringei). Endémique de la RDC, le gorille de Grauer – ou gorille des plaines orientales – figure actuellement sur la liste des 25 primates les plus menacés au monde établie par le groupe des spécialistes des primates (PSG) de la commission de sauvegarde des espèces de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la société zoologique de Bristol, la société internationale de primatologie (IPS) et l’organisation non gouvernementale Conservation International (CI)

Les gorilles de montagne (Gorilla beringei beringei ) et de Grauer (G. b. graueri) sont tous deux classés « en danger critique » d’extinction par l’UICN.

Pour découvrir Cantsbee en vidéo :

Le lynx et l’aigle ibériques menacés par une nouvelle hécatombe des lapins de garenne

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Une nouvelle menace plane sur l’avenir de deux espèces emblématiques de la pointe sud-ouest de l'Europe, le lynx pardelle et l’aigle ibérique.

En effet, selon une étude du Centre de recherches en biodiversité et ressources génétiques de l'Université de Porto (CIBIO/UP) parue le 31 octobre 2016 dans les Scientific Reports du groupe Nature, le nouveau virus (RHDV2) de la maladie hémorragique virale du lapin (VHD), caractérisé en France en 2010, provoque une chute annuelle de 20 % de la population de lapins sauvages (Oryctolagus cuniculus) en Espagne et au Portugal. Or ce lagomorphe représente entre 80 et 99 % du régime alimentaire du félin et constitue la proie préférée du rapace.

Ayant désormais presque entièrement remplacé les RHDV classiques dans la péninsule ibérique, le RHDV2 serait apparu en 2011 en Espagne et l’année suivante au Portugal. D’après les chercheurs Pedro Esteves et Joana Abrantes, ce nouveau variant du virus affecte également les nouveau-nés, compromettant ainsi la reproduction du lapin de garenne. Plus de la moitié des victimes de l’épizootie seraient des lapereaux de moins de six mois.

LYNX IBERIQUE

Plus petit que le lynx boréal (Lynx lynx), le lynx pardelle pèse entre 10 à 12 kilos et possède souvent 28 dents contre 30 chez les autres félidés. Son pelage roux est orné de petites taches noires. Ce cliché d’un spécimen adulte a été pris dans un centre d’élevage (photo www.lynxexsitu.es).

«Confrontés à une pénurie alimentaire, le lynx et l’aigle vont réduire leurs dépenses énergiques liées à des fonctions non vitales, comme la reproduction », estime Pedro Monterroso, biologiste ayant dirigé les travaux. De fait, ce phénomène a déjà affecté les lynx de la sierra d'Andujar, en Andalousie, et de la vallée du Guadiana, au Portugal, où la population d’aigles ibériques est également touchée.

« Il est urgent de mettre en œuvre des mesures pour pallier les effets du RHDV2 afin que la sauvegarde du lynx ibérique et d’autres espèces menacées ne soit pas compromise à moyen ou long terme », assure Miguel Ángel Simón, coordinateur du projet européen LIFE dévolu au lynx pardelle dans la péninsule ibérique.

Plusieurs régions espagnoles et portugaises ont ainsi sollicité des fonds de l’Union européenne pour réintroduire, au cours des prochaines années, des lapins de garenne.

Sauvés in extremis

Après avoir été considéré comme « en danger critique » d’extinction de 2002 à 2015, le lynx pardelle (Lynx pardinus) a été reclassé« en danger » l’année dernière par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). De son côté, l’aigle ibérique (Aquila adalberti) figure comme « vulnérable » sur la Liste rouge de l’organisation non gouvernementale.

S’élevant dans les années 1980 à quelque 1.100 individus, dont près de 250 femelles adultes, le nombre de lynx est tombéà 52 spécimens matures en 2002. Le Portugal n’hébergeait plus de population reproductrice et le lynx ibérique avait alors le triste privilège d’être le félin le plus menacé au monde !

En 2012, grâce aux efforts menés en Espagne et au Portugal consistant notamment à accroître la densité de proies, à préserver l’habitat du félin, à prévenir les collisions routières et à réduire la consanguinité en transférant certains lynx sauvages ou grâce à des relâchés de spécimens élevés en captivité, les effectifs étaient remontés à 313 individus, avec 156 adultes dont 85 femelles.

Au Portugal, les municipalités de Sabugal et de Penamacor lanceront, dès janvier 2017, un projet évaluéà un million d’euros pour réintroduire le lynx dans la réserve naturelle de la ierra de Malcata, à la frontière espagnole et dans la continuité du massif montagneux de la sierra de Gata.

AIGLE IBERIQUE JUVENILE

Perte de son habitat, électrocutions, empoisonnements, dérangements liés aux activités humaines, déclin des populations de lièvres et de lapins, captures accidentelles dans les pièges destinés à ces derniers... Les menaces pesant sur l’aigle ibérique (ici un juvénile) sont encore nombreuses. Ce rapace peut atteindre 2,10 mètres d’envergure (photo Juan Lacruz).

Désormais éteint au Maroc, l’aigle ibérique comptait seulement une trentaine de couples dans la péninsule durant les années 1960. Les programmes de conservation ont permis de rétablir l’espèce. En 2011, les effectifs étaient estimés à 324 couples reproducteurs, soit une population totale avoisinant le millier d’oiseaux. Depuis 2003, le rapace recolonise le Portugal où aucune naissance n’avait été observée au cours des deux décennies précédentes. Actuellement, l’Espagne abriterait plus de 350 couples contre une vingtaine au Portugal.

Sources : ABC, UICN.

L’aigle royal à la reconquête du ciel écossais !

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Avec plus de 500 couples, la population d’aigles royaux se rapproche désormais des valeurs « historiques » en Écosse. Selon le quatrième recensement mené durant le premier semestre 2015 par la société royale pour la protection des oiseaux (Royal Society for the Protection of Birds - RSPB) et l’organisme public chargé de la gestion du patrimoine naturel (Scottish Natural Heritage -SNH), le nombre de rapaces s’est envolé de 15 % depuis la précédente étude conduite en 2003, passant de 442 à 508 couples.

L’espèce poursuit ainsi son rétablissement régulier et atteint le seuil lui accordant un statut de conservation favorable en Écosse. Plus de 700 sites traditionnellement connus pour abriter des aigles royaux ont été explorés lors de cette enquête.

AIGLE ROYAL

Aigle royal (photo Ph. Aquilon).

Jadis commun en Grande-Bretagne, l’aigle royal (Aquila chrysaetos) s’est éteint au milieu du XIXème siècle en Angleterre et au pays de Galles, victime de persécutions généralisées. Dans les années 1960, une partie de la population survivant en Écosse a subi un brutal déclin de son taux de reproduction à cause des pesticides organochlorés, responsables d’une stérilitéélevée et d’une fragilité anormale des coquilles d’œufs, devenues trop minces.

Actuellement, l’Écosse hébergerait la totalité de la population d’aigles royaux du Royaume-Uni. En effet, l’unique spécimen d’Angleterre, vivant depuis 2001/02 à proximité du lac artificiel d’Haweswater dans le parc national du Lake Districk au nord-ouest de la nation, est présumé mort. Il n’a plus été aperçu depuis le printemps 2016.

Un tableau très contrasté

Le nord de la chaîne montagneuse des Highlands et l’axe central reliant la faille du Great Glen au comté de Stirling ont enregistré les plus fortes progressions d’effectifs d’aigles royaux entre 2003 et 2015, les rapaces appréciant les régions isolées. Depuis 2003, le sud des Highlands centrales, où de vastes étendues de landes sont entretenues pour les lagopèdes, a ainsi enregistré une hausse record de 70 % des territoires occupés. Des augmentations plus modérées ont également été relevées dans les îles et dans les Highlands occidentales. Toutefois, cette embellie ne concerne pas l’ensemble du territoire écossais.

La population d’aigles dans la contrée des Highlands située à l’ouest d’Inverness est restée stable entre 2003 et 2015. Or une chute significative du nombre des territoires occupés par le rapace y avait été observée entre 1982 et 1992. Cette absence de restauration de l’espèce s'expliquerait par plusieurs facteurs. Jusqu’ici, les spécialistes mettaient en cause le pâturage intensif des cerfs réduisant l’habitat des proies de l’aigle, l’exploitation forestière, le dérangement provoqué par les activités de loisir et les actes de malveillance. Aujourd’hui, ils pointent aussi du doigt les mauvaises conditions météorologiques au printemps et en été, lesquelles auraient un impact négatif sur la reproduction des rapaces, plus particulièrement dans l’ouest de l’Écosse.

LAGOPEDE D'ECOSSE

Lagopède d’Écosse dans le sud des Highlands  (photo Nick Bramhall).

Le fléau de braconnage

Enfin, les aigles royaux demeurent absents d’une grande partie des Highlands orientales où un seul couple est actuellement présent sur un secteur couvrant un peu moins d’un tiers de l’aire de répartition traditionnelle du rapace. Et aucun oiseau n’a été recensé sur plus de 30 % de la distribution originelle de l’espèce. Cet habitat est pourtant considéré comme particulièrement adaptéà l’aigle royal. Son absence pourrait être liée à la chasse intensive au lagopède d’Écosse (Lagopus lagopus scotica), pratiquée dans la plupart des zones abandonnées par le rapace. Entre 2009 et 2013, quatre aigles équipés d’émetteurs par satellite ont été abattus illégalement dans les Highlands centrales et orientales. En août 2016, la RSPB a annoncé que huit aigles avaient disparu en moins de cinq ans dans les monts Monadhliath, au sud-est du Loch Ness. Pour les ornithologues, ces oiseaux ont sans doute été abattus près des zones de chasse au lagopède et leurs émetteurs détruits.

MASSIF DES MONADHLIATH

Vue de pentes embrumées du mont Càrn Dearg, point culminant du massif des Monadhliath (photo Paul Birrell).

«Dans de nombreuses régions d’Écosse, les mentalités ont évolué », souligne Duncan Orr-Ewing, responsable de la gestion des espèces et des espaces naturels pour la RSPB. « Les gens respectent désormais ces rapaces magnifiques et  ont un point de vue plus éclairé sur les oiseaux de proie. »

« Le rétablissement de l’aigle dans des zones où le braconnage constituait par le passé une menace majeure est très encourageant », renchérit Andrew Bachell, directeur  stratégique du SNH. « Les situations locales se révèlent cependant très inégales et nous espérons que les choses s’amélioreront dans l’est des Highlands. Nous poursuivons donc nos efforts avec l’organisation Partnership for Action Against Wildlife Crime Scotland (PAW Scotland). »

« La disparition de l’aigle royal dans diverses régions d’Écosse orientale demeure une source d’inquiétude et un important travail reste à mener », confirme Duncan Orr-Ewing. « Développer le suivi satellitaire des aigles et adopter des peines plus lourdes pour les crimes contre la faune sauvage peuvent dissuader les braconniers. »

Voici une vidéo, mise en ligne sur le site YouTube du SNH, dévoilant des aigles royaux en vol dans le ciel écossais :

Ménagerie du jardin des plantes : appel aux dons pour un patrimoine menacé !

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La Fondation du patrimoine et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) viennent de lancer une campagne de dons pour soutenir la rénovation de l’une des emblématiques fabriques de la Ménagerie du jardin des plantes, à Paris.

Inspirées des chaumières du hameau de la Reine érigées entre 1783 et 1786 dans une dépendance du Petit Trianon au cœur du parc du château de Versailles, les quinze fabriques du vénérable établissement zoologique parisien ont été bâties en pierre, en brique ou en bois. Toutes sont recouvertes de chaume.

Apparu au XVIIIème siècle, le terme de « fabrique » désigne, selon la Théorie des jardins de Jean-Marie Morel publiée en 1776, «tous bâtiments d’effet et toutes constructions que l’industrie humaine ajoute à la nature, pour l’embellissement des jardins». Celles de la Ménagerie ont été essentiellement édifiées entre 1801 et 1867. Certaines auraient même été fabriquées avec des éléments provenant de la ménagerie royale de Versailles, en ruines à la fin du siècle des Lumières.

FABRIQUE JARDIN DES PLANTES

(Photo Ph. Aquilon)

Classées au titre des monuments historiques et reflets d’une vision romantique de la nature, les fabriques de l’établissement fondé en 1794 à l’initiative de Jacques Bernardin Henri de Saint-Pierre (1737-1814) se répartissent en trois grands types : les plus imposantes en pierre et brique, d’autres de forme arrondie agrémentées de torchis et ornées de troncs d’arbres entrelacés et celles en rondins de bois inspirées par l’isba russe.

Les outrages du temps

L’actuelle souscription porte sur la fabrique des chevaux de Przewalski, située à proximité de la Fauverie et vraisemblablement la plus récente de toutes. Dotée d’un plan cruciforme, elle a été construite en torchis, bois et rondins de bois seulement vers 1890. Sa charpente et sa couverture sont constituées de liteaux de bois et son faîtage a été réalisé en terre cuite.

Au fil du temps, les intempéries et la colonisation végétale ont peu à peu dégradé ces bâtiments.

FABRIQUE DES CHEVAUX DE PRZEWALSKI

(Photo Ph. Aquilon)

Aujourd’hui, la fabrique des chevaux de Przewalski serait dans un « état critique » selon la Fondation du patrimoine. Elle souffre ainsi de profondes altérations de sa couverture comme de son gros-œuvre. Les experts relèvent notamment une perte de matière généralisée et une absence de grillage, une déstabilisation du faîtage avec de légers affaissements, des croûtes noires localisées, des amas de fentes et des pièces de bois manquantes. La restauration de cet édifice nécessite donc le remplacement de l’intégralité du chaume et d’importants travaux de maçonnerie. Le coût de ces travaux est estiméà 88.800 € TTC.

www.fondation-patrimoine.org/fr/ile-de-france-12/tous-les-projets-593/detail-fabrique-des-chevaux-de-przewalski-47640

 

Le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest désormais « en danger critique » d’extinction

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Le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest (Pan troglodytes verus) est désormais classé« en danger critique » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette sous-espèce devient la première à recevoir ce statut attribué lorsque le risque d’extinction à l’état sauvage est considéré comme extrêmement élevé. Les trois autres  - le chimpanzé d’Afrique orientale (Pan troglodytes schweinfurthii),  le chimpanzé d’Afrique centrale (Pan troglodytes troglodytes) et le chimpanzé du golfe de Guinée (Pan troglodytes ellioti) - sont toujours considérées comme « en danger » par l’UICN.

Deux autres grands singes, l’orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus) et le gorille des plaines orientales (Gorilla beringei graueri), ont également été reclassés comme « en danger critique » en 2016.

CHIMPANZE D'AFRIQUE DE L'OUEST

Mâle chimpanzé d’Afrique de l’Ouest en mai 2014 à la Vallée des Singes, établissement situéà Romagne, dans la Vienne (photo Ph. Aquilon).

Selon les spécialistes, la population de chimpanzés d’Afrique de l’Ouest a considérablement diminué au cours du demi-siècle écoulé et cette tendance ne devrait pas s’inverser ces prochaines années. Des travaux ont évalué le déclin annuel moyen à 6,53 % entre 1990 et 2014. Ce taux a étéétabli à partir de données collectées dans 20 sites où au moins deux études ont été conduites durant la période considérée.

D’après une étude parue en 2015, de 18.000 à 65.000 chimpanzés occidentaux vivraient actuellement à l’état sauvage. Estimant toutefois leur effectif aux alentours de 35.000 individus, des chercheurs ont évalué  la baisse annuelle du nombre de ces primates à 1 % entre 1960 et 1989 puis à 4,5 % entre 1990 et 2014. En tenant compte des mesures envisagées pour mieux protéger ce singe, la  chute devrait se poursuivre à un rythme (un peu moins soutenu) de 2,25 %  jusqu’en 2029.

Le temps de génération chez le chimpanzéétant de 23 ans, la sous-espèce d’Afrique de l’Ouest aura perdu plus de 80 % de sa population totale en l’espace de trois générations, soit 69 ans. Ce taxon remplit donc le critère A (réduction de la taille de la population) de l’UICN autorisant son inscription parmi les (sous-)espèces « en danger critique ».

ENCLOS DES CHIMPANZES OCCIDENTAUX AU ZOO DE KREFELD

Enclos des chimpanzés occidentaux en 2010 au zoo de Krefeld,  dans le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne (photo KR-1 Werbeagentur).

Le spectre de l’huile de palme

L’aire de répartition du chimpanzé occidental s’étend de façon morcelée du Sénégal au Bénin. Aujourd’hui, sa présence est attestée au Sénégal, en Guinée, au Mali, en Guinée-Bissau, en Sierra  Leone, au Liberia, au Ghana et en Côte d'Ivoire. Il est possiblement éteint au Burkina Faso, au Togo et au Bénin. Selon certains auteurs, sa distribution couvrirait également l’ouest du Nigéria mais cette hypothèse demande àêtre validée par des analyses génétiques.

Cette sous-espèce survit principalement en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Libéria, au Mali et en Sierra  Leone. Si certaines populations s’avèrent stables, d’autres connaissent des chutes dramatiques. En Côte d’Ivoire, une étude initiée par des primatologues de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig (Allemagne) et dont les conclusions ont été publiées en octobre 2008 dans la revue Current Biology a révélé une diminution de près de 90 % au cours des deux précédentes décennies ! Au Ghana, en Guinée-Bissau et au Sénégal, les effectifs sont estimés à quelques centaines de spécimens.

PLANTATION DE PALMIERS A HUILE EN COTE D'IVOIRE

Plantation de palmiers à huile en Côte d’Ivoire (photo African Hope).

Parmi les principales menaces planant sur l’avenir des chimpanzés occidentaux figurent le braconnage pour la viande de brousse et la médecine traditionnelle, les épizooties provoquées par une proximité accrue avec l’homme et, bien sûr, la perte et de la fragmentation de leur milieu naturel à cause de l'agriculture itinérante sur brûlis, de l’exploitation minière et du développement de la culture du palmier à huile. Et les perspectives sont inquiétantes. Dans trois des derniers bastions de cette sous-espèce (le Libéria, la Sierre Leone et la Guinée), les secteurs susceptibles d’être phagocytées par l’industrie de l’huile de palme recouvrent en grande partie l’habitat des chimpanzés. Le chevauchement atteint notamment 94,3 % au Libéria et 84,2 % en Guinée ! En outre, dans ces trois pays, la majorité des chimpanzés vivent à l’extérieur des zones protégées.

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