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Une nouvelle population de dragons de Komodo découverte !

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Une nouvelle population de dragons de Komodo a été identifiée lors d’une étude de terrain lancée en 2015 sur l’île indonésienne de Florès par le Komodo Survival Program (KSP), ONG indonésienne créée en mars 2007, et la campagne de conservation Act for Wildlife gérée par la Société zoologique du nord de l'Angleterre (North of England Zoological Society). Cette dernière a été fondée en 1934 par George Mottershead (1894-1978), le père du zoo de Chester, et veille toujours aux destinées du parc animalier du nord-ouest de la nation constitutive.

Longue de 360 kilomètres, Florès s’étend sur 15.175 km2 - soit environ la moitié de la Belgique - dans l’archipel des petites îles de la Sonde, à proximité de la ligne Wallace séparant les écozones indomalaise et australasienne. Le champ de prospection du KSP et d’Act for Wildlife comprend également des petites îles proches de Florès.

VARAN DANS LE PARC NATIONAL DE KOMODO

Varan dans le parc national de Komodo en 2015 (photo Charlesjsharp).

La découverte de cette nouvelle population de varans aurait d’ailleurs au lieu début  2016 sur l’une d’entre elles, baptisée Longos et située non loin de la côte nord-ouest de Florès. Les chercheurs y auraient également recensé une population jusqu’alors jamais décrite de cacatoès soufrés (Cacatua sulphurea), un psittaciforme de taille moyenne classé« en danger critique » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Pièges photographiques

En 2013, des recherches entreprises conjointement par un centre indonésien de conservation des ressources naturelles (Balai Konservasi Sumber Daya Alam / BKSDA), l’association de protection des oiseaux Burung Indonesia et le KSP avait permis d’identifier, à l’aide de sept pièges photographiques, une nouvelle population de varans à l’extrémité occidentale de Florès. Placés du 30 juin au 3 juillet 2013 près du village de Golo Mori puis du 24 au 27 septembre de la même année près de celui de Tanjung Kerita Mese, ces appareils ont prouvé la présence respective d’au moins cinq et sept sauriens.

Incluses dans le kabupaten de Manggarai occidental, ces zones proches du mont Mbeliling (1.325 m.) abritent aussi quatre espèces d’oiseaux endémiques, le corbeau de Florès (Corvus florensis), le coryllis ou loricule de Wallace (Loriculus flosculus),  le petit-duc de Florès (Otus alfredi) et le monarque de Florès (Monarcha sacerdotum), tous classés « en danger » d’extinction par l’UICN.

MONT MBELILING SUR L'ILE INDONESIENNE DE FLORES

Vue du mont Mbeliling, à la pointe occidentale de Florès où une nouvelle population de varans a été identifiée en 2013 (photo Lofor).

L’aide de répartition actuelle des varans couvre les îles de Florès,Komodo, Rinca, Nusa Kode, Gili Motang et Padar, ces cinq dernières étant incluses dans le parc national de Komodo. Inaugurée en 1980, cette réserve de biosphère est inscrite depuis 1991 sur la liste du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).   

Des dragons « nains »

Sur Florès, les sauriens vivent notamment au sein des réserves naturelles de Wae Wuul, Wolo Tado et Riung. La première se trouve à la pointe ouest de l’île, les deux autres étant plus septentrionales.

Une recherche a été récemment initiée aux alentours de Riung, localité de la côte nord, où les dragons ont jusqu’à présent été très peu étudiés. Ces travaux ont été conduits par le KSP avec le concours du zoo de Chester représenté par Matt Cook, soigneur en chef du département d’herpétologie de l’établissement anglais. Les varans locaux se sont avérés beaucoup plus petits que ceux de l’île de Komodo. Ce phénomène serait liéà l’absence de proies de grande taille comme le cerf rusa (Cervustimorensis) ou le buffle domestique (Bubalus bubalis). Le régime alimentaire de ces dragons reste cependant méconnu. Cette population « naine » devrait faire l’objet de plus amples investigations dans un futur proche. Les premiers éléments recueillis suggèrent toutefois qu’elle serait en bonne santé même si son habitat n’est pas légalement protégé. Le KSP travaille actuellement auprès des communautés autochtones pour y parvenir.

JEUNE VARAN DE KOMODO DEVORANT LA CARCASSE D'UN BUFFLE DOMESTIQUE

Jeune dragon de Komodo dévorant une carcasse de buffle domestique en 2005 sur l’île de Rinca (photo Mats Stafseng Einarsen / GFDL and CC-BY 2.5).

Depuis 1996, le varan de Komodo (Varanus komodoensis), dont les plus impressionnants spécimens atteignent jusqu’à 3 mètres pour une masse de 70 kilos, est considéré comme vulnérable par l’UICN. Le nombre exact d’individus reste encore incertain même si ceux du parc national de Komodo sont précisément recensés.

Des proies trop braconnées

Vendredi  5 mars 2016, Margareta Priska, la porte-parole du parc, a annoncé que cette population de varans avait diminué, passant de 3.222 individus en 2013 à 3.092 l’année suivante et à 3.014 en 2015, soit – 6,5 % en deux ans. Selon Achmad Ariefiandy, chercheur pour le KSP, ce déclin affecte essentiellement les reptiles vivant sur les plus petites îles, en l’occurrence Nusa Kode, Gili Motang et Padar. En revanche, les populations de Komodo et Rinca resteraient stables. Pour cet expert, l’une des explications tiendrait à la raréfaction de l’une des proies principales des dragons, le cerf rusa. M. Ariefiandy appelle donc les autorités à prendre les mesures nécessaires pour réduire le braconnage du ruminant et même à envisager sa réintroduction sur Gili Motang et Padar.

Chef de la division technique du BKSDA, Maman Surahman exhorte aussi les habitants à ne plus chasser des cerfs et les sangliers (Sus scrofa vittatus) et à ne pas laisser divaguer leurs chiens dans les bois où ils perturbent les varans. Certains activistes prônent également une limitation du tourisme et surtout du nombre de paquebots admis dans le parc national de Komodo. Ce dernier a officiellement accueilli 100.868 visiteurs indonésiens et étrangers entre 2010 et février 2016. En 2015, 29 navires de croisière ont amené sur place 15.230 touristes.

ENTREE DU PARC NATIONAL DE KOMODO SUR L'ILE DE RINCA

Entrée du parc national de Komodo, sur l’île de Rinca (photo Torbenbrinker).

Depuis 2001, le varan de Komodo bénéficie d'un programme européen d’élevage en captivité (EEP) géré par le zoo anglais de Chester.

Actuellement, cette espèce est visible dans deux établissements français : la Ferme aux crocodiles de Pierrelatte (26) et le zoo de Thoiry (78).

En 2016, 33 établissements européens présentent des dragons de Komodo dont le Tropiquarium de Servion (Suisse), le zoo d’Anvers (Belgique) et le Durrell Wildlife de Jersey.

Sources : UICN, Burung Indonesia, The Jarkarta Post, The Telegraph, Act for Wildlife.


Nouvelle liste rouge des espèces menacées : l’extinction silencieuse de la girafe

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La girafe (Giraffa camelopardalis) est désormais considérée comme globalement « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a révélé l’ONG jeudi 8 décembre 2016, lors de la 13e conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB), organisée jusqu’au samedi 17 décembre à Cancun (Mexique).

Ce statut est attribué aux espèces confrontées « à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage ». Répandu à travers l’Afrique orientale et méridionale avec de petites sous-populations isolées au centre et à l’ouest du continent, l’emblématique ruminant a vu ses effectifs fondre de 35 à 40 % en trois décennies, passant d’une fourchette comprise entre 151.702 et 163.452 individus en 1985 à 97.562 en 2015.

La croissance démographique humaine a un impact particulièrement négatif sur l’avenir des girafes, menacées par le braconnage, la perte et la modification de leur habitat à cause du développement agricole et des activités minières, l’augmentation des conflits homme-faune et les guerres civiles.

GIRAFES MASAI

Girafes masaï ou girafes du Kilimandjaro (G. c. tippelskirchi) dans la réserve nationale du Masaï Mara, au sud-ouest du Kenya, en 2007 (photo Paul Mannix).

Sur les neuf sous-espèces actuellement  admises, trois - la girafe d’Angola (G. c. angolensis), la girafe du Cap ou d’Afrique du Sud (G. c. giraffa) et la girafe du Niger (G. c. peralta) - ont des effectifs en hausse par rapport aux estimations dites « historiques ». Les dates de ces dernières diffèrent d’ailleurs, remontant selon les cas aux années 1960 ou au début de la décennie 1980 (*).

La population de la girafe de Thornicroft (G. c. thornicrofti) est considérée comme stable avec environ 600 spécimens depuis 1973.

En revanche, le nombre de girafes de Kordofan (G. c. antiquorum), de Nubie (G. c. camelopardalis), réticulées (G. c. reticulata),de Rothschild (G. c. rothschildi) et masaï (G. c. tippelskirchi) diminue. Celui de la sous-espèce nubienne s’est ainsi effondré, avec 20.577 individus en 1979/1981contre environ 650 de nos jours (- 97 %).

« Parce que l’on voit couramment des girafes pendant les safaris, dans les documentaires animaliers ou au sein des zoos, beaucoup de gens, dont des défenseurs de l’environnement, ignorent tout de l’extinction silencieuse  de cette espèce, souligne Julian Fennessy, co-président du groupe des spécialistes des girafes et de l’okapi à la commission de sauvegarde des espèces de l’UICN (IUCN SSC Giraffe and Okapi Specialist Group). Il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard ! »

700 nouveaux oiseaux !

Par ailleurs, grâce au recensement taxonomique complet mené par l’ONG Birdlife International qui s’appuie sur l’encyclopédie Handbook of the Birds of the World, la liste rouge inclut dorénavant 11.121 espèces d’oiseaux. Près de 700 taxons nouvellement reconnus ont été intégrés à l’indicateur de l’état de la biodiversité dans le monde. Parmi eux,11 % sont menacés d’extinction à l’exemple du troglodyte de Serna (Thryophilus sernai), passereau endémique du canyon colombien du Río Cauca à la survie compromise par la construction du barrage d'Ituango, et de l’artamie azurée des Comores (Cyanolanius comorensis), dont l’habitat disparaît à cause de l’expansion des cultures et des plantes envahissantes.

Si ces deux oiseaux sont classés « en danger », 13 nouveaux entrants sont d’ores et déjà considérés comme éteints, certains depuis moins d’un demi-siècle. Vivant sur de petites îles, la rousserolle de Pagan (Acrocephalus yamashinae), le loxopse dOʻahu (Loxops wolstenholmei) et le picchion de Laysan (Himatione fraithii) ont ainsi disparu, sans doute victimes d’espèces invasives. « Reconnaître plus de 700 nouvelles espèces ne signifie malheureusement pas que les oiseaux se portent mieux », souligne le Dr Ian Burfield, coordinateur général scientifique pour Birdlife.

PERROQUET GRIS DU GABON

Perroquet gris du Gabon photographié en 2008 dans le milieu naturel (photo Robert01).

Le spectre de l’extinction plane même sur des oiseaux parmi les plus populaires au monde comme le perroquet gris africain (Psittacus erithacus), également appelé jaco, gris du Gabon ou gris du Congo, que les spécialistes estiment maintenant « en danger ». D’après une étude menée par Birdlife, la population de ces psittacidés a chuté de près de 99% dans certaines régions de son aire de répartition ! Dimanche 2 octobre 2016, la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées d'extinction (Cites) avait enfin interdit le commerce international du gris du Gabon, en votant le transfert vers son Annexe I de ce perroquet parmi les plus prisés à cause de sa capacitéà imiter la voix humaine.

La faune du lac Victoria

La situation s’avère extrêmement préoccupante en Asie, où la principale menace reste le trafic illégal de la faune sauvage. Les statuts du bulbul à tête jaune (Pycnonotus zeylanicus), du loriquet de Forsten ou loriquet à face bleue (Trichoglossus forsteni) et du garrulaxe à front roux (Garrulax rufifrons) ont, entre autres, été révisés ; ces espèces étant  à présent classées « vulnérable », « en danger » et « en danger critique ». Leur déclin est directement lié aux captures destinées à alimenter le marché des oiseaux chanteurs, en particulier sur l’île indonésienne de Java.

LORIQUET A FACE BLEUE

Loriquet à face bleue en captivitéau zoo de Cincinnati, dans l’Ohio (États-Unis), en  2008 (photo Ted).

Néanmoins, 2016 se termine avec quelques bonnes nouvelles sur le front des oiseaux insulaires. Les efforts entrepris pour la sauvegarde du bouvreuil des Açores (Pyrrhula murina), du zostérops ou oiseau-lunettes des Seychelles (Zosterops modestus) et du pluvier ou gravelot de Sainte-Hélène (Charadrius sanctaehelenae) ont porté leurs fruits. Jusqu’alors « en danger » pour les deux premiers et « en danger critique » pour le limicole austral, ces trois oiseaux ont rejoint le groupe des espèces « vulnérables ».

VUE DU LAC VICTORIA

Vue du lac Victoria en juillet 2006 depuis Port Bell, petite localité industrielle proche de Kampala, en Ouganda (photo Kevin Gabbert).

Enfin, la nouvelle liste rouge de l’UICN intègre tous les poissons, mollusques, crabes et libellules vivant dans l’écosystème du lac Victoria. La faune du plus grand lac d'Afrique est aujourd’hui menacée par la surpêche, la sédimentation engendrée par l’agriculture et la déforestation, les espèces invasives (avec l'introduction de la perche du Nil) et la pollution engendrée par les pesticides et les herbicides.

(*) Pour découvrir les aires de répartition des différentes sous-espèces : http://biofaune.canalblog.com/archives/2014/06/20/30104780.html

Inde : les rhinocéros à l’étroit au Bengale-Occidental

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Deux nouveaux sites naturels du Bengale-Occidental, à l’est de l’Inde, pourraient prochainement accueillir des rhinocéros. Jusqu’à présent, les pachydermes présents dans cet État frontalier du Népal, du Bhoutan et du Bangladesh vivent uniquement au sein des parcs nationaux de Jaldapara et de Gorumara, s’étendant respectivement sur 217 et 80 km2. Avec près de 200 individus, le premier héberge la deuxième plus importante population de rhinocéros d’Inde. Située à près de cent kilomètres de Jaldapara, l’aire protégée de Gorumara abrite  une cinquantaine d’individus.

Selon les agents forestiers, la capacité d’accueil des deux parcs est désormais dépassée et, pour réduire la pression, quelques spécimens doivent être transférés.

Le  nombre de rhinocéros au Bengale-Occidental – également appelé Paschimbanga – est passé d’une vingtaine d’individus en 1990 à près de 250 en 2015 malgré la persistance du braconnage. D’après le quotidien The Indian Express, au moins 11 rhinocéros ont été tués au cours des 18 derniers mois dans le nord de l’État.

« Plus de 255 rhinocéros vivent aujourd’hui à Jaldapara et Gorumara », a déclaré en octobre 2016 Binay Krishna Braman, le ministre des forêts du Bengale-Occidental, au quotidien The Times of India.«C’est davantage que ne peuvent le supporter ces deux parcs. Par conséquent, nous envisageons de déplacer plusieurs individus. »

M. Braman a annoncé que le département d’État concerné avait identifié deux sites susceptibles de recevoir les rhinocéros surnuméraires : la réserve de tigres de Buxa couvrant 760 km2 et une petite zone protégée de 25 km2 à Patlakhawa, près de la ville de Cooch Behar.

RHINOCEROS INDIEN DANS LE PARC NATIONAL DE JALDAPARA

Rhinocéros indien en janvier dans le parc national de Jaldapara (photo Moubunny92).

L’aire de répartition traditionnelle du rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis) s’étendait du nord du Pakistan jusqu’à la frontière indo-birmane en passant par le Népal, le Bangladesh et le Bhoutan. L’espèce était peut-être présente également en Birmanie, en Chine méridionale et dans la péninsule indochinoise. Victime du braconnage et de la perte de son habitat, ce rhinocéros unicorne, dont la population totale à l’état sauvage est estimée à environ 3.500 individus, survit uniquement au Népal et en Inde, où les 2.500 spécimens sont regroupés au sein d’une poignée de réserves.

Classée « en danger » d’extinction entre 1986 et 1996, l’espèce est actuellement considérée comme « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Une population trop concentrée

Seuls trois des vingt-neuf États indiens, l’Assam, le Bengale-Occidental et l’Uttar Pradesh, possèdent encore des rhinocéros. Même si le nombre de ces derniers serait en hausse, leur distribution reste très limitée. Plus de 90% des rhinocéros (2.401 spécimens exactement lors du recensement effectué en mars 2015) vivent en effet dans le parc national de Kaziranga (Assam), couvrant 807 km2 à l'est du point chaud de biodiversité himalayen.Cette population est particulièrement exposée aux épizooties ou aux catastrophes naturelles, comme les inondations.

« Si quelque chose se produit, ce serait une catastrophe », assure Amit Sharma, coordinateur de l’antenne indienne du Fonds mondial pour la nature (WWF) pour la sauvegarde du rhinocéros. « C’est comme garder tous ses œufs dans le même panier. Par ailleurs, la diversité génétique d’une population confinée risque de s’appauvrir. Il est donc préférable de disperser les rhinocéros, de leur offrir suffisamment d’espace ou de possibilité de se mélanger. L’espèce disposera ainsi  d’un patrimoine génétique sain », précise-t-il dans une interview accordée au site Mongabay.

FEMELLE RHINOCEROS INDIEN ET SON PETIT DANS LE PARC NATIONAL DE KAZIRANGA

Plus de 90% de la population indienne de rhinocéros sauvages vit dans le parc national de Kaziranga, dans l’Assam. Ici, une mère et son petit en avril 2014 (photo Pranav Nath).

En novembre 2015, lors d’une réunion organisée dans le parc national de Jaldapara, le groupe des spécialistes des rhinocéros asiatiques à la commission de sauvegarde des espèces de l’UICN (IUCN/SSC Asian Rhino Specialist Group) avait d’ailleurs exhorté les responsables politiques et les organismes de conservation à trouver de nouveaux sites susceptibles d’absorber la hausse du nombre de rhinocéros au Bengale-Occidental. Les experts ont également évoqué la nécessité d’améliorer la diversité génétique des populations de Jaldapara et Gorumara en procédant à des transferts de mâles adultes entre les deux parcs mais aussi en échangeant des individus avec d’autres aires protégées.

Dans l’attente du feu vert

Des projets pour offrir des habitats supplémentaires aux rhinocéros ont été adressés au gouvernement central indien. « Même si nous disposons d’un accord de principe, nous attendons toujours le feu vert », souligneBinay Krishna Braman. Pour le ministre des forêts du Bengale-Occidental, la permanence du braconnage ne doit pas contrarier le programme d’élargissement de l’aire de répartition du rhinocéros. « Nous devons rester positifs et adopter les meilleures mesures possibles pour garantir l’avenir de cette espèce. » L’une d’elles consisterait à renforcer la présence des pachydermes dans l’Uttar Pradesh. Cet État, le plus peuplé de l’Inde et frontalier du Népal, compte une unique population dans le parc national de Dudhwa, fruit d’une réintroduction menée voici une trentaine d’années.

En mars-avril 1984, six individus (deux mâles et quatre femelles) furent capturés dans le sanctuaire de Potibora, dans l’Assam. Une femelle mourut au zoo de Guwahati avant son transfert vers le parc national de Dudhwa. Une autre connut le même sort lors de la phase d’acclimatation précédant le relâché du 20 avril 1984. Et une troisième succomba le 31 juillet de la même année à la suite d’une tentative d’anesthésie destinée à soigner une blessure. Finalement, quatre jeunes femelles adultes furent également relâchées en avril 1985, après avoir été importées depuis le parc national népalais de Chitwan en échange de seize éléphants. « Forte d’une trentaine d’individus géographiquement très peu dispersés, la population de Dudhwa descendrait d’un seul mâle avec, à la clef, un appauvrissement  génétique. Le département des forêts de l’Uttar Pradesh envisage désormais d’installer une nouvelle population dans une autre zone du parc national», relève M. Sharma.

RHINOCEROS UNICORNE D'INDE DANS LE PARC NATIONAL DE DUDHWA

Le rhinocéros a été réintroduit dans le parc national de Dudhwa, voici une trentaine d’années (photo  AnantShastri).

Pour le défenseur de l’environnement, les Indiens n’habitant pas en Assam, où le parc national de Kaziranga héberge la grande majorité des rhinocéros du pays, s’intéressent peu au fragile pachyderme. « Il est nécessaire de réintroduire l’espèce dans de nouvelles régions pour que le grand public apprenne à aimer les rhinocéros et se préoccupe de leur avenir ! »

Sources : Mongabay, parcs nationaux de Dudhwa et de Kaziranga, UICN.

Un guide pour mieux (re)connaître et protéger reptiles et amphibiens européens

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Dans une acceptation géographique englobant la région du Caucase et les îles Canaries, l’Europe abriterait actuellement près de 260 espèces d’amphibiens et de reptiles. Cette diversité toute relative, quelque 7.400 espèces d’amphibiens et environ 10.000 espèces de reptiles étant recensées en 2015 à travers la planète, est étroitement liée au climat du Vieux Continent. À l’exception notable du bassin méditerranéen, celui-ci s’avère en effet trop frais pour nombre de représentants de l’herpétofaune.

Pour autant, ces animaux sont omniprésents en Europe où quelques espèces indigènes se sont même adaptées à des conditions locales extrêmes. Le crapaud commun (Bufo bufo) et la grenouille rousse (Rana temporaria) parviennent ainsi à survivre et à se reproduire jusqu’au cercle polaire ! En excluant les espèces invasives comme la tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) ou la grenouille-taureau (Lithobates catesbeianus), la France métropolitaine compte actuellement 37 espèces d’amphibiens (13 urodèles et 24 anoures) et 35 espèces de reptiles (12 serpents, 20 sauriens et 3 tortues).

GUIDE AMPHIBIENS

Publié aux éditions Delachaux et Niestlé, Reptiles et amphibiens d’Europe détaille 214 espèces (85 amphibiens et 129 reptiles), de l’orvet fragile (Anguis fragilis) largement répandu et souvent rencontré dans nos jardins au vulnérable alyte de Majorque (Alytes muletensis) endémique de cette île des Baléares, en passant par la populaire tortue d’Hermann dont la sous-espèce occidentale (Testudo hermanni hermanni) est classée « en danger » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Taxonomie mouvante

Herpétologiste spécialiste de la taxonomie et de l'écologie des amphibiens et reptiles tropicaux, Axel Kwet a opté pour une présentation regroupant, sous des bandeaux de couleur, les espèces par ordres et sous-ordres conformément à la classification en vigueur (urodèles, anoures, tortues, sauriens et serpents). Pour éviter les répétitions, l’auteur a regroupé au sein d’une même notice les espèces étroitement apparentées, dont la morphologie et la biologie sont voisines. Les 155 notules bénéficient d’une description, d’une photo et du détail de leur aire de répartition sur la carte. Seul regret, l’absence d’indication du statut de conservation, à l’heure où des menaces toujours plus nombreuses planent sur l’avenir de ces vertébrés. Le livre y consacre d’ailleurs un chapitre, évoquant la hausse du trafic routier, la destruction et la fragmentation des habitats, la pollution liée aux pesticides et aux hormones, le dérèglement climatique et les épizooties de chytridiomycose décimant des populations entières d’amphibiens.

SALAMANDRE TACHETEE

La salamandre tachetée à bandes (Salamandra salamandra terrestris) occupe une grande partie de l’aire de répartition occidentale de l’espèce. Ici, un spécimen originaire de Touraine (photo Ph. Aquilon).

Dans son introduction, Axel Kwet aborde d’ailleurs la délicate question du concept d’espèce, l’histoire changeante de la systématique avec ses controverses - concernant par exemple le nombre d’espèces de crapauds verts du genre Bufotes sur le Vieux Continent ou celui des sous-espèces chez le lézard des murailles (Podarcis muralis) – ou encore l’hybridation entre taxons. «Chacun doit rester conscient que même l’état le plus actuel de la recherche taxonomique n’est qu’un moment appeléà devenir obsolète tôt ou tard. »

Enfin, ce guide de terrain au petit format propose une clé de détermination, indispensable pour des identifications sûres. Au-delà de cet  aspect pratique, l’ouvrage nourrit aussi l’ambition d’éveiller l’intérêt pour toutes ces espèces, voire de susciter la sympathie des lecteurs envers ces animaux, sources d’émerveillement pour qui se donne la peine de mieux les connaître.

KWET Axel, Reptiles et amphibiens d’Europe, Delachaux et Niestlé, août 2016, 352 p., 34,90 €.

« L’envol du gypaète » : une odyssée en images au cœur des Alpes !

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Le titre sonne comme une métaphore de la réintroduction de l’espèce dans les Alpes. Au cœur du massif, entre crêtes herbeuses et à-pics, dans le silence des hautes altitudes parfois troublé par les combats de bouquetins, les échos des sonnailles ou le fracas des avalanches, les photographes Antoine Rezer et Jean-Luc Danis dévoilent par l’image et les mots la vie intime des gypaètes barbus (Gypaetus barbatus) au fil des saisons. Une quête naturaliste magnifiant le mythique rapace et ses montagnes.

L’envol du gypaète débute peu après que les marmottes se sont calfeutrées dans leur terrier pour échapper aux premiers frimas. Les « casseurs d’os » entament alors leur parade nuptiale, jouant des ascendances et volant aile dans aile, parfois escortés par quelques chocards. Puis l’aventure se poursuit avec l’apparition de l’unique gypaéton pesant à peine 150 grammes lors de sa venue au monde. Quatre mois plus tard vient l’instant fatidique de quitter l’aire. Un moment unique, très rarement observé et immortalisé lors d’une matinée de début juillet, comme si l’oiseau récompensait les auteurs pour leur approche éminemment respectueuse, forte du label « Photo nature responsable » attribué par les éditions de La Salamandre aux titres de sa collection Histoires d'images. Une démarche éthique qui interdit d’appuyer sur le déclencheur au moindre risque de dérangement. Enfin, avec l’été, vient pour le juvénile le temps de l’apprentissage, avant que ne sonne l’heure de quitter le territoire natal.

L'ENVOL DU GYPAETE

Seules la patience et la passion ont autorisé ces clichés exceptionnels, tels les face-à-face au bord de l’abîme ou les escarmouches du grand vautour, atteignant jusqu’à 2,90 m d’envergure, avec l’aigle royal.

Relatant la genèse de cet ouvrage ensorcelant, les textes évoquent certains mystères entourant le comportement des gypaètes et révèlent aussi des aspects méconnus de leurs mœurs, de la prétendue fidélitéà toute épreuve des couples au pourquoi des amours hivernales. L’ignorance et les préjugés sont d’ailleurs à l’origine de l’extermination du gypaète dans les Alpes, d’où l’espèce avait disparu dans les années 1930. Le rapace a été réintroduit en 1986 en Autriche puis l’année suivante en Haute-Savoie. Initié en 2012, un autre programme est actuellement mené dans les Grands Causses, avec l’espoir que les oiseaux relâchés au sud du Massif central relient les populations alpines et pyrénéennes.

Le retour du gypaète reste fragile. Empoisonnements, intoxications au plomb ou collisions avec les câbles balafrant la montagne pourraient briser la belle histoire. L’espèce est toujours classée « en danger » d’extinction sur la Liste rouge des espèces menacées en France, établie par le Muséum national d'histoire naturelle et le comité national de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Et les gypaètes corses livrent peut-être leur ultime combat dans les montagnes de l’île de Beauté.

Aimer et donc respecter le gypaète contribuera, là comme ailleurs, à la sauvegarde de ce trésor de notre patrimoine naturel. La magie de quelques photos suffit parfois à changer les regards.

REZER Antoine, DANIS Jean-Luc, L’envol du gypaète, La Salamandre, mai 2016, 144 pages, 29 €.

Une collection ornithologique normande en partie sauvée !

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Grâce à un financement participatif, les collections du musée d’initiation à la nature de la Ville de Caen (Calvados) vont s’enrichir de plusieurs piècesde la collection dite Raoul Le Dart, acquises aux enchères lors d’une vente organisée lundi 12 décembre 2016 à l’Hôtel Drouot, à Paris.

Cette collection était composée de spécimens naturalisés d’oiseaux (145 rapaces, passereaux et représentants d’espèces aquatiques comme marines témoignant de la biodiversité normande entre la fin du XIXème siècle et les années 1930) et de mammifères (dont des genettes et des visons d’Europe) capturés entre la fin du XIXème et au début du siècle dernier dans le Calvados, en particulier autour de la commune de Trois-Monts.

COLLECTION LE DART

La campagne de financement par Internet  a été initiée à l’automne dernier par le Groupe ornithologique normand (GONm), pour lequel cette collection « laissée à l’abandon » représentait un réel intérêt scientifique.

« Recenser et conserver les traces de l’activité de scientifiques d’autres époques est primordial : cela permet d’avoir une vision sur l’évolution des espèces et de leurs milieux », souligne l’association de protection de la nature. « Ce sont des témoins matériels de l’histoire scientifique locale et nous nous devons de préserver ces biens communs qui illustrent le travail des naturalistes normands au cours des âges. »

Si malheureusement la collection est donc aujourd’hui dispersée, elle a pu être inventoriée et photographiée par la conseillère musée de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et La Fabrique de patrimoines en Normandie, établissement public de coopération culturelle créé le 1er janvier 2015. Toutes les données scientifiques figurant sur les étiquettes et les socles ont donc été sauvegardées.

Une partie de cette collection aurait par ailleurs été achetée par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) entre 1960 et 1965.

2016 s’éclipse

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2016 nous tourne le dos ce soir. L’heure est venue d’en dresser un court bilan. Cette année encore, ce blog et sa page Facebook ont souhaitééveiller la curiosité de leurs lecteurs en abordant des sujets variés, de l’actualité de la conservation in et exsitu aux projets de réintroduction en passant par les révisions taxonomiques en cours, la sauvegarde de la biodiversité domestique, les avancées de la recherche vétérinaire sans oublier la chronique d’ouvrages naturalistes.

Au cours des douze mois écoulés, Biofaune a mis en ligne près de 70 articles, dont un grand nombre sur des sujets inédits en langue française.

Cet automne, ce blog a accueilli son 150.000ème visiteur et le nombre d’abonnés à la newsletter augmente régulièrement.

Par ailleurs, la page Facebook a récemment franchi le cap des 700 « J'aime ». Un résultat encore modeste mais encourageant.  Vos « like », vos partages et les invitations lancées auprès de vos amis à aimer la page Biofaune constituent une source de motivation précieuse pour poursuivre cette aventure.

Biofaune vous souhaite un excellent réveillon – toujours sans une goutte d’huile de palme – et une très belle et heureuse année 2017.

BILAN 2016 PHOTO

Belle et heureuse année 2017


Le cerf élaphe, animal de l’année 2017 en Suisse !

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En désignant le cerf élaphe (Cervus elaphus) « animal de l’année 2017 » en Suisse, l’association helvétique pour la protection de la nature Pro Natura souhaite alerter le grand public sur la nécessité de corridors écologiques pour la faune sauvage.

Victime de la chasse et de la réduction de son habitat, le cervidé avait été pratiquement exterminé de la Confédération au milieu du XIXème siècle. Seuls quelques spécimens ayant échappé aux fusils survivaient dans le canton des Grisons, le plus oriental du pays. L’espèce fit d’ailleurs son retour à partir de 1870 depuis l’Autriche voisine.

Le cerf a alors bénéficié de la loi fédérale sur la chasse adoptée le 23 octobre 1875. Celle-ci a limité les périodes de tir, protégé les biches et instauré les premiers districts francs afin de favoriser « la protection et la conservation des mammifères et oiseaux sauvages rares et menacés ainsi que la protection et la conservation de leurs biotopes».

LE CERF ELAPHE ANIMAL DE L'ANNEE 2017 EN SUISSE

(Photo: Prisma / Bernhardt Reiner)

Aujourd’hui, la population suisse de cerfs est estimée à quelque 35.000 individus. Pour autant, le grand ruminant n’a pas encore reconquis l’ensemble de son aire de répartition originelle. Le repeuplement s’étant effectué par le Tyrol,  la majorité des hardes vivent dans le sud-est  des Alpes. D’autres noyaux de population sont présents sur le Plateau et dans le Jura.

« Le cerf est freiné dans son expansion naturelle par les obstacles souvent infranchissables que constituent les autoroutes, les voies ferrées et les agglomérations », relève Pro Natura. Ces écueils perturbent également les déplacements saisonniers et quotidiens du « roi des forêts ».

« Dans nos paysages  toujours plus fragmentés, il est urgent de recréer davantage de corridors faunistiques dans lesquels les animaux sauvages pourront à nouveau évoluer librement », souligne le biologiste Andreas Boldt. La nouvelle campagne de Pro Natura sur ce thème a été baptisée « Voie libre pour la faune sauvage ! ».

« Léthargie hivernale »

Par ailleurs, le choix du cerf comme « animal de l’année 2017 » permet à l’association de souligner l’importance du respect des zones de tranquillité. Celles-ci ont été  établies pour protéger la faune des dérangements liées aux activités de loisir.

Afin de survivre à la saison froide, les animaux ont en effet développé des stratégies destinées à réduire leurs dépenses énergétiques et à préserver leurs réserves de graisse. Le métabolisme du cerf élaphe est ainsi considérablement réduit en hiver. La contenance de la panse diminue alors de 20 à 25 %  en raison d’une nourriture peu abondante et pauvre en éléments nutritifs. Les villosités du rumen s’atrophient également. L’animal baisse aussi sa température corporelle et son rythme cardiaque. À la fin de l’hiver, ce dernier est jusqu’à 60 % inférieur au maximum annuel, mesuré début juin.

LE CERF ELAPHE ANIMAL DE L'ANNEE 2017 POUR PRO NATURA

En hiver, la fuite engendrée par un dérangement provoque une importante et brutale dépense d’énergie (Photo  Eric Dragesco).

Par ailleurs, le cerf  est capable de réduire l’irrigation sanguine de ses membres et des parties externes de son corps avec, à la clef, une baisse de la température des régions concernées. Il peut maintenir jusqu'à neuf heures cet état de « léthargie hivernale » offrant une économie d’énergie estimée entre 13 et 17 %.

Chaque fuite contraint l’animal à relancer son métabolisme en quelques fractions de seconde, entraînant une énorme dépense énergétique. Les effets des dérangements hivernaux sur le cerf, et vraisemblablement  sur d’autres ongulés, auraient été jusqu’à présent sous-estimés.

Un beau livre retrace la naissance de nos races bovines

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« Le Concours universel de 1856 restera dans les annales de l’agriculture européenne comme une des exhibitions les plus complètes et les plus intéressantes des richesses agricoles de notre siècle », écrivit à l’époque le journaliste Victor Borie (1818-1880), spécialiste des questions d'économie rurale.

Organisée au Palais de l'Industrie et des Beaux-arts de Paris, à l’emplacement où s’élèvent aujourd’hui les Petit et Grand Palais, cette manifestation mettait à l’honneur les principales races bovines européennes.

Le ministère de l’agriculture confia àÉmile Baudement (1816-1863), grand nom de la zootechnie naissance, le soin d’immortaliser l’événement à travers un ouvrage luxueux. IntituléLes races bovines au concours universel de Paris en 1856, ce dernier comprend 87 planches d’animaux reproducteurs, signées par des artistes aussi célèbres que Rosa (1822-1899) et Isidore Bonheur (1827-1901) ou Antoine-Louis Barye (1795-1875). Toutes sont inspirées des photos d’Adrien Tournachon dit Nadar jeune (1825-1903) dont les précieux clichés furent pris dans un décor neutre.

LES VACHES ONT UNE HISTOIRE NAISSANCE DES RACES BOVINES

Cette publication constitue la toile de fond du beau livre Les vaches ont une histoire. Naissance des races bovines, paru aux éditions Delachaux et Niestlé et que son auteur a tenu à cosigner avec Émile Baudement.

Vétérinaire, président de la société d’ethnozootechnie et membre de l’Académie d’agriculture, Bernard Denis a axé son propos sur le XIXème siècle, époque à laquelle de nombreuses races domestiques ont officiellement vu le jour. Issues d’une longue différenciation régionale, elles ne disposaient jusqu'alors d’aucun standard. Beaucoup n’avaient  jamais été sélectionnées.

« Anglomanie » et résistances régionales

L’auteur évoque notamment la vague d’«anglomanie » submergeant une partie de l’élevage français entre 1840 et 1880, avec l’importation de bétail d’outre-Manche, en particulier de spécimens de la race baptisée « shorthorn improved » plus connue sous le nom de durham. « Une erreur épistémologique fut alors commise », souligne le professeur honoraire de l’école nationale vétérinaire de Nantes (Loire-Atlantique). «On partit du principe que le facteur limitant de l’accroissement des productions était la qualité de l’animal et non pas la qualité de l’environnement (sols, engrais, alimentation etc.). »

Soulignant d’ailleurs l’échec de la « durhamination » parfois présentée comme la résistance des petits paysans à la « race des notables », Bernard Denis passe également en revue le cheptel bovin national au temps de l’enquête agricole de 1862, de la bretonne (race la plus fréquemment citée lors de cette étude) au bétail auvergnat – dont l’ensemble, ferrandaise exceptée, fut ensuite absorbé par la salers – en passant la flamande et ses deux variétés de Bergue et Cassel, sans oublier bien d’autres races aujourd’hui disparues comme la champenoise, la meusienne ou la bourguignonne dont les identités ne furent cependant guère affirmées. Une carte de répartition établie en 1881 permet de situer la plupart d’entre elles.

Cet ouvrage à la très riche iconographe intéressa non seulement les lecteurs férus de la science et de l’histoire de l’élevage mais aussi les défenseurs des races bovines à faibles effectifs, richesse de notre patrimoine vivant si souvent oubliée.

DENIS Bernard, BAUDEMENT Émile, Lesvaches ont une histoire. Naissance des races bovines, Delachaux et Niestlé, septembre 2016, 240 p., 38 €.

Des scientifiques préparent le retour du tigre en Asie centrale

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Publiée dans le numéro de janvier 2017 de la revue Biological Conservation, une étude menée par le Collège des sciences de l'environnement et de la foresterie de l'université d'État de New York aux États-Unis (SUNY-ESF) et l’antenne russe du Fonds mondial pour la nature (WWF) dévoile les grandes lignes d’un programme de réintroduction du tigre en Asie centrale.

Toutefois, ce projet ne concerne pas le retour dans son milieu originel d’une (sous-)espèce localement disparue. En effet, cette région était autrefois l’habitat du tigre de la Caspienne (Panthera tigris virgata), également appelé tigre de Touran ou tigre de Perse et déclarééteint en 2003 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Le dernier spécimen vivant à l’état sauvage aurait été observé en février 1970 dans la province de Hakkari, à l’extrême sud-est de la Turquie, au cœur du Kurdistan. À en croire une enquête par questionnaire, des félins auraient néanmoins été abattus chaque année dans cette zone jusqu’au milieu des années 1980. Pour certains, des tigres survivaient encore dans la région au début de la décennie suivante. Une rumeur, qui n’est étayée par aucune preuve, évoque aussi la capture de deux tigres de Perse en avril 1997 dans la province orientale de Laghmân, en Afghanistan.

TIGRE DE LA CASPIENNE AU ZOO DE BERLIN

Tigre de la Caspienne photographié en 1899 au zoo de Berlin, en Allemagne (photo DR).

D’après certaines sources, les derniers tigres de la Caspienne captifs, maintenus dans le zoo privé du shah d’Iran, auraient été tués à la fin de l’année 1978 au cours de la révolution islamique. D’autres auteurs considèrent que l’ultime représentant de cette sous-espèce en captivité s’est éteint en 1960 au Tierpark Hagenbeck, en Allemagne. Originaire d’Iran et baptisée Soraya, cette femelle vivait depuis 1955 dans l’établissement situé dans le quartier de Stellingen, à Hambourg. Une autre tigresse de Touran, apprivoisée et prénommée Theresa, a été hébergée de 1924 à 1942 au parc zoologique de Moscou (Russie). Elle avait été offerte à l’ambassadeur soviétique en Iran. En Europe, les zoos de Berlin (Allemagne), d’Anvers (Belgique) et peut-être de Rotterdam (Pays-Bas) auraient également détenu des tigres de la Caspienne à la fin du XIXème et/ou au début du siècle dernier.

Le programme de retour du tigre en Asie centrale envisage donc de recourir à une sous-espèce proche, en l’occurrence le tigre de Sibérie (P. t. altaica), classé« en danger d’extinction » depuis 2008 par l’UICN.

(Très) proches parents

Selon la conclusion de travaux parus en 2009 dans la revue PLOS ONE et portant sur les haplotypes d'ADN mitochondrial de 20 spécimens conservés dans divers musées, le tigre de la Caspienne serait étroitement apparentéà celui de l’Amour. Des analyses phylogéographiques complémentaires ont d’ailleurs établi que le plus proche ancêtre commun de ces deux sous-espèces remontait à seulement 10.000 ans.

Originaire de l'est de la Chine, ce dernier aurait colonisé l'Asie centrale à la fois par la Sibérie et le corridor du Hexi, passage situé entre le plateau tibétain et le désert de Gobi.

Les félins auraient cessé d’emprunter ce corridor écologique voici seulement 200 ans en raison d’une présence humaine croissante.

TIGRE DE PERSE AU ZOO D'ANVERS EN BELGIQUE

Tigre de Perse au zoo d’Anvers, en Belgique. Cette sous-espèce était l’une des plus grandes avec celles de Sibérie et du Bengale. Les mâles pouvaient atteindre 2,95 mètres de long pour une masse proche de 240 kilos (coll. personnelle).

« Ces découvertes plaident pour un repeuplement de l’Asie centrale avec des tigres de l’Amour », déclarait en 2015 au magazine National Geographic le biologiste Igor Chestin, directeur général de l’antenne russe du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Publiées en juin 2015 dans la revue Science Advances,  les conclusions controversées de chercheurs du Leibniz Institute for Zoo and Wildlife Research (IZW) de Berlin suggère même de regrouper les six espèces de tigres continentaux aujourd’hui admises au sein d’une seule (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2015/07/17/32365349.html).

Perle rare

L’aire de répartition originelle du tigre de Touran aurait couvert entre 800.000 et 900.000 km2. Elle s’étendait de la Turquie orientale au nord-ouest de la Chine en passant par le sud du Caucase, l’Irak, et l’Iran septentrional avec des poches isolées en Asie centrale. Le félin vivait essentiellement dans des forêts-galeries et des écosystèmes lacustres couverts de roseaux avec une densité atteignant 2 à 3 tigres par km2.

Des analyses spatiales fondées sur des données de télédétection révèlent la rareté des régions susceptibles d’accueillir de nouveau des tigres en Asie centrale. Cependant les scientifiques ont identifié au moins deux sites, l’un et l’autre au Kazakhstan, et d’une superficie totale inférieure à 20.000 km2. Le plus prometteur englobe le delta de l’Ili, rivière endoréique prenant sa source à l’ouest de la Chine et se jetant dans le lac Balkhach, et la rive méridionale de ce dernier.

LE LAC BALKHACH VU PAR SATELLITE

Vue par satellite du lac Balkhach, le plus vaste du Kazakhstan et le troisième d'Asie, en avril 1991. Situé au sud-est du pays et au nord de la ville d'Almaty, il mesure plus de 600 km de long. Le delta de l’Ili est bien visible au centre du cliché (photo NASA).

D’après les modèles de populations des proies du tigre – en particulier le sanglier (Sus scrofa nigripes), le chevreuil de Sibérie (Capreolus pygargus) et le cerf de Bactriane (Cervus elaphus bactrianus), cette zone d’environ 7.000 km2 pourrait abriter entre 64 et 98 tigres d’ici un demi-siècle si 40 à 55 spécimens y sont transférés depuis l'Extrême-Orient russe et si le régime hydrologique actuel de l’Ili se maintient.

Soutien gouvernemental

Les chercheurs du Collège des sciences de l'environnement et de la foresterie de l'université de New York ont identifié les principales causes de la disparition du tigre de la Caspienne. Jusqu’aux années 1930, des primes ont été offertes pour empoisonner les grands félins sur le territoire de l’ancienne Union soviétique. Des plans d’irrigation ont aussi détruit les forêts-galeries, les zones humides et les roselières où vivaient les prédateurs rayés. Enfin, les proies se sont raréfiées à cause du développement économique détruisant la végétation des écosystèmes lacustres et côtiers.

TIGRE DE TOURAN TUE AU NORD DE L'IRAN

Tigre de la Caspienne abattu au nord de l’Iran au début des années 1940 (photo DR).

Pour les partisans du retour du tigre dans l'ex-république de l’URSS, assurant disposer du soutien du gouvernement kazakh, la réussite du programme dépendra de plusieurs facteurs.

« En premier lieu, il est nécessaire de mettre un terme à la dégradation des zones concernées par des feux incontrôlés, souligne le biologiste Mikhail Paltsyn, l’un des coauteurs de ces travaux. Puis il sera primordial de reconstituer les populations locales d’ongulés sauvages. Cela pourrait prendre juqu'à 15 ans. Enfin, il faudra tenir compte de la sécurité et des intérêts socio-économiques des communautés locales si l’on veut assurer un avenir durable à la fois aux tigres etaux habitants, poursuit cet expert ès conservation. En outre, la consommation d’eau provenant de l’Ili devra être régulée tant en Chine qu’au Kazakhstan afin de maintenir le niveau d’eau du Balkhach dont ont besoin les forêts-galeries et les roselières. »

Espèce parapluie

« Le Fonds mondial pour la nature et le gouvernement kazakh semblent prêts à relever tous ces défis pour que le retour des tigres en Asie centrale devienne une réalité», conclut M. Paltsyn.

Au-delà de l’éventuelle « renaissance » du grand félin, espèce-parapluie dont la protection du territoire profiterait à toute une faune moins emblématique, cette initiative permettrait ainsi la sauvegarde et/ou la restauration d’écosystèmes fragiles et menacés.

TIGRE DE SIBERIE AU PARC DES FELINS

Tigre de Sibérie en octobre 2015 au Parc des félins de Lumigny-Nesles-Ormeaux, en Seine-et-Marne (photo Ph. Aquilon).

En revanche, à l’heure où la réintroduction du léopard de Perse dans le Caucase russe initiée notamment avec des individus issus d’établissements zoologiques semble sur la voie du succès (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2016/09/26/34362558.html), cette étude ne mentionne pas le relâché de tigres de Sibérie provenant de lignées captives. Pourtant, des plans d’élevage, dont la réintroduction dans le milieu naturel constitue la finalité, sont aujourd’hui menés sous l’égide d’associations internationales de parcs animaliers. En Amérique du Nord, le Species Survival Plan (SSP) de l’Association of Zoos and Aquariums (AZA) a été créé dès 1981. Son équivalent européen – le programme européen pour les espèces menacées (EEP) – remonte à 1985. Il est actuellement géré par le zoo de Londres (Royaume-Uni).

Associer les efforts conduits dans le cadre de la conservation ex situà ce projet constituerait pourtant un formidable défi.

Suisse : le cincle plongeur, ambassadeur des milieux humides urbains

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Désigné« oiseau de l’année » par BirdLife Suisse, le cincle plongeur sera durant douze mois le porte-drapeau de la campagne lancée par cette association en faveur de « la biodiversité dans les agglomérations ». En 2017, celle-ci portera plus particulièrement sur les habitats humides en milieu urbain (*).

En effet, le cincle plongeur (Cinclus cinclus), parfois surnommé« merle d’eau », est le seul passereau à plonger afin de chercher sa nourriture dans le lit des rivières. Mesurant environ 18 cm de long pour une masse oscillant entre 50 et 75 grammes, il vit à proximité des cours d’eau rapides, depuis les régions de plaine jusqu’à 2.500 mètres d’altitude. L’hiver, il fréquente également les rives rocheuses des lacs.

CINCLE PLONGEUR OISEAU SUISSE DE L'ANNEE 2017

Le plastron blanc du cincle plongeur lui procure un efficace camouflage à la surface de l’eau (photo © Werner Scheuber).

Unique représentante européenne de la famille des cinclidés, cette espèce a besoin d’eaux propres et riches en oxygène. Tolérant la présence humaine sur son territoire, elle peut se reproduire sur les berges des rivières situées dans les secteurs habités à condition de ne pas être trop dérangée. Promeneurs et chiens peuvent la conduire à abandonner ses sites de nidification. « Le cincle est donc un bon ambassadeur pour la renaturation des rivières », estime l’association suisse pour la protection des oiseaux (ASPO/ BirdLife), regroupant plus de 63.000 adhérents répartis au sein de 450 sections locales.

La raréfaction ou la disparition des populations de cincles trahissent un appauvrissement des zones humides et/ou leur pollution.

Cœur au ralenti

« Il est parfaitement possible de concilier par une planification adéquate les besoins de l’homme et ceux de la biodiversité des milieux aquatiques jusqu’au cœur de nos agglomérations », assure François Turrian, directeur romand de BirdLife.

Possédant une glande uropygienne particulièrement développée, le cincle plongeur peut entretenir la parfaite étanchéité de son plumage. Grâce à la densité de ce dernier et à la présence d’une sous-couche de duvet très fournie, le passereau supporte les eaux glacées des torrents. Cet oiseau trapu parvient à résister à la force du courant grâce à ses griffes et à la puissante musculature de sa poitrine. En outre, il abaisse son rythme cardiaque lors des phases d’immersion. Par ailleurs, la concentration d'hémoglobine dans son sang est plus élevée que chez les autres passereaux de taille comparable. Une autre adaptation remarquable concerne le cristallin de l’œil dont la déformation en plongée offre au cincle une parfaite vision dans l’élément liquide.

CINCLE PLONGEUR OISEAU DE L'ANNEE 2017 EN SUISSE

Excellent « bio-indicateur », le cincle plongeur exige des cours d’eau propres et bien oxygénés (© Michael Gerber).

Volant dans l’eau pendant plusieurs secondes, le « merle d’eau » débusque alors entre les pierres des insectes aquatiques et leurs larves, de petits crustacés et des mollusques. Ne présentant pas de dimorphisme sexuel marqué, ce nageur se nourrit également de têtards, de petits poissons voire de vers de terre.

Au-delà de son rôle d’ambassadeur de la biodiversité urbaine helvétique, le cincle plongeur – oiseau national norvégien – apparaît  aujourd’hui comme l’un des emblèmes de la sauvegarde des écosystèmes humides du Vieux continent.

Voici  la vidéo (en allemand) de BirdLife Suisse présentant « l’oiseau de l’année 2017 » dans la Confédération :

(*) La Journée mondiale des zones humides (JMZH) sera célébrée jeudi 2 février 2017.

L’iguane marin des Galápagos compte cinq nouvelles sous-espèces !

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Parue mercredi 10 mai 2017 dans la revue Zoological Journal of the Linnean Society (Oxford University Press), une étude propose une nouvelle classification de l’iguane marin des Galápagos, saurien endémique de l’archipel équatorien et unique représentant du genre Amblyrhynchus.

Des données morphologiques et génétiques collectées depuis quelques années sur ces reptiles herbivores se nourrissant presque exclusivement d'algues marines démontrent l’existence de plusieurs populations divergentes, jamais identifiées jusqu’alors.

Les chercheurs ont donc distingué cinq nouvelles sous-espèces, portant à onze le total de ces dernières.

IGUANE DES GALAPAGOS

Uniques au sein des squamates modernes, ces lézards amphibies paissent dans l'eau froide de l'océan Pacifique. Ces animaux ectothermes passent l’essentiel de leurs journées à se réchauffer au soleil afin de réguler leur température (Photo Lieutenant Elizabeth Crapo, NOAA Corps).

Parmi  les cinq taxons récemment décrits figure une sous-espèce de grande taille, présente uniquement au nord de l'île de San Cristóbal. Les scientifiques l’ont baptisée Amblyrhynchus cristatus godzilla, en référence au célèbre monstre cinématographique japonais créé en 1954 par le producteur Tomoyuki Tanaka (1910 – 1997).

Cette révision taxonomique « devrait à terme permettre la mise en œuvre de mesures de conservation spécifiques, prenant davantage en compte la diversité génétique de cette espèce si remarquablement adaptée au monde marin », précise le Muséum national d’histoire naturelle de Paris (MNHN).

Membre de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (unité Centre national de la recherche scientifique du MNHN), l’herpétologiste et phylogénéticien français Aurélien Miralles a participéà ces travaux menés par une équipe internationale.

Les « lutins des ténèbres » de Darwin

Capables de plongées à 15 mètres de profondeur pouvant se prolonger une demi-heure, ces iguanes atteignent à l’âge adulte jusqu'à 1,70 mètre pour les mâles et 1 mètre pour les femelles. Les individus les plus imposants pèsent une quinzaine de kilos.

La taille de ces reptiles varie selon l’île où ils vivent. Les plus grands sont recensés sur Fernandina et Isabela, les plus petits se trouvant sur Genovesa.

Par ailleurs, durant la saison de la reproduction, les mâles des îles du sud comme Española ou Floreana s’avèrent les plus colorés avec une robe rouge et bleu-vert. En revanche, les individus présents sur Santa Cruz prennent une teinte brique et noire, ceux de Fernandina se distinguant par leur apparence rouge brique et verdâtre.

IGUANE DES GALAPAGOS SUR L'ILE ESPANOLA

Un représentant de la sous-espèce A. c venustissimus vivant sur l’île Española, la plus méridionale des Galápagos (photo Gregory "Slobirdr" Smith).

Lors de son séjour aux Galápagos en 1835, le naturaliste anglais Charles Darwin (1809 – 1882) qualifia les iguanes de « lutins des ténèbres » (Imps of Darkness). « Les pierres de lave noire de la plage sont très fréquentées par de grands (2-3 pieds) et dégoûtants lézards maladroits. Ils sont aussi noirs que les roches poreuses sur lesquelles ils rampent [...]. Je les appelle les lutins des ténèbres ».

Depuis 1996, l’iguane des Galápagos (Amblyrhynchus cristatus) est classé« vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

La classification révisée est la suivante :

°  A. cristatus cristatus sur Fernandina et Isabela (A. c. albemarlensisétant considéré un synonyme plus récent).

° A. c. nanus sur Genovesa.

 °A. c. venustissimus sur Española.

°A. c. hassi sur Santa Cruz.

° A. c. mertensi sur San Cristóbal.

 °A. c. godzilla subsp. nov. sur San Cristóbal (Punta Pitt).

°A. c. sielmanni sur Pinta.

°  A. c. jeffreysi subsp. nov. sur Wolf and Darwin.

°A. c. hayampi subsp. nov. sur Marchena.

°A. c. trillmichi subsp. nov. sur Santa Fé.

°A. c. wikelskii subsp. nov. sur Santiago.

Révision taxonomique : vers trois sous-espèces de panthères des neiges ?

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La conclusion de travaux parus jeudi 4 mai 2017 dans la revue Journalof Heredity, publiée par les Presses universitaires d'Oxford, suggère de scinder la population de panthères des neiges ou onces (Panthera uncia) en trois sous-espèces.

Utilisant une technique non invasive fondée sur l’analyse d’excréments, cette étude génétique est présentée comme la première menée à aussi grande échelle sur ce félin asiatique vivant dans des zones montagneuses, parfois inaccessibles, situées entre 600 mètres et près de 6.000 mètres d’altitude, au-delà de la limite de la flore arborescente.

PANTHERE DES NEIGES DANS LE PARC NATIONAL INDIEN DE HEMIS

Once dans le parc national de Hemis situé au Ladakh occidental, dans l'État du Jammu-et-Cachemire, au nord de l’Inde (photo Snow Leopard Conservancy/Jammu & Kashmir Wildlife Protection Department).

Les scientifiques ont procédé au génotypage de 33 microsatellites et au séquençage de 683 paires de bases d’ADN mitochondrial chez 70 individus.

Les onces présentent une faible diversité des microsatellites et pratiquement aucune variation de l'ADN mitochondrial. Durant l’Holocène, il y a environ 8.000 ans, l’espèce a connu un goulet d’étranglement lors d’une période de hausse des températures et des précipitations, également caractérisée par une augmentation de l’altitude de la limite des arbres sur le plateau tibétain.

Les multiples analyses effectuées mettent en évidence trois groupes génétiques fondamentaux : un premier au Nord dans l’Altaï, un deuxième au centre dans le noyau constitué de l’Himalaya et du plateau tibétain et un troisième à l’Ouest, dans les monts Tian, le Pamir et les régions de la chaîne transhimalayenne.

Effets de barrière

S’appuyant sur les différences génétiques relevées, les faibles taux de mélange, l’existence avérée de plusieurs populations et leur espacement géographique, les auteurs de ces travaux distinguent donc trois sous-espèces, la septentrionale (P. u. irbis), la centrale (P. u. uncioides) et l’occidentale (P. u. uncia).

PANTHERE DES NEIGES EN AFGHANISTAN

Panthère des neiges photographiée en mai 2010 dans le district de Wakhan, à l’est de l’Afghanistan (photo USAID Afghanistan).

Selon les chercheurs, les variations observées correspondent aux effets de barrière inhérents au désert de Gobi – isolant la sous-espèce septentrionale présente en Mongolie – et à la chaîne transhimalayenne séparant la sous-espèce centrale (dont l’aire de répartition couvre le Qinghai, le Tibet, le Bhoutan et le Népal) de la sous-espèce occidentale présente en Inde, au Pakistan, au Tadjikistan et au Kirghizstan.

L’analyse de modèles bayésiens hiérarchiques révèle une subdivision minimale en six unités de gestion – la Mongolie occidentale, la Mongolie méridionale, les monts Tian, le Pamir, le Tibet et la province chinoise du Qinghai – avec une autocorrélation spatiale suggérant un potentiel de connectivité jusqu’à 400 kilomètres grâce à la dispersion d’individus.

« Les fantômes de l’Himalaya »

Pour leurs auteurs, ces travaux jettent les fondements d’une protection globale des sous-espèces de panthères (ou léopards) des neiges et ouvrent la voie à des études génétiques et génomiques plus approfondies.

Cette éventuelle révision taxonomique poserait la question du devenir des plans de conservation ex situ. Ceux-ci seraient-ils toujours pertinents si les trois sous-espèces venaient àêtre officiellement admises ? A contrario, le maintien d’une population captive potentiellement « hybride » ne se justifierait-il pas pleinement au regard des menaces planant sur l’espèce dans son ensemble ?

Pour l’heure, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ne reconnaît aucune sous-espèce chez la panthère des neiges, classée « en danger » d’extinction depuis 1986.

PANTHERE DES NEIGES AU BIOPARC DE DOUE LA FONTAINE

Panthère des neiges dans la nouvelle zone « les fantômes de l'Himalaya » du Bioparc de Doué-la-Fontaine, en Anjou (photo Bioparc).

En 1984, l’association américaine des zoos et aquariums (American Zoo and Aquarium Association / AZA) initiait un premier plan pour la survie des espèces (Species Survival Plan / SSP), actuellement géré par le Miller Park Zoo de Bloomington, dans l’Illinois (États-Unis).

Trois ans plus tard, l'association européenne des zoos et aquariums (EAZA) lançait son programme d’élevage en captivité (EEP), confié aujourd’hui à Nordens Ark, établissement zoologique situéà Hunnebostrand, en Suède.

Des initiatives similaires ont vu le jour dans les années 1990 au Japon, en Australie, en Russie puis en Inde.

Près d’une centaine d’établissements zoologiques européens hébergent aujourd’hui des panthères des neiges.

En avril dernier, le Bioparc de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) a ouvert  une nouvelle installation dédiée aux onces dans la zone « les fantômes de l'Himalaya », officiellement inaugurée jeudi 4 mai 2017.

Pollution aux PCB : contamination record chez une orque échouée en Écosse !

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Selon le communiqué publié mardi 9 mai 2017 par le Scottish Marine Animal Stranding Scheme, le cadavre de l’orque échouée début 2016 en Écosse présentait l’une des plus fortes concentrations de polychlorobiphényles (PCB) jamais observées chez un mammifère marin.

La nécropsie a révélé des niveaux extrêmement toxiques de biphényles polychlorés dans la graisse du cétacé.

Le corps de cet épaulard mesurant 6,20 mètres avait été découvert dimanche 3 janvier 2016 sur une plage de l’île de Tiree, dans l’archipel des Hébrides intérieures méridionales (Royaume-Uni).

Baptisée Lulu et âgée d’au moins une vingtaine d’années, cette femelle appartenait à l’unique groupe d’épaulards de la côte ouest de l'Écosse (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2016/01/16/33216332.html). Elle avait été identifiée grâce à sa nageoire dorsale et à sa tache oculaire. Sa mort a vraisemblablement été causée par un enchevêtrement chronique dans un filet de pêche. S’apparentant à celles provoquées par les cordes de chaluts sur les baleines, les lésions constatées suggéraient en effet la présence d’un cordage enroulé autour de la nageoire caudale.

FEMELLE ORQUE ECHOUEE EN JANVIER 2016 SUR UNE ILE DES HEBRIDES

L’orque Lulu a été découverte par l’ornithologiste John Bowler, agent de la Société royale de protection des oiseaux (Royal Society for the Protection of Birds) sur l’île de Tiree (photo avec son aimable autorisation John Bowler, RSPB Scotland).

 Ce cas était le premier recensé sur une « baleine tueuse » depuis le lancement, en 1990, du programme d’analyse des échouages sur les côtes du Royaume-Uni.

« Des précédentes études ont mis en évidence des taux de PCB très élevés chez certaines populations d’épaulards, mais les niveaux décelés chez Lulu sont parmi les plus importants que nous ayons jamais enregistrés », assure le Dr. Andrew Brownlow, chef du Scottish Marine Animal Stranding Scheme et vétérinaire pathologiste au Collège rural d'Écosse (Scotland's Rural College / SRUC).

« Nous savons que Lulu est morte empêtrée mais, au regard de nos connaissances sur les effets des PCB, nous devons envisager qu’une telle intoxication ait affecté sa santé et ses capacités reproductrices. »

Incapables de se reproduire

La contamination par les PCB affaiblit les systèmes immunitaires des cétacés et provoque des avortements et une mortalité anormale des veaux.

L’apparente infertilité de Lulu inquiète d’ailleurs les experts, pessimiste sur les chances de survie de la population résidente britannique. « En l’absence de nouvelles naissances, il est de plus en plus probable que ce groupe finisse par s’éteindre, estime le Dr. Brownlow. Le niveau de contamination élevé de ces épaulards par des polluants organiques persistants expliquerait notamment leur vraisemblable incapacitéà se reproduire. »

La mort de cette femelle compromet encore un peu plus l’avenir de la communauté résidente britannique. Sur les dix épaulards initialement répertoriés par l’Hebridean Whale and Dolphin Trust (HWDT), huit (quatre mâles et autant de femelles) seraient encore en vie même si certains individus ont pu échapper aux recherches. Aucune naissance n’a été observée au sein de cette population étudiée depuis 23 ans. Et les orques des Hébrides n’ont actuellement aucun contact avec leurs congénères originaires d’Islande, de Norvège, des îles Orcades ou de l’archipel subarctique des Shetland.

« L’élimination des PCB présents dans le milieu marin s’avère très difficile, voire impossible. Ces polluants persistent dans l’environnement et s’accumulent dans la chaîne alimentaire, » rappelle Andrew Brownlow. La graisse de Lulu recélait une concentration en PCB de 957 mg/kg de lipides. « Le seuil au-delà duquel les PCB ont des effets physiologiques chez les mammifères marins est estimé entre 20 et 40 mg/kg ! »

MALE EPAULARD EN NORVEGE

Épaulard mâle adulte dans un fjord norvégien (photo Pcb21).

Selon une étude publiée jeudi 14 janvier 2016 dans la revue Scientific Reports et menée sous l’égide de la Société zoologique de Londres (ZSL), les dauphins et les orques européens, notamment ceux vivant en Méditerranée occidentale et au large de la péninsule ibérique, seraient les cétacés les plus imprégnés de PCB au monde (www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4725908).

Présentées comme les plus importantes jamais conduites sur le taux d’imprégnation des mammifères marins par les PCB,  les recherches menées par le Dr. Paul Jepson, vétérinaire spécialiste de la faune sauvage, avaient porté sur quatre cétacés, le dauphin bleu et blanc ou dauphin bleu (Stenella coeruleoalba), le marsouin commun (Phocoena phocoena), le grand dauphin également appelé souffleur ou tursiops  (Tursiops truncatus) et l’orque (Orcinus orca). Elles ont porté sur 1.081 individus, dont 929 échoués.

Des concentrations de PCB totaux bien au-delà du seuil entravant la reproduction avaient été trouvées dans le lard de ces espèces, à l’exception du marsouin commun. Les épaulards étaient les plus affectés avec des taux moyens de 220 mg/kg de lipides. Par ailleurs, les côtes espagnoles étaient apparues comme particulièrement touchées par cette pollution. Les dauphins bleus et les grands dauphins présents dans les eaux ibériques affichaient des niveaux de PCB entre 62 et 525 mg/kg !

Situées au sommet de la chaîne alimentaire et dotées d’une longue espérance de vie, ces espèces sont exposées au phénomène de bioaccumulation.

Les  femelles n’allaitent plus

« La majorité des mers européennes, comme la Baltique, la Méditerranée ou la mer du Nord, longent des États très industrialisés avec de fortes densités de population expliquant en partie les taux élevés aux PCB détectés », avançaient les auteurs de l’article paru au début de l’année dernière.

« De rares populations côtières d’orques subsistent en Europe occidentale », précisait alors le Dr. Jepson, évoquant la disparition de celles de Méditerranée et de la mer du Nord. « Les survivantes comptent très peu d’individus et leur taux de reproduction est très faible, voire nulLe risque de les voir disparaître à cause de leur imprégnation par les PCB est réel. » Depuis plus de dix ans, aucune naissance n’a par exemple été observée au sein d’un groupe de 36 orques évoluant à proximité du détroit de Gibraltar.

Ces recherches ont également révélé des niveaux de contaminations équivalents chez les deux sexes. Or, lors de l’allaitement, les femelles transmettent aux veaux 90% des PCB contenus dans leur organisme ! Celles aux taux identiques à ceux des mâles n’ont donc pas mis bas au cours des années précédentes.

GRAND DAUPHIN DANS LES EAUX CROATES

Grand dauphin au large de la côte croate, en 2009 (photo MickMorton).

« Les PCB sont les marqueurs chimiques d’un échec de la reproduction », précise Paul Jepson.

Suivie depuis près de quatre décennies, la population de grands dauphins de l’estuaire du Sado, au sud-ouest du Portugal, compterait  actuellement 29 individus contre 40 en 1986. Les naissances enregistrées en août puis en octobre 2016 font figure d’exception. Par ailleurs, des observations de fœtus morts et d’avortements sont fréquemment rapportées lors d’autopsies de marsouins.

D’après un rapport réalisé par le Groupe d'étude des cétacés du Cotentin (GECC) et publié jeudi 31 août 2016 sur le site de l’association, la population de grands dauphins – estimée entre 300 et 400 individus – du golfe normand-breton dans l’ouest de la Manche est, en l’état actuel des connaissances, l’une des plus contaminées au monde par les PCB (https://gecc50.files.wordpress.com/2014/08/rapport-gecc-contamination-biopsies-aout-20162.pdf).

Cette étude livre « un état des lieux préoccupant de la contamination en mer de la Manche » par les PCB et le mercure « hérités d'anciennes pratiques agricoles et industrielles », constate Cyrielle  Zanuttini, ingénieure en écotoxicologie et auteure de ces recherches.

« Sans nouvelles mesures pour réduire cette pollution, des populations d’orques et de dauphins s’éteindront à cause des PCB au cours des prochaines décennies », a prévenu de son côté le Dr. Paul Jepson dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian.

Les mangeurs de harengs moins contaminés

Un autre constat accrédite la thèse impliquant les PCB dans l'affaiblissement de certains groupes de cétacés.

En effet, la meilleure santé de la population de plusieurs milliers d’épaulards vivant au large des côtes de l’Islande et de la Norvège septentrionale confirme que les PCB sont à l’origine du déclin de leurs congénères évoluant dans des eaux plus méridionales. Alors que ces derniers dévorent de gros poissons et des mammifères marins, en particulier les phoques, les orques de l’Arctique se nourrissent quasi exclusivement de harengs consommateurs de plancton. Grâce à ce régime alimentaire leur épargnant les effets de la bioaccumulation, ces orques du Nord présentant un taux de PCB dix fois moindre que celui relevé chez les orques australes.

Outre un contrôle plus strict des rejets et des décharges, les spécialistes prônent la mise en œuvre de  techniques de dragage évitant de libérer les PCB contenus dans les fonds des zones portuaires.

Apparus au début du XXe siècle, les polychlorobiphényles ont été utilisés par l’industrie depuis les années 1930 pour leurs propriétés isolantes et pour leur stabilité chimique et physique. Sur les quelque 1.200 millions de tonnes de PCB produites dans le monde, 400 millions ont étéémises dans la nature. Chimiquement stables et peu biodégradables, ces composés aromatiques organochlorés sont classés parmi les polluants organiques persistants. Ils s'accumulent progressivement dans l'environnement, notamment dans les sédiments marins. Lipophiles, ces molécules s'accumulent au fil de la chaîne alimentaire, se concentrant particulièrement dans les tissus graisseux.

Les PCB ont été interdits en 1972 au Japon, en 1979 aux États-Unis, deux ans plus tard au Royaume-Uni  et seulement en 1987 dans l’Hexagone.

DAUPHINS BLEUS ET BLANCS EN MER TYRRHENIENNE

Dauphins bleus et blancs dans la mer Tyrrhénienne, entre les îles italiennes de Panarea et Stromboli (Ghost-in-the-Shell).

Depuis 2008, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) considère les données insuffisantes pour évaluer, directement ou indirectement, les risques d’extinction auxquels sont confrontées les orques.

Si le grand dauphin est globalement considéré comme une préoccupation mineure par l’UICN, sa population méditerranéenne est classée « vulnérable » depuis 2012.

Le dauphin bleu et blanc et le marsouin commun figurent également parmi les « préoccupations mineures » de l’UICN. Toutefois, depuis 2008, la sous-espèce du marsouin de la mer Noire (P. p. relicta) est estimée « en danger » d’extinction, tandis que la sous-population de marsouins de la Baltique figure comme « en danger critique » sur la Liste rouge des espèces menacées, en particulier à cause de son infertilité probablement liée à une importante contamination par les PCB.

Sources : Scottish Marine Animal Stranding Scheme, Hebridean Whale and Dolphin Trust, The Guardian, AFP, Journal de l'Environnement, SciencePost, phys.org, GEEC, UICN.


Un documentaire dénonce le trafic des bélugas captifs !

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La chaîne télévision franco-allemande Arte diffusera, mardi 18  juillet 2017 en prime time, un documentaire inédit consacré aux coulisses du commerce des bélugas captifs.

Émues de la lettre ouverte adressée par l’actrice Kim Basinger au président Vladimir Poutine dénonçant le projet d’importation aux États-Unis de 18 « baleines blanches » capturées en mer d'Okhotsk, trois journalistes et apnéistes russes ont voulu lever le voile sur ce négoce très rentable notamment alimenté, semble-t-il, par le laboratoire d’un biologiste marin en quête de subventions publiques (lire http://biofaune.canalblog.com/archives/2014/08/20/30447821.html et http://biofaune.canalblog.com/archives/2015/12/08/33037115.html).

«  Il n’y a pas de mal à ce que nos animaux dressés travaillent pour gagner leur poisson et permettent d’amasser des fonds pour la recherche », estime en substance son responsable...

BELUGAS

(Photo DR)

Au fil de leurs investigations, les trois enquêtrices « dévoilent les coulisses sordides d’un marché lucratif, à mille lieues de ce qui est montré au public lors des spectacles aquatiques », précise le dossier de presse du film. « Des images inédites exposent les impitoyables méthodes employées pour s’emparer de ces mammifères et les conséquences des mauvais traitements qui leur sont infligés tout au long de leur détention. » Les inspecteurs chargés de surveiller la capture des bélugas fermeraient ainsi les yeux en échange d’argent et/ou de caviar.

Si la présence des cétacés dans les établissements zoologiques occidentaux semble aujourd’hui condamnée à plus ou moins brève échéance, le développement des parcs aquatiques en Chine stimule la demande. La Russie serait aujourd’hui le premier fournisseur des delphinariums de l’empire du Milieu.

Classé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) jusqu’en 2008, le béluga (Delphinapterus leucas) est désormais considéré comme « quasi menacé ».

°« La souffrance pour seul avenir : les bélugas et leur marchandisation » de Gayane Petrosyan (GB, 2017), 96 mn, Arte, mardi 18 juillet 2017 à 20 h 50. Rediffusion jeudi 27 juillet 2017 à 9 h 40.

Bête du Gévaudan : une nouvelle piste préhistorique !

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Comme beaucoup d’autres avant lui, Pierric Guittaut prétend lever le voile sur le mystère entourant depuis plus de 250 ans l’identité de « la Bête » ayant terrorisé durant près de trois années l’ancienne province du Gévaudan, au sud du Massif central.

Responsable qualité dans l'industrie aéronautique, cet auteur de romans policiers « ruraux » s’est plongé dans les archives relatives à cette affaire puis a passé au crible les principales hypothèses avant d’échafauder sa propre théorie, inédite.

LA DEVOREUSE

Paru en mai dernier, La Dévoreuse se distingue par la rigueur de l’approche et du travail de recherche, malgré l’absence de notes en bas de page, de bibliographie et de cartographie. Et si l’écrivain sacrifie parfois au style romanesque en relatant les attaques ou la traque de la Bête, ce choix n’altère pas l’intérêt de son enquête.

Pour Pierric Guittaut, les formules dentaires des animaux abattus le 20 septembre 1765 par François Antoine dans un bois proche de l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre-des-Chazes et le 19 juin 1767 par Jean Chastel à la Sogne d'Auvers sur le versant nord du mont Mouchet apportent la preuve que le ou les Bêtes appartenaient à la famille des canidés. Néanmoins, l’auteur ne croit ni à la culpabilité du loup ni à celle d’un hybride chien x loup, éventuellement dresséà tuer.

Les interrogations critiques à l’endroit de ces deux conjectures constituent peut-être les chapitres les plus intéressants de cet ouvrage. Celles adressées aux accusateurs du loup portent notamment sur les nombreux témoignages directs et crédibles assurant ne pas reconnaître un loup dans la Bête.  « Les paysans d’antan étaient habitués à la présence du loup […] qu’ils avaient l’habitude de voir de très près », souligne M. Guittaut, stigmatisant chez certains historiens « un présupposé sur l’ignorance des populations d’autrefois ».

À plein feu sur la cuirasse

Chasseur et tireur à la poudre noire, l’auteur a également en ligne de mire la supposée cuirasse portée par la Bête, censée la protéger des armes à feu d’après les partisans d’un hybride apprivoisé. À en croire les tests réalisés par Pierric Guittaut, cette assertion vole en éclats à l’épreuve des balles. Quant aux accusations sans la moindre preuve portées à l’encontre du comte de Morangiès et de Jean-Antoine Chastel, elles ne résistent pas à l’examen des sources, comme l’avait déjà démontré Guy Crouzet (1). Tant pis pour les tenants du complot sadique, lequel relève de la fiction…

En revanche, la démonstration visant à infirmer la possible implication d’un hybride « naturel » apparaît moins convaincante. Les ressemblances physiques et comportementales entre les « Bêtes » ayant sévi au XVIIIème siècle dans le Val de Loire (1742-1754), dans le Lyonnais (1754-1756) puis dans le Gévaudan n’impliquent pas forcément une hybridation avec un(e) chien(ne) d’une même race. Il faudra en effet attendre la seconde partie du XIXème siècle pour assister à la standardisation des races canines. Et si la littérature vétérinaire du siècle des Lumières distingue effectivement diverses races, celles-ci doivent « plutôt être considérées comme des types morphologiques car les descriptions étaient sommaires et les types n’étaient pas fixés, rappelle le Dr Hélène Nunes dans sa thèse soutenue en 2005 (2). Les descriptions du chien de berger étaient peu détaillées et assez semblables… [Ils] étaient des mâtins plus petits, au poil plus long et aux oreilles droites. » Le standard de ces derniers, tout comme celui des dogues, « n’était pas bien défini » même si, selon Daubenton (1716-1799), « le train arrière [des mâtins] était plus haut que l’avant » - une caractéristique souvent attribuée à la Bête.

CANIS DIRUS

Squelette de Canis dirus exposé au musée George C. Page de Hancock Park, dans l’enceinte du muséum d’histoire naturelle de Los Angeles, aux États-Unis (photo lora_313).

Fossiles nord-américains

Pierre Guittaut s’engage sur une piste plus hasardeuse en désignant comme coupable les descendants d’un canidé disparu voici près de 10.000 ans et dont les fossiles ont uniquement été retrouvés en Amérique du Nord. S’appuyant en particulier sur une acception qu’il juge oubliée du terme de loup-cervier, l’auteur estime que la ou les Bêtes seraient des canidés porteurs de gènes du « chien redoutable » (Canis dirus). De purs spécimens de cette espèce éteinte ou des individus hybridés avec le loup gris (Canis lupus) auraient traversé le détroit de Béring et se seraient répandus en Eurasie. M. Guittaut suggère ainsi que les canidés attaquant l’homme étaient en fait « des loups communs porteurs de séquences génétiques spécifiques responsables de ce phénotype [celui de Canis dirus] héritées par hybridation ».

Mais alors pourquoi de tels canidés, aux apparitions sporadiques mais pas rarissimes, n’ont-ils pas été clairement identifiés par leurs contemporains comme une « espèce »à part ? Pourquoi ces spécimens aussi « remarquables » n’ont-ils pas été classés au sein d’un taxon propre par les savants de ces temps ? Pourquoi des chasseurs aguerris n’ont-ils pas d’emblée décrit les animaux aperçus, tirés ou abattus comme des loups-cerviers ?

Pierric Guittaut assure avoir trouvé la clef de l’énigme au musée de la nature du Valais de Sion, en Suisse. Cet établissement abrite un canidé naturalisé surnommé le « monstre du Valais ». Abattue par un éleveur du village d’Eischoll le 27 novembre 1947, cette « bête féroce » avait attaqué de nombreux troupeaux dans ce canton méridional à partir du 26 avril 1946. Pour l’auteur, cet animal – dont le squelette est détenu par le muséum d'histoire naturelle de Genève mais dont le crâne est visible à Sion – serait en effet un loup-cervier dont il présenterait les principales caractéristiques morphologiques.

MONSTRE DU VALAIS

Surnommé le « monstre du Valais », le loup d’Eischoll est visible au musée de la nature du Valais, à Sion (photo Nicolas Kramar).

Pourtant, l'examen réalisé par le taxidermiste chargé de  la naturalisation du « monstre » a établi que ce canidéétait bien un loup mâle pesant 43 kilos, levant ainsi les doutes des personnes présentes lorsque le cadavre fut déposé au poste de police de Sion. Celles-ci, dont un naturaliste reconnu, n’avaient su affirmer s’il s’agissait d’un loup, d’un chien ou d’un chien-loup. Aux yeux du biologiste et éthologue helvétique Jean-Marc Landry, le « monstre du Valais » présente bien un phénotype de loup européen (3) même si seule une analyse génétique permettrait de trancher définitivement la controverse. Dans l’Italie voisine, l’hybridation du loup avec le chien domestique est aujourd’hui avérée, un phénomène d’ailleurs observé depuis des siècles dans l’aire de répartition du loup. La preuve ultime avancée par M. Guittaut ne semble donc pas de nature à emporter l’intime conviction du lecteur.

Par les questions légitimes qu’il soulève et le sérieux de sa démarche, ce livre mérite de figurer dans la bibliothèque de tout passionné de la Bête.

GUITTAUT Pierric, La Dévoreuse, De Borée, mai 2017, 336 p., 21,50 €.

(1) CROUZER Guy, Quand sonnait le glas au pays de la Bête, Annales du Centre régional de documentation pédagogique de Clermont-Ferrand,  1987, 97 p.

(2) NUNES Hélène, Les races de chiens dans la littérature vétérinaire française du XVIIIe siècle, École nationale vétérinaire d'Alfort, 2005, 102 p.

(3) LANDRY Jean-Marc, « Historique du loup en France », Le Courrier de la Nature, no 278 - Spécial Loup,‎ 2013, p. 18.

Les excréments des éléphants révèlent leur niveau de stress !

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Selon les conclusions d’un article publié mardi 27 juin 2017 dans la revue Conservation Physiology, l’analyse des hormones présentes dans les excréments des pachydermes indique le degré de stress des éléphants d’Asie sauvages.

Plus largement, cette méthode non invasive pourrait contribuer à juger de la pertinence des méthodes de conservation destinées à la sauvegarde des espèces menacées.

Générant la sécrétion de glucocorticoïdes, le stress s’avère bénéfique pour les animaux en leur permettant d’échapper à certaines menaces. En revanche, s’il se prolonge, cet état est susceptible d’affecter la reproduction et la santé des individus concernés, voire de compromettre leur survie.

Les scientifiques de l’Institut indien des sciences (Indian Institute of Science) de Bengalore ont relevé les modifications de l’apparence corporelle, au cours des saisons sèche et humide, de 261 pachydermes vivant au sein des réserves d’éléphants de Mysore et des Nilgiris, au sud du pays.

ELEPHANTS INDIENS DANS LE PARC NATIONAL DE MUDUMALAI

Éléphants sauvages dans le parc national de Mudumalai  (photo Mahendra Pal Singh).

À cette fin, ils ont conçu une échelle graduée de 1 (pour les spécimens les plus maigres) à 5 d’après la visibilité des os des proboscidiens.En parallèle, ils ont recensé les taux de métabolites de glucocorticoïdes fécaux (fGCM) dans les excréments frais des spécimens observés afin de déterminer si les hormones du stress constituaient un indicateur fiable de la condition physique des animaux au fil des saisons. En outre, pour définir des tendances annuelles, neuf éléphantes ont été suivies durant sept ans dans le parc national de Mudumalai, situé dans l'État méridional du Tamil Nadu.

Évaluer les mesures de sauvegarde

Les résultats obtenus révèlent une forte corrélation entre la détérioration de la condition physique des éléphants pendant la période sèche et le pic du niveau d’hormones du stress, en particulier chez les femelles.

« De nombreux travaux s’intéressent au comportement des animaux face au dérangement, estime Sanjeeta Sharma Pokharel, principale auteure de ces recherches. En revanche, ils n’abordent guère les conséquences de ces perturbations sur la santé des animaux. Mesurer les taux de métabolites de glucocorticoïdes fécaux nous renseignera sur la façon dont les éléphants sont affectés à la fois par des facteurs intrinsèques et extrinsèques. Nous sommes les premiers àétudier cela chez des éléphants d’Asie sauvages.»

Les variations soudaines des niveaux de fGCM devraient notamment refléter l’efficacité des programmes de gestion de l’environnement. Victimes de la disparition de leur habitat, les éléphants du sous-continent sont confrontés à une insuffisance de ressources alimentaires et à des bouleversements accrus de leur environnement.

ELEPHANTS D'ASIE AU PARC ANIMALIER BELGE DE PLANCKENDAEL

Éléphants d’Asie en captivité en mai 2017 au parc animalier de Planckendael, près de Malines, en Belgique (Photo Ph. Aquilon).

De telles analyses pourraient aussi utilement contribuer à améliorer la condition des éléphants captifs en jugeant du bien-fondé des aménagements et enrichissements proposés.

Depuis 1986, l’éléphant d’Asie est classé« en danger » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette espèce bénéficie d’un programme d'élevage européen en captivité (EEP) initié en 1993 et géré par le zoo néerlandais de Rotterdam (Diergaarde Blijdorp).

Sources : Conservation physiology,The Hindu.

Les gardiens de l’Alpe : trois oiseaux, un livre et une montagne !

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Fragiles emblèmes des Alpes, le tétras-lyre, le lagopède alpin et la perdrix bartavelle invitent à poser sur la montagne un autre regard que celui dicté par notre mode de vie et à appréhender cet univers avec un infini respect pour ses hôtes.

Publié aux éditions de La Salamandre, Les gardiens de l’Alpe dévoile au fil des clichés et des saisons les comportements naturels de ces veilleurs ailés des écosystèmes d’altitude où se succèdent forêts et anciennes futaies résineuses, landes, pelouses et combes rocailleuses.

Après avoir accompagné des expéditions scientifiques destinées à mieux connaître et protéger le gavial du Gange, l’addax ou la tortue sillonnée, le photographe vaudois Olivier Born consacre aujourd’hui son temps libre à immortaliser les trésors naturels de la Suisse.

LES GARDIENS DE L'ALPE COUVERTURE

Il a ainsi immortalisé les spectaculaires combats des mâles tétras-lyres s’affrontant au paroxysme de l’excitation, caroncules gorgées de sang et queue étalée, dans la poudreuse printanière. Naturellement absente des Pyrénées, des Vosges et de l’arc jurassien, cette espèce a déjà localement disparu de plusieurs zones du massif alpin.

Olivier Born est également parvenu à surprendre la discrète et monogame bartavelle dont les Alpes forment la frontière septentrionale de l’aire de répartition. Immortaliser cet oiseau robuste capable de courir sur les versants rocailleux et presque invisible dans les éboulis requiert de la patience, un œil de lynx et une ouïe avertie de son chant haut perché.

Dans sa quête du lagopède, dont la livrée hivernale immaculée se mue en plumage marbré l’été venu, le photographe a aussi surpris dans son téléobjectif le prudent lièvre variable (Lepus timidus), saisissant la convergence d’adaptations réunissant l’oiseau et le mammifère, rescapés de la dernière époque glaciaire.

Consacrées chacune à un oiseau, les trois parties – « Et dansent les coqs », « Une perdrix sur l’adret » et « L’oiseau de tout en haut »– bénéficient d’un texte d’introduction signé Bertrand Posse, biologiste et rédacteur pour la revue helvétique Nos Oiseaux.

Message d'alerte

Le lecteur découvrira ainsi que la bartavelle, à l’espérance de vie réduite à environ cinq ans, est menacée par les débuts d’été froids et humides engendrant une hécatombe chez les poussins, ou que la mise en place de couloirs d’avalanche à moyenne altitude la prive d’herbes dont elle se nourrit. Et que préserver les alpages de l’embuissonnement s’avère un enjeu majeur pour l’avenir des tétras-lyres ou coqs des bouleaux dans le domaine subalpin.

De son côté, le lagopède, occupant le haut de l'étage alpin et l'étage nival, est désormais confronté au réchauffement climatique. La « perdrix des neiges » abandonne progressivement les stations les plus basses pour coloniser des sites plus élevés (*).

Enfin, le chapitre initial rend hommage au grand tétras, « relique des cathédrales boisées » aux mythiques parades printanières. «La perte d’une sentinelle comme le grand coq de bruyère nous adresse un message vibrant : celui d’un déséquilibre en marche… » Mesurant jusqu’à 90 cm pour une masse pouvant atteindre 5 kg, ce splendide phasianidé a en effet déserté les Alpes françaises et suisses romandes.

Les magnifiques photos et la pertinence des textes de cet ouvrage grand format constituent un éloquent plaidoyer pour la sauvegarde des gallinacés alpestres et des milieux les abritant. Ce (très) beau livre devrait d’ailleurs être consultable dans tous les offices de tourisme des stations alpestres…

BORN Olivier, POSSE Bertrand, Les gardiens de l’Alpe. Tétras-lyre, bartavelle et lagopède, La Salamandre, septembre 2016, 160 pages, 34 €.

(*) Le tétras-lyre (Lyrurus tetrix), la perdrix bartavelle (Alectoris graeca) et le lagopède alpin (Lagopus muta) figurent comme « quasi menacés » sur la liste rouge nationale des espèces menacées établie par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Muséum national d’histoire naturel (MNHN).

Le grand tétras (Tetrao urogallus) est classé« vulnérable » dans les Pyrénées et «  en danger » d’extinction dans les Vosges, le Jura et les Cévennes.
Les statuts des oiseaux nicheurs de France métropolitaine ont été actualisés en septembre 2016.

 Pour découvrir le travail d’Olivier Born : www.olivierborn.ch/

548 pandas géants élevés en captivité dans le monde : un record !

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Le nombre de pandas géants élevés en captivité dans le monde a atteint un record avec 548 individus, a annoncé jeudi 8 novembre 2018 l'administration d'État des forêts et des prairies de Chine (SFGA). L’année précédente, à la même époque, 520 de ces emblématiques ursidés étaient maintenus ex situ.

48 mise-bas hors du milieu naturel ont été enregistrées en 2018 avec un taux de survie de 93,8 %. 43 des 45 petits viables sont venus au monde en Chine, deux femelles ayant vu le jour respectivement le dimanche 14 janvier au Zoo Negara situé dans la banlieue de Kuala Lumpur (Malaisie) et le 14 août au parc Adventure World de Shirahama (Japon).

Près de la moitié des grossesses étant gémellaires chez cet ursidé, le protocole de rotation établi en 1990 à la base de recherche de Chengdu sur l'élevage du panda géant (Chengdu Research Base of Giant Panda Breeding) a permis une envolée du taux de survie de 30 à 70 %. Afin que chaque bébé puisse bénéficier du lait et des soins maternel, les soigneurs s’occupent  en alternance des petits, notamment  maintenus à tour de rôle dans un incubateur. Chez les pandas sauvages, l’un des oursons est généralement abandonné.

Par ailleurs, la mise au point en 2006 de la collecte du colostrum chez des femelles donneuses a permis de réduire la mortalité des nouveau-nés, tombée depuis à moins de 10 %.

L’ingestion de ce premier lait, riche en anticorps et secrété chez les mammifères en fin de gestation, permet le transfert d’immunoglobulines A (IgA) et de cellules phagocytaires actives.  La prise du colostrum développe la flore microbienne du bébé et le protège des infections. Sans elle, la survie du petit s’avère extrêmement compromise.

Second petit conçu par la femelle Feng Yi et le mâle Fu Wa, tous deux prêtés par la Chine au Zoo Negara en 2014 et rebaptisés Liang Liang et  Xing Xing à leur arrivée en Malaisie, la femelle née le 14 janvier 2018 a été présentée au public samedi 26 mai dernier.

Les réintroductions se poursuivent

« Les scientifiques veillent à accroître la diversité génétique de la population captive grâce au choix des couples reproducteurs », a rappelé jeudi dernier Li Chunliang, vice-directeur de la SFGA. «La Chine confie actuellement 58 pandas à 22 établissements étrangers offrant la possibilitéà 17 pays de participer aux recherches sur cette espèce. »

En fait, 23 parcs zoologiques (*) hébergent des pandas en dehors de l’empire du Milieu mais, alors que tous les autres spécimens sont loués, les deux femelles Shuan Shuan et Xin Xin, nées en 1987 et 1990 au zoo de Chapultepec – première institution à réussir, en 1981, la reproduction de l’espèce hors de Chine en 1981, appartiennent au Mexique.

« Par ailleurs, nous allons continuer à réintroduire des pandas nés en captivité», a affirmé Li Chunliang. « Les pandas ne sont pas des animaux de compagnie », a renchérit Zhang Hemin, le directeur adjoint de la base de recherche de Chengdu. « Leur vraie place est dans la nature où ils peuvent faire face aux menaces. Ils s’adapteront et vivront mieux là. Notre objectif ne consiste pas à les maintenir captifs pour toujours. »

CENTRE DE RECHERCHE SUR LE PANDA GEANT DE CHENGDU

Située à une quinzaine de kilomètres au nord du centre-ville de la capitale de la province du Sichuan, la base de recherche de Chengdu sur l'élevage du panda géant a été fondée en 1987. Elle hébergeait alors six individus issus du milieu naturel (photo Kreisverkehrsampel).

Tous nés à Chengdu, neuf pandas ont été relâchés depuis 2006. Sept ont survécu. Les derniers spécimens réintroduits à ce jour, la femelle Ying Xue et le mâle Ba Xi, ont recouvré la liberté jeudi 23 novembre 2017 au cœur de la réserve naturelle de Liziping, située dans province chinoise du Sichuan, au centre-ouest du pays.

La découverte du corps du mâle Hesheng, relâché en juillet de l’année précédente dans cette même aire protégée et retrouvé mort le 27 septembre suivant, victime d’une septicémie après avoir été attaqué par un animal non identifié, avait suscité une polémique sur les réseaux sociaux, certains internautes redoutant que les pandas nés en captivité ne parviennent pas à survivre dans la nature.

Le programme de réintroduction s’est néanmoins poursuivi et un dixième individu devrait être relâché d’ici la fin 2018, a annoncé la semaine passée Li Chunliang.

Un futur parc national pour le panda géant

La prochaine étape du plan consistera à obtenir la reproduction des pandas réintroduits.

Le 1er mars 2017, une femelle baptisée Cao Cao, née en 2002 dans la nature et capturée le 1er novembre 2003, avait été temporairement relâchée dans la réserve naturelle de Wolong dans le cadre d’un plan destinéà renforcer la diversité génétique de la population captive. Après s'être accouplée avec un spécimen sauvage, elle avait donné naissance le 31 juillet suivant à un mâle, lequel n’avait cependant pas survécu.

Cette année, l’expérience a été reconduite avec quatre femelles dont toujours Cao Cao. Cette dernière, remise en liberté le 27 février dans le même secteur que l’année précédente, s’est de nouveau unie à un congénère sauvage. Rattrapée puis transférée à la base d'Hetaoping, structure du centre chinois de recherche et de conservation du panda géant (China Conservation and Research Centre for the Giant Panda) dédiée à la réintroduction, Cao Cao a mis bas des jumeaux mercredi 25 juillet dernier. Elle avait déjà marqué l’histoire de cette stratégie de la biologie de la conservationcomme mère du mâle Tao Tao et de la femelle Hu Jiao. Le premier avait été relâché dans la nature le 11 octobre 2012, la seconde le 19 novembre 2015.

JIAO QING ZOO DE BERLIN

Né le 15 juillet 2010 à la base de recherche de Chengdu, le mâle Jiao Qing (ici photographié le 30 octobre 2018) a rejoint l’Allemagne le 24 juin 2017 en compagnie de la femelle Meng Meng. Ce couple a été confié au jardin zoologique de Berlin (Zoologischer Garten Berlin) pour une durée de 15 ans (cliché Ph. Aquilon).

Enfin, le projet de création du parc national pour le panda géant est désormais lancé, a confirmé jeudi dernier la  SFGA. Son financement avait été validé début mars 2018 après un accord entre Bank of China, l'une des quatre grandes banques commerciales d’État de la république populaire, et le service des forêts du Sichuan.

Incluant 67 réserves naturelles protégeant  60% de l’habitat du panda et plus de 70% des spécimens sauvages (1.864 individus selon le 4ème recensement national dévoilé en février 2015), ce parc couvrira 27.134 km2, soit presque la superficie de l’Albanie, à cheval sur les provinces du Sichuan, du Gansu et du Shaanxi. Les activités humaines devraient y être strictement limitées.

Considéré comme « en danger » d’extinction depuis 1990, le panda géant (Ailuropoda melanoleuca) a été reclassé en 2016 « vulnérable », c’est-à-dire confrontéà un risque élevé d’extinction à l’état sauvage, par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

(*) Amérique du Nord : zoo de Calgary (Canada), zoo d’Atlanta, zoo de Memphis, zoo de San Diego, zoo de Washington (États-Unis), zoo de Chapultepec à Mexico (Mexique).

Europe : zoo de Berlin (Allemagne), jardin zoologique de Schönbrunn à Vienne (Autriche), Pairi Daiza (Belgique), zoo d’Édimbourg (Écosse), zoo de Madrid (Espagne), zoo d’Ähtäri (Finlande), ZooParc de Beauval (France), Ouwehands Dierenpark de Rhenen (Pays-Bas).

Asie : Everland à Yongin (Corée du Sud), Taman Safari Indonesia à Bogor (Indonésie), Adventure World  de Shirahama à Wakayama, zoo de Kobe, Ueno Zoo à Tokyo (Japon), Zoo Negara à Kuala Lumpur (Malaisie), River Safari (Singapour), zoo de Chiangmai (Thaïlande).

Océanie : zoo d’Adélaïde(Australie).

Sources : Global Times, Le Quotidien du Peuple, www.pandas.fr.

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